Discours du Secrétaire général du Hezbollah, Cheikh Naim Qassem, le 5 août 2025.
Prononcé en hommage au général de division Mohammad Saeed Izadi (« Hajj Ramadan »), responsable du dossier palestinien au sein de la Force Quds des Gardiens de la Révolution Islamique, le 40e jour après qu'il soit tombé en martyr à Qom (Iran) durant la guerre des Douze Jours déclenchée par Israël. Cette partie du discours, prononcé au moment même où le Conseil des ministres libanais examinait la question du désarmement du Hezbollah, est entièrement consacrée à la situation politique intérieure du Liban.
Source: naimkassem.com.lb
Traduction : lecridespeuples.substack.com
[...] J'en viens à présent à la situation politique intérieure. Sur ce sujet, j'aborderai cinq points essentiels.
Premièrement : Quelle est la feuille de route pour reconstruire le Liban et instaurer la stabilité ? Nous pensons que trois principes fondamentaux sont indispensables à la construction du Liban :
1/ Partager et coopérer dans le cadre de l'unité nationale, afin que nous soyons d'un seul cœur dans l'effort de relance du pays. Cela signifie : partenariat et coopération.
2/ Définir des priorités qui influent sur l'ensemble de la structure de la réalité libanaise, plutôt que de nous laisser distraire par des questions superficielles ou des diktats extérieurs.
3/ Rejeter toute forme de tutelle - qu'elle soit américaine ou autre - car se soumettre à une tutelle annule nos capacités, invalide nos acquis et nous détourne de la voie que nous nous sommes fixée.
Ainsi, nous pensons que la reconstruction du Liban passe par l'ancrage ferme de ces trois principes :
- Le partenariat et la coopération,
- La définition de priorités nationales,
- Le rejet de toute tutelle étrangère, qu'elle soit internationale ou arabe.
Quant à l'accord (de cessez-le-feu) conclu le 27 novembre 2024, il s'agit d'un accord indirect visant à mettre fin à l'agression israélienne et à ses conséquences. Cet accord a été conclu indirectement entre l'État libanais et l'ennemi israélien. Il a mis en lumière une coopération étroite et exceptionnelle entre la Résistance (Hezbollah) et l'État. La Résistance a facilité toutes les procédures exigées de l'État en vertu de cet accord, sans provoquer ni friction, ni retard, ni différend, ni incident.
Au contraire, durant (les) huit mois (qui se sont écoulés depuis), le Hezbollah et la Résistance dans son ensemble ont pleinement respecté les décisions et procédures de l'État libanais - y compris celles du gouvernement, de l'armée libanaise, de la présidence et de toutes les institutions concernées. Il n'y a eu aucune violation dans l'affrontement avec l'ennemi israélien, ni aucun manquement vis-à-vis de l'armée libanaise ou de la coopération avec l'État.
C'est un modèle de coopération entre la Résistance et l'État, lorsque règnent le consensus, la conviction commune et l'unité d'objectif.
À l'inverse, Israël a renié l'accord, ne l'a pas respecté et a commis des milliers de violations. Et pour être clair avec vous : ce qui s'est passé en Syrie a influencé de manière significative la conduite d'Israël. Israël a regretté la formulation de l'accord, estimant qu'elle donnait au Liban et au Hezbollah la capacité et le potentiel de maintenir leur puissance au Liban. Il a donc décidé : « Non, poursuivons ici comme nous le faisons en Syrie. Appliquons la même méthode au Liban. » C'est pourquoi, aujourd'hui, ils cherchent à modifier un accord qu'ils n'ont, de toute façon, jamais respecté.
L'intérêt du Liban est de retrouver sa souveraineté, son indépendance et sa liberté. L'intérêt d'Israël est d'affaiblir le Liban pour mieux en contrôler la trajectoire. Aujourd'hui, en tant que responsables, Résistance, Peuple, Armée et toutes les parties concernées, notre objectif est de servir l'intérêt du Liban - et non celui d'Israël.
Quant aux Américains : ils ne sont pas venus proposer un nouvel accord. Quiconque lit la proposition apportée par (l'émissaire spécial américain au Liban, Thomas) Barrack verra qu'il ne s'agit pas d'un accord, mais d'un ensemble de diktats. Elle vise à priver le Hezbollah et le Liban de tout pouvoir et de toute capacité, à désarmer la Résistance et à ôter au peuple sa force. En d'autres termes, elle vise à laisser le Liban totalement exposé face à l'entité israélienne.
La proposition de Barrack sert entièrement les intérêts d'Israël. Je vais citer quelques extraits du troisième mémorandum, qui est pire que le premier et le deuxième.
