30/10/2025 ssofidelis.substack.com  6min #294872

Ces puissants au service d'Israël

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre Benjamin Netanyahu en réunion au bureau du Premier ministre à Jérusalem, le 16 février 2025. Crédit photo © David Azagury

Par  Vijay Prashad, le 29 octobre 2025

L'État hébreu a pu compter sur la couverture diplomatique et le soutien militaire de ses puissants alliés occidentaux.

Le 26 octobre, Caroline Willemen, de Médecins sans frontières, a dénoncé les agissements d'Israël, qui instrumentalise l'aide humanitaire à Gaza pour faire pression.

"La situation humanitaire à Gaza n'a pas significativement évolué", a-t-elle déclaré à la presse, "car les pénuries d'eau et de logements persistent et des centaines de milliers de personnes vivent toujours sous des tentes à l'approche de l'hiver".

Les forces armées israéliennes ont désormais annexé plus de la moitié du territoire de Gaza et y  déversent d'énormes quantités de gravats, transformant les lieux en une immense décharge. Déblayer les décombres sans expertise ni équipement s'avère extrêmement dangereux, car environ 10 à 12 % des bombes israéliennes larguées sur Gaza restent non explosées.

"Chaque habitant de Gaza vit désormais dans un gigantesque champ de mines non cartographié", a  déclaré Nick Orr, de l'ONG Humanity and Inclusion, active en Palestine. "Les munitions non explosées sont partout. En surface, dans les décombres, sous terre, partout".

En déblayant les amoncellements de béton, les Palestiniens risquent de déclencher une bombe inerte, tuant et blessant davantage de civils.

En deux ans, Israël a  largué au moins 200 000 tonnes d'explosifs sur Gaza, soit l'équivalent de treize bombes atomiques d'une puissance comparable à celle larguée sur Hiroshima par les États-Unