par Alfredo Jalife-Rahme
Alors que les relations entre les Nations unies et la Fédération de Russie tournent au vinaigre, le président Valdimir Poutine a proposé la paix à son collègue Donald Trump. C'est la dernière tentative avant un possible cataclysme.
Le 2 octobre, le président russe Vladimir Poutine a participé pendant près de quatre heures (!) à la 22e réunion annuelle du Club Valdai - le plus grand think tank russe - à Sotchi, sur le thème « Le monde polycentrique/multipolaire » [1]. Il a suggéré à l'Union européenne - qui a été prise d'une étrange panique collective en raison de la pléiade de drones « russes » (sans aucune preuve) qui auraient violé l'espace aérien de l'Estonie, de la Pologne et du Danemark - de « se détendre » et de « bien dormir », car il est « inconcevable » que la Russie attaque l'OTAN.
Il a exhorté les dirigeants européens à se consacrer davantage « à leurs propres problèmes », en référence à leurs graves difficultés financières, économiques et sociales. Poutine a accusé l'Europe occidentale de pratiquer le « terrorisme de genre » contre ses propres enfants. Sur cette question biologique/culturelle cruciale, Poutine et Trump s'accordent contre « l'Agenda Woke/Agenda Vert/Agenda 2030 », comme le souligne le philosophe et géopoliticien russe Alexander Douguine.
Poutine a dénoncé comme un « crime odieux » le meurtre du nationaliste chrétien Charlie Kirk, a présenté ses « condoléances à sa famille et à ses proches » et a estimé que cela souligne une « profonde fracture (sic) dans la société américaine, s'agissant d'une affaire purement interne qui ne doit pas être exploitée dans une dimension internationale ». Dans son rapprochement classique avec Trump, renforcé après le sommet historique d'Anchorage, Poutine a mis fin à la polémique suscitée par la qualification péjorative de Trump selon laquelle la Russie serait « un tigre de papier », en supposant que l'expression avait été utilisée « ironiquement ». Dans son discours d'ouverture, il a déclaré que les sanctions massives imposées par ses « adversaires » pour pousser la Russie vers l'isolement international, culturel, politique et l'autarcie économique « ont échoué de manière retentissante ».
Russia Today met en avant le passage dans lequel Poutine a défini la Russie comme « vitale pour l'ordre mondial » dans la mesure où « elle est nécessaire en tant qu'élément significatif de l'équilibre universel » [2]. De nombreux analystes soulignent son plaidoyer en faveur d'un « monde multipolaire » comme « réponse naturelle » à l'hégémonie de l'Occident, dont le concept même de « démocratie » s'est détérioré en raison de la « farce (sic) de ses procédures électorales », comme cela s'est manifesté en Roumanie.
Après avoir déclaré que la Russie « est en guerre avec l'ensemble du bloc de l'OTAN (soit : 32 États) », il a fustigé « la piraterie de la France qui a capturé en haute mer un pétrolier » russe. Il a qualifié la crise en Ukraine de « tragédie » qui ne se serait pas produite avec Trump comme président.
Au sujet de la livraison hypothétique à l'Ukraine de missiles Tomahawk meurtriers - d'une portée de 2 500 kilomètres et d'un coût de 1,3 million de dollars, capables d'atteindre Moscou et au-delà -, Poutine a déclaré que cela ne changerait pas le cours irréversible de la guerre, aujourd'hui favorable à Moscou, mais qu'elle constituerait « une nouvelle étape dans l'escalade », car l'Ukraine ne peut pas utiliser ces missiles sophistiqués sans le contrôle de l'armée états-unienne.
L'analyste politique Nadezhda Romanenko résume que « Poutine offre la paix à l'Occident » en mettant en œuvre « les valeurs de la coexistence pacifique » qui ne mettent pas en jeu les intérêts nationaux de la Russie lorsque « la paix est fondée sur le respect mutuel et la reconnaissance de la souveraineté », susceptibles de « déboucher sur la voie de la stabilité » [3].
Il est particulièrement frappant qu'Anna Paulina Luna, membre du Congrès de Floride, ancienne militaire de l'armée de l'air et alliée de Trump, se soit prononcée en faveur d'un « grand partenariat commercial avec la Russie » [4].
Global Times souligne l'avertissement de Poutine concernant la livraison de Tomahawks à l'Ukraine, tandis que le président russe « a salué les efforts du président états-unien Donald Trump pour aider à négocier la paix en Ukraine » ; il a d'ailleurs qualifié le sommet d'août en Alaska de « productif », tout en « réitérant la confiance de la Russie dans son bouclier nucléaire » [5].
L'éminent analyste militaire russe Andrei Martyanov a rappelé qu'en 1812, « toute l'Europe avec Napoléon avait envahi la Russie », mais que, deux ans plus tard, « les Russes entraient dans Paris » [6].
Traduction
Maria Poumier
[1] « Valdai Discussion Club meeting », Kremlin, October 2, 2025.
[2] « Russia vital to global order - Putin », RT, October 2, 2025.
[3] « Putin offers peace to the West. Will it accept ? », Nadezhda Romanenko, RT, Octobre 2, 2025.
[4] « US congresswoman responds to Putin's remarks », RT, October 3, 2025.
[5] « Putin warns that supplying US long-range missile to Ukraine will badly hurt ties ; responds to Trump's 'paper tiger' remark : media reports », RT, October 3, 2025.
[6] « French Connection 2 », Andrei Martyanov, YouTube, October 4, 2025.