Le mémorandum adressé par Barrack au gouvernement libanais stipule :
« La phase deux s'étend du 15e au 60e jour. »
C'est-à-dire que durant les quinze premiers jours, sous prétexte de mettre fin à l'agression - ou sous d'autres intitulés similaires - on procède à une opération de diversion.
« Du 15e au 60e jour, le désarmement doit être effectué. »
Ils donnent des exemples pour illustrer la situation :
« Cela concerne les mortiers, les lance-roquettes, les grenades à main et les explosifs, les roquettes et obus incendiaires, les armes air-sol et sol-sol, les armes causant des destructions massives, les armes biologiques et chimiques, ainsi que les drones, lesquels doivent tous être démantelés sur l'ensemble du territoire dans un délai de 30 jours. »
Autrement dit, entre le 15e et le 30e jour (nous en sommes déjà au 45e jour), toutes les capacités doivent être démantelées et remises à l'État libanais. Il ne s'agit pas d'armes lourdes. Il ne s'agit même pas d'armes moyennes. Ils réclament les grenades à main. Ils veulent confisquer les lanceurs, comme les mortiers, qui sont considérés comme des armes légères et conventionnelles, aussi répandues que le pain chez les clans (libanais) et les différentes factions. Nous portons des pistolets, mais eux ont des RPG, des mortiers, des grenades, etc.
Il déclare : tout cela doit être démantelé dans les 30 jours. Mieux encore - mettez-le entre guillemets - car quelqu'un pourrait dire : « Mon frère, il est difficile de tout démanteler en seulement 30 jours. » Non, Dieu merci, ils sont raisonnables et compréhensifs. Il répond :
« Ce qui est requis, c'est de démanteler 50 % de l'infrastructure (militaire) avant le 30e jour. »
Nous en avons discuté avec l'un des chefs militaires, et je lui ai demandé : « Qui sait même ce que signifie 50 % ? Ils ne savent même pas ce que représente 100 %. » C'est un piège. Demain, ils viendront dire : « Non, ce que vous avez démantelé ne représente pas 50 %. » Même si vous démantelez jusqu'à 99 %, ils diront : « Vous n'avez pas atteint les 50 %. » Nous connaissons les Israéliens. Nous savons comment ils procèdent.
Si tout cela est accompli, où en serons-nous ? Au 45e jour. Que se passe-t-il alors ? Barrack dit :
« Israël commencera à se retirer des cinq points (occupés). »
Il ajoute :
« Le succès de la phase deux facilitera le retrait de trois points. »
Puisqu'il y a cinq points occupés, Israël se retirera des cinq, mais commencera par au moins trois d'entre eux, afin que nous puissions passer à la phase trois, qui s'étend du 60e au 90e jour. À ce moment-là, nous commencerons à discuter de la libération des prisonniers.
Comment cela s'appelle-t-il ? Cela s'appelle : dépouiller le Liban de ses capacités militaires, en désarmant sa Résistance et en empêchant l'armée libanaise de posséder des armes - sauf dans la mesure où elles ont une fonction strictement interne et ne peuvent avoir aucun effet sur Israël. C'est ce qu'il faut mettre en œuvre. Admettons, hypothétiquement, que ce mémorandum soit mis en œuvre : mais que se passe-t-il si Israël n'applique même pas cette disposition creuse ?
Il a dit :
« Il y a des conséquences en cas de violation »
C'est-à-dire, que la violation vienne d'Israël ou du Liban. Quelles sont donc les conséquences d'une violation israélienne ? Il a dit :
« Une condamnation par le Conseil de sécurité de l'ONU et un réexamen de l'engagement non militaire. »
Comme dit le proverbe : « Ils ont dit au menteur : "Jure !" Il a répondu : "Par Dieu, c'est venu... mais Dieu l'a emporté avec Lui !" » (Lorsqu'un menteur est acculé, il en rajoute.)
Sommes-nous censés maintenant miser sur l'honnêteté des Américains et des Israéliens ? Et si nous leur demandons de jurer, cela changera-t-il quoi que ce soit ? Proposent-ils des garanties ? De toute façon, les Américains ont déjà déclaré : « Il n'y a pas de garanties. » Alors que faire si Israël dépasse les limites ? Déposer une plainte auprès du Conseil de sécurité ? Très bien, mais au final, vous dites : « Israël aura carte blanche, même après toutes ces concessions ! »
Et de l'autre côté, qu'arrive-t-il au Liban si, par hypothèse, il n'obéit pas ? On répond :
« Suspension de l'aide militaire conditionnelle et sanctions économiques. »
Mais vous avez déjà détruit le Liban par les sanctions économiques et l'"aide" militaire depuis 2019 jusqu'à aujourd'hui, sans rien donner. Les États-Unis ont renié tout ce qui a trait à l'entité israélienne. Quelle aide les Etats-Unis ont-ils fournie ? Quelle assistance est venue des pays arabes ou autres ? Quelqu'un a-t-il donné quoi que ce soit ?
Le mémorandum exige donc le démantèlement de la force du Liban, en échange d'un retrait partiel et non garanti, et de négociations entre deux parties caractérisées par un grave déséquilibre des forces. Qu'est-il advenu de la voie sur laquelle nous nous étions mis d'accord dans l'accord initial ? Cela signifie que le premier accord a été annulé, qu'Israël a été absous de toutes ses violations, et que nous sommes entrés dans un nouveau tunnel intitulé « Nouvel accord ».
Nous rejetons tout nouvel accord autre que l'accord existant entre l'État libanais et l'entité israélienne. Qu'ils commencent par appliquer l'accord actuel, et ensuite seulement, ils pourront parler de ce qu'ils veulent.
Ensuite, tout ce qui concerne le Liban - tout calendrier proposé pour une mise en œuvre (du désarmement) sous l'ombre de l'agression israélienne - nous ne pouvons l'accepter. Parce qu'un calendrier implique un engagement contraignant alors que l'agression est toujours en cours. Comment peut-on fixer un calendrier et des échéances nous imposant d'agir, alors que les Israéliens, eux, n'ont encore rien fait ?
Sommes-nous censés entamer des négociations ou remettre nos armes sans dialogue, sans consensus national, sans stratégie de défense ? C'est une erreur. Nous ne pouvons accepter que le Liban s'engage à abandonner progressivement sa force, alors que toutes les cartes restent entre les mains de l'ennemi israélien.
Deuxièmement : Que nous disent-ils aujourd'hui ? « Nous sommes contraints de supprimer les prétextes. » Pourquoi ? « Parce qu'il y a des pressions extérieures : les financements sont retenus, des sanctions sont imposées. » Mais nous ont-ils donné quoi que ce soit, au départ ? Quel intérêt y a-t-il pour nous à recevoir des financements, s'ils impliquent la perte de notre autonomie décisionnelle, la violation de notre souveraineté, la poursuite de l'occupation de nos terres et le refus de toute autre option ? Quelle est la valeur de ces financements qu'ils pourraient nous accorder ? Aucune. Parce que nous deviendrions des subordonnés, des suiveurs, des esclaves. Et nous refusons d'être des esclaves - ni de l'Amérique, ni de certains régimes arabes, ni d'aucun être humain sur la surface de la terre.
Que dites-vous ? Des pressions extérieures ? Ils retiennent les financements ? Qu'ils les retiennent donc ! Ils les retenaient déjà de toute façon. Y avait-il un financement quelconque, à la base ? Nous ont-ils jamais donné quoi que ce soit ? Chaque fois, ils disent : « Une fois que vous aurez mis cela en œuvre, nous vous donnerons quelque chose. » Il n'y a aucune raison que quiconque se soumette à cela. Qu'ils lancent toutes les menaces qu'ils veulent.
Ils disent : « Ils nous font peur avec (la menace de) la guerre et l'escalade de l'agression. » Je vous pose la question : pourquoi Israël s'appuie-t-il actuellement sur une stratégie d'agression limitée et sur la pression politique américaine, au lieu de lancer une guerre totale ? Parce qu'il est dans l'intérêt d'Israël d'éviter une guerre totale. Car si la guerre éclate, la Résistance se défendra, l'Armée se défendra, et le Peuple se défendra. Et cette défense entraînera des tirs de missiles à l'intérieur de l'entité israélienne, et tout le système sécuritaire qu'ils ont construit en huit mois s'effondrera en une heure. Et qui sait combien de temps il leur faudra pour le reconstruire (ensuite) ?
Il est donc dans leur intérêt de ne pas déclencher une guerre majeure, afin d'éviter les représailles et la riposte de la Résistance. C'est leur intérêt, et c'est ainsi qu'ils raisonnent. Ne vous laissez donc pas trop intimider par eux. De toute manière, ils peuvent déclencher une guerre à tout moment. Pourquoi ? Si vous abandonnez tout, cela mettra-t-il un terme à l'agression ? Non, cela ne l'arrêtera pas. Car ils détiendront alors tous les leviers. Au contraire, si nous n'avons plus rien, la probabilité d'une agression et de crimes (de guerre) ne fera qu'augmenter de façon exponentielle - plus que jamais auparavant. Si nous sommes laissés sans rien, qui protégera le Liban et le peuple libanais ?
N'avez-vous pas entendu le ministre israélien des Finances, Smotrich ? C'est une figure majeure du gouvernement israélien. Il a déclaré : « L'armée israélienne ne se retirera pas des cinq points du Sud-Liban, et les villages détruits par l'armée israélienne au Sud-Liban ne seront pas reconstruits. » Il vous le dit ouvertement. Et pourtant, certains parmi nous disent : « Non, ce n'est pas vrai. Ce ne sont que des mots... » Comment cela pourrait-il n'être que des mots ? Tout ce qu'ils ont dit, ils l'ont fait. Et même ce qu'ils n'ont pas dit, ils l'ont fait. Par conséquent, si la communauté internationale veut vraiment la stabilité du Liban - si la stabilité du Liban a de l'importance à ses yeux - alors soyez assurés qu'elle reculera une fois que le Liban aura fait ses preuves. Et si la stabilité du Liban ne signifie rien pour elle, alors peu importe ce que nous offrirons, cela n'aura aucune valeur. Personne ne doit croire qu'il s'agit d'une affaire d'offres de notre part.
Aujourd'hui, leur soutien à l'armée libanaise est minime. Pourquoi ? Parce qu'ils considèrent que ce soutien doit se limiter strictement aux affaires internes. Quand il s'agit d'Israël, il n'y a aucun soutien. Ce n'est donc pas un véritable soutien.
En 2019, des manifestations ont éclaté, et le Liban a entamé un processus de changement. De 2019 jusqu'à aujourd'hui, que nous disent-ils ? « Faites ce que nous vous demandons, et nous vous donnerons ceci et cela. » L'Amérique - avec certains pays arabes - a épuisé le Liban sous le slogan : « Appliquez, et nous livrerons. » Aujourd'hui, nous avons un président, un gouvernement, des institutions en gestation, et une situation intérieure stable. Toute la crise à laquelle nous faisons face aujourd'hui découle de l'agression israélienne.
Je reviens ici à la déclaration ministérielle, car nous entendons toujours : « Revenons à la déclaration ministérielle » - comme si la Résistance demandait des positions contraires à celles de l'État. Alors, que dit la déclaration ministérielle ?
Dans le troisième paragraphe, on lit :
« Le premier objectif que le gouvernement se fixe, et la mission la plus noble qu'il s'engage à accomplir, c'est d'œuvrer à l'établissement d'un État de droit dans toutes ses dimensions, de réformer ses institutions et de fortifier sa souveraineté. »
Dites-nous, ô gouvernement : En quoi œuvrez-vous au renforcement de la souveraineté ? Dites-nous, quelles mesures concrètes ont été prises pour la renforcer ? Le fait de rendre les armes est-il un renforcement de la souveraineté ? La soumission à Israël est-elle un renforcement de la souveraineté ? Est-ce que remettre les armes à Israël - à sa demande, à la demande des États-Unis et de certains pays arabes - est ce qui est requis à ce stade ? Et cela apportera-t-il la souveraineté au Liban ?
Le quatrième paragraphe qui suit déclare :
« L'État que nous recherchons est celui qui assume pleinement la responsabilité de la sécurité du pays et de la défense de ses frontières et délimitations - un État qui dissuade les agresseurs, protège ses citoyens et renforce son indépendance. »
Alors, où est la dissuasion face à Israël ? Où est l'État qui protège le Liban du mal ? Où est la responsabilité de la sécurité face à l'ennemi israélien ? Où est la défense des frontières ?
Vous nous dites que, pour l'instant, vous êtes impuissants. Si vous êtes impuissants, ne vous rendez pas encore plus impuissants que vous l'êtes ! Vous dites : « Pour le moment, nous ne pouvons pas », et nous vous disons : « Prenez votre temps. Laissons-nous renforcer nos capacités. Élaborons un plan militaire pour que l'armée dispose des capacités militaires, des ressources humaines et de l'aptitude nécessaires à affronter l'ennemi israélien s'il nous attaque ou poursuit son occupation. »
Or, dans votre déclaration ministérielle - au quatrième paragraphe, c'est-à-dire dans son introduction même - vous affirmez vouloir préserver la défense des frontières et des limites, et que cet État dissuadera les agresseurs. Alors, donnez-moi votre programme pour dissuader l'agresseur. Donnez-moi un calendrier pour dissuader l'agresseur. Donnez-moi des mesures concrètes pour dissuader l'agresseur. Où sont-elles ? Huit mois se sont écoulés, et il n'y a toujours aucune dissuasion. Rien.
Au cinquième paragraphe, le Premier ministre s'est toujours vanté - à juste titre d'ailleurs, car ce paragraphe est réellement très important, et nous en sommes tous aussi fiers que lui. Il a repris ce paragraphe de l'Accord de Taëf de 1989 (également appelé Constitution de Taëf, puisqu'il a modifié de manière significative la Constitution libanaise de 1926).
Et que dit Taëf ?
« Le gouvernement s'engage, conformément au Document de réconciliation nationale adopté à Taëf » - et cela figure explicitement dans la déclaration ministérielle - « à prendre toutes les mesures nécessaires pour libérer l'ensemble du territoire libanais de l'occupation israélienne et pour étendre la souveraineté de l'État sur l'ensemble de son territoire. »
La toute première chose à faire est donc de prendre toutes les mesures nécessaires pour libérer le territoire libanais. Que signifie « toutes les mesures » ? Cela signifie l'Armée. Cela signifie le Peuple. Cela signifie la Résistance. Cela signifie les partis politiques.
Lorsque le pays est menacé, toutes les forces sont responsables de le défendre et de faire face à la menace. Ainsi, au cœur de Taëf - au cœur de l'Accord national que vous avez vous-mêmes invoqué dans la déclaration ministérielle que nous avons tous approuvée - vous avez déclaré :
« En prenant toutes les mesures nécessaires pour libérer l'ensemble du territoire libanais de l'occupation israélienne. »
Montrez-nous : où ces mesures sont-elles mises en œuvre ? Où sont les actions qui prouvent que nous sommes prêts à affronter l'ennemi israélien ?
L'État doit élaborer des plans pour faire face aux pressions et aux menaces, et pour assurer la protection - non pas dépouiller ses citoyens de leur force et de leurs capacités, dépouiller la Résistance de sa force et de ses capacités, et perdre les sources de puissance qui lui permettent d'exiger, de négocier, de s'affirmer, de faire face à l'agression, de libérer la terre et d'établir une véritable souveraineté pour le Liban. Tel est le rôle que l'État doit jouer.
Cela signifie que nous devons nous rendre au Conseil des ministres et inscrire un point à l'ordre du jour : Comment faire face à l'agression israélienne et protéger notre souveraineté ? Quelles sont les mesures concrètes à prendre ? Quel est le calendrier pour y parvenir ? Quelles sont les sources de force sur lesquelles nous pouvons nous appuyer ? Comment associer les partis, les forces, les confessions, le peuple et tous les concernés au processus de défense du Liban ? Comment nous unir pour expulser Israël ? Comment intensifier la pression sur l'ennemi israélien par l'intermédiaire de ses complices ou par tous les moyens disponibles ?
Voilà ce qu'il faut faire. Nous devons élaborer un programme global sur cette question et en fixer le calendrier. Telle est la véritable priorité - non celle qui consiste à désarmer la Résistance pour apaiser Israël, ni celle qui consiste à désarmer la Résistance parce que les États-Unis et certains pays arabes déploient tous leurs efforts pour nous contraindre à accepter que cela soit la priorité.
Ils nous disent : « Que voulez-vous à Israël ? Même s'il reste (en tant qu'occupant, le Hezbollah doit désarmer). » Où est la souveraineté (libanaise) ? Travaillez-vous pour le Liban ou pour d'autres ? Si vous travaillez pour le Liban, si vous vous souciez du Liban, alors vous devez soutenir la fin de l'agression, la fin de l'occupation israélienne, le début de la reconstruction et la libération des prisonniers. Ensuite, venez nous parler de ce que vous voulez. Nous serons prêts.
Et je le dis clairement : La Résistance fait partie de l'Accord de Taëf - stipulée dans les mesures qui doivent être prises par tous les moyens pour protéger le Liban (l'Accord de Taëf a appelé au désarmement des milices, à l'exception explicite du Hezbollah, considéré comme un mouvement de Résistance contre l'occupation israélienne).
Une question constitutionnelle ne se tranche pas par un vote. Une question constitutionnelle exige un consensus et la participation de toutes les composantes de la société afin de parvenir à une compréhension commune.
De même, l'abolition du sectarisme politique nécessite un large consensus. Il en va de même pour l'abandon du principe d'une répartition confessionnelle rassurante pour toutes les communautés : cela aussi est une question constitutionnelle. De même, la Résistance contre Israël est une affaire constitutionnelle ; elle doit être abordée par le biais d'un consensus.
Ouvrons un débat national sur une stratégie de défense et de sécurité nationale. La sécurité nationale va bien au-delà de la question des armes. Elle porte sur la force du Liban : comment la bâtir, la consolider, l'accumuler et l'exploiter afin de se défendre et de faire face à l'ennemi israélien.
Une stratégie n'est pas un calendrier de désarmement. Nous attendions le jour où, en tant que Résistance, nous pourrions nous asseoir avec les parties concernées pour discuter de la nature de cette stratégie de sécurité nationale. Mais il semble qu'ils aient mis cette stratégie de côté, et que la question se soit réduite à : « Rendez vos armes, il n'y a pas de stratégie de sécurité nationale. » Comment cela pourrait-il être acceptable ? Nous rejetons cela, car nous nous considérons comme un pilier fondamental du Liban. Cette approche doit donc être réévaluée.
Troisièmement, nous sommes attachés à la préservation de la coopération entre nous et les trois présidents (le président du Liban Joseph Aoun, le Président du conseil des ministres Nawaf Salam, le président du Parlement Nabih Berri). Nous sommes engagés dans le dialogue, la compréhension mutuelle et la coopération - sans qu'une partie fasse pression sur une autre, ni que l'un, se sentant sous pression, en vienne à exercer des pressions internes sur nous. Non. Personne n'est sous pression. Au fond, tout le monde sait que le Liban est la racine. Tout ce qui est bénéfique pour le Liban, nous devons le faire. Il est inacceptable de se soumettre aux pressions pour ensuite nous demander de renoncer à nos droits et à notre souveraineté. C'est fondamentalement erroné. Vous et nous devons faire front commun. Dites à l'Occident, aux Américains, à tous ceux qui exercent des pressions : nous avons des forces et des ressources au Liban, et nous voulons parvenir à un accord entre nous. Vous ne pouvez pas nous l'imposer.
Nous devons aussi nous méfier de ceux qui attisent la discorde interne, de ceux dont les mains sont tachées de sang (Forces libanaises, Kataëb), et de ceux qui servent le projet israélien, qu'ils soient à l'intérieur ou à l'extérieur du pays.
Je vous invite à ne pas perdre votre temps avec les tempêtes provoquées par des diktats extérieurs. Aujourd'hui, le pays tout entier est sens dessus dessous. Personne n'est serein parce que Barrack est venu jeter le premier mémorandum, puis le deuxième, puis le troisième. Allez, un peu de courage ! Quelle est cette histoire ? Chaque fois que quelqu'un parle, ou qu'un responsable arabe rend visite aux nôtres et leur dit : « Faites ceci... sinon... », que signifie ce « sinon » ? « Sinon il n'y aura pas d'argent ? » Il n'y en a jamais eu. Et qui êtes-vous pour tenter de nous acheter avec de l'argent ?
Que dites-vous là ? C'est un pays - un pays où des sacrifices ont été consentis, où du sang a été versé. Lorsqu'il s'agit du Liban, nous en discutons entre Libanais, sur le sol libanais. Personne en dehors du Liban n'a à décider de ce que nous devons faire. Aucun diktat ne nous sera imposé. Nous ne voulons conclure aucun accord avec l'extérieur. Nous voulons des accords entre nous, pour notre souveraineté et notre indépendance.
En tant que Libanais, nous réglerons nos affaires intérieures par la coopération et la compréhension mutuelle. Et que cela soit bien clair : il n'y aura pas de solution sans consensus. Il s'agit d'une question stratégique et fondamentale. Qu'ils appliquent l'accord (de cessez-le-feu) - et nous appliquerons ce qui sert nos intérêts au Liban - par le biais d'un consensus entre nous, de nos institutions, de l'Armée et de la Résistance, qui fait partie intégrante de ce tissu.
Je vous le dis : aujourd'hui, l'État libanais est en capacité de se tenir debout et de déclarer à la communauté internationale qu'il est responsable des frontières sud et est (avec Israël et la Syrie). Qu'on s'adresse à l'État libanais s'il se passe quelque chose sur ces frontières méridionale ou orientale. L'État libanais a mené cette expérience pendant huit mois. Il ne s'est rien passé à la frontière sud. Il a également conservé le contrôle de la frontière est (face aux takfiris qui ont pris le pouvoir en Syrie) et empêché massacres, troubles et complications dans ces villages. L'État libanais continue d'assumer pleinement ses fonctions à l'intérieur du pays.
Dites-le au monde : si l'exigence est que le Liban ne s'ingère dans les affaires de personne, alors l'État libanais garantit qu'il œuvrera à la protection de ses frontières et de sa souveraineté, et qu'il est responsable de ce qui se passe en son sein. C'est de l'intérieur qu'il peut se présenter devant le monde - et devant vous - fort de cette expérience de huit mois.
Que la communauté internationale tienne le Liban pour responsable en cas d'échec. Mais qu'elle n'intervienne pas pour exiger du Liban qu'il réalise les objectifs d'Israël - des objectifs qu'Israël n'a pas pu atteindre par la guerre. Non. Personne ne peut priver le Liban de son pouvoir de protéger sa souveraineté, ses choix politiques et ses capacités. Personne ne peut l'empêcher d'être fier. Gardez cela en tête. Que ce soit votre socle.
Nous sommes un groupe qui a donné et s'est sacrifié. Les Libanais se sont sacrifiés. L'Armée s'est sacrifiée. Le Peuple a consenti d'immenses sacrifices. Personne ne doit venir nous dire qu'il prendra soin de nous (et se chargera de notre sécurité à notre place). Ce temps-là est révolu.
Quatrièmement, ceux qui ont sacrifié leur vie et libéré le pays sont plus patriotes que ceux qui ont saccagé la patrie et tué ses citoyens. Personne ne devrait aujourd'hui se présenter en parangon de vertu ou prétendre incarner l'innocence et l'intégrité. Non. Tous ont une histoire connue - et la nôtre aussi est connue. Elle est celle du maître des martyrs de la nation, Sayed Hassan Nasrallah - que Dieu lui fasse miséricorde - parti rejoindre le Tout-Puissant en martyr grand, courageux et valeureux. Il a offert à l'humanité - pas seulement à la Palestine, pas seulement au Liban - ce que bien d'autres n'ont pas donné.
Nous avons ce sacrifice. Nous avons Sayed al-Hâchimî (Hashem Safi al-Din, successeur assassiné de Nasrallah). Nous avons les commandants martyrs. Nous comptons 5 000 martyrs dans la bataille du Déluge d'Al-Aqsa et dans la Bataille des Puissants (guerre de 66 jours contre Israël de septembre à novembre 2024). Ces batailles ont fait 13 000 blessés. Il y a eu destructions, déplacements. Tout cela a été consenti pour stopper l'agression - et nous l'avons bel et bien stoppée.
Ils nous ont demandé : qu'avez-vous fait ? Nous avons mis fin à l'agression ! Cette agression aurait atteint Beyrouth. Elle aurait tout emporté. Elle visait à transformer le caractère du Liban, sa présence, sa géographie, sa stratégie, son avenir. La Résistance, l'Armée et le Peuple ont empêché l'ennemi israélien d'atteindre ses objectifs, grâce à ces sacrifices immenses.
Vous me demandez : ce que nous avons sacrifié a-t-il rendu notre situation plus difficile ? Non. Non. Non. La Résistance se porte bien : forte, fière, habitée par la foi et la résolution, déterminée à être maîtresse de sa terre - et à faire du Liban un pays indépendant, souverain et digne. Les partisans de la Résistance sont constants, patients et unis. Les combattants de la Résistance sont prêts au sacrifice suprême. Et chacun sait ce que cela signifie.
Quant à la grande couronne et à la grande bannière - j'ai regardé hier, lundi, un épisode sur Al-Manar TV au sujet des blessés des attaques au bipeur. Peut-on appeler ces personnes des « blessés » ? Ce sont des héros. Des êtres fiers. Des martyrs vivants - témoins face à tous ceux qui ont abandonné (Gaza). Les blessés des attaques au bipeur, et tous les blessés, sont des personnes lucides et résolues.
Avez-vous entendu leurs paroles ? Pouvez-vous croire qu'une jeune sœur, qui a perdu ses deux yeux, voit pourtant avec son cœur, son esprit, sa foi, son courage - et dit qu'elle veut se spécialiser en intelligence artificielle (une arme clé dans la capacité d'Israël à porter des coups majeurs au Hezbollah) et obtenir son baccalauréat avec les honneurs ? Quelle générosité ! Quelle détermination ! Ou cette autre qui obtient son diplôme avec mention très bien et déclare : « Je veux étudier la psychologie pour aider les gens. »
Chacun brandit une bannière différente, mais tous sont unis par la détermination, par la foi, par la constance. Si Israël pense que nos blessés sont hors-jeu - non, nos blessés sont ardents, nos blessés avancent, nos blessés sont des modèles. Par Dieu, ces exemples sont véritablement admirables.
Aujourd'hui, je veux dire à vous, blessés des attaques au bipeur - à vous tous les blessés - que j'espère que vous m'accepterez comme compagnon de route sur ce chemin avec vous. Aucune avancée ne peut se faire sans vous. C'est vous qui éclairez la marche, ô blessés, ô martyrs vivants, ô âmes généreuses - vous dont, lorsqu'on entend les paroles, on se dit : voici des gens cultivés, des philosophes, des amoureux du Dieu Tout-Puissant, des esprits d'une rare clairvoyance, des croyants en la Wilayah (l'allégeance aux Imams après le Prophète), des amoureux de Muhammad et de la famille de Muhammad - que les prières et la paix de Dieu soient sur eux tous. Ce modèle ne peut être ni vaincu, ni brisé.
À ceux qui sont capables d'entendre, je dis : qu'avons-nous ? Nous avons ces blessés qui ont réussi leurs examens. Et ici, je tiens à féliciter tous ceux qui ont réussi - de toutes les confessions, de toutes les régions. Mais en vérité, les réussites remarquables, avec des notes très bonnes et excellentes, obtenues par les blessés des attentats au bipeur, sont un fait majeur et d'une grande importance.
Nous avons aussi les honorables patriotes du Liban. Ne pensez pas que la Résistance se résume au Hezbollah et au Mouvement Amal. Non. La Résistance regroupe des partis et forces politiques, des figures issues de différentes confessions, de divers horizons politiques, avec des idéologies variées - laïques, religieuses, communistes et autres. Tous se considèrent comme faisant partie de la Résistance. Nous avons cette réserve, cette vaste et précieuse réserve. Que personne ne pense que notre réserve est limitée - non.
Sachez que notre ennemi n'est pas tout-puissant et qu'il n'a pas atteint ses objectifs. Il ne les a pas atteints. Ne le laissez pas réussir à cause du défaitisme. Mon frère, ne te laisse pas abattre. Nous ne sommes pas vaincus. Qui t'a donné le droit de parler en notre nom ? Qui t'a dit de rester là, à craindre les autres ? Sois fort !
En tout cas, quand quelqu'un fait pression sur toi, dis-lui : va t'adresser à la Résistance - et voyons alors ce que nous ferons, eux et nous.
« Ô vous qui croyez ! Soyez endurants, rivalisez de patience, restez fermes et craignez Dieu afin que vous réussissiez. » (Coran, 3:200)
Le mot d'ordre de cette étape est : Nous sommes inébranlables, et nous surmonterons cette étape, si Dieu le veut, et nous resterons fiers.
Sachez que ce groupe de Résistance - le Mouvement Amal, le Hezbollah, tous les honorables combattants de la Résistance - aux côtés de l'armée libanaise et du peuple libanais, restera présent sur le terrain, et il triomphera. Ce sont les gens de : « Loin de nous l'humiliation. » (déclaration résolue de l'Imam Hussein lorsqu'il dut choisir entre l'épée et l'humiliation, proclamant qu'une mort honorable vaut mieux qu'une vie de soumission.)
Je conclus avec le cinquième point : le Liban puise sa stabilité dans l'ensemble de son peuple - et non en favorisant un groupe au détriment d'un autre, ou une faction au détriment des autres. Dans un Liban stable et unifié, l'État, avec toutes ses composantes - y compris la Résistance - forme une seule et même entité. Il n'y a pas deux camps, l'un appelé l'État et l'autre la Résistance. Non. Nous faisons partie de la structure de l'État. La Résistance fait partie de la structure de l'État.
Sachez que nous sommes dans l'entente et la coopération. Aujourd'hui, certains misent sur une discorde entre le Hezbollah et Amal. Non, non, non, non. Il n'y a aucune discorde. Bien au contraire, nous sommes comme deux gouttes d'eau. Nous nous comprenons, nous sommes au cœur de l'action - et si cela déplaît à certains, qu'ils aillent se cogner la tête contre un mur.
Personne ne doit croire qu'il peut nous intimider. Car ceux qui possèdent la dignité et la Résistance ne peuvent qu'être fiers et forts - préserver leur force et protéger leur peuple.
Sachez que dans la bataille actuelle, soit le Liban - tout le Liban - l'emportera, soit le Liban - tout le Liban - perdra. Personne au Liban ne gagnera pendant qu'un autre perdra. Soit nous gagnons tous ensemble, soit nous perdons tous ensemble. Et nous sommes convaincus que nous pouvons gagner ensemble - et nous pouvons gagner ensemble. Mais lorsque les agents de la sédition et certains défaitistes commencent à attiser les conflits et à compliquer les choses, et à exploiter le Liban au profit d'intérêts étrangers, ce sont eux qui poussent le Liban vers la défaite. Et si certains d'entre nous placent leurs intérêts personnels - intérêts qui recoupent ceux d'Israël - au-dessus de tout, alors ils sont responsables de tous les malheurs qui frappent le Liban.
Le problème, c'est l'agression - pas les armes. Résolvez le problème de l'agression, et nous pourrons alors parler des armes.
La solution réside dans la possession des moyens de puissance - non dans leur abandon - et dans le fait de s'en remettre à Dieu et aux personnes honorables, et non au loup américain oppresseur et à ses sous-fifres. Nous devons être des lions pour franchir cette étape - non des moutons, dévorés sans laisser de traces.
« Ô vous qui croyez ! Lorsque vous rencontrez un groupe (ennemi), tenez bon et invoquez beaucoup Dieu afin que vous réussissiez. Obéissez à Dieu et à Son Messager, et ne vous disputez pas, sinon vous fléchirez et perdrez votre force. Soyez patients, car Dieu est avec les patients. » (Coran, 8:45-46)
Nous affronterons la tutelle étrangère, l'empiètement américano-arabe et les intimidations internes. Il s'agit sans aucun doute d'une étape critique pour l'indépendance du Liban - mais nous sommes plus forts grâce à cette indépendance, grâce à la triade Armée, Peuple et Résistance, et grâce à l'unité nationale. C'est vers cela que nous œuvrerons.
Que la paix soit sur vous, ainsi que la miséricorde et les bénédictions de Dieu.
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Source : Le Cri des Peuples
lecridespeuples.fr
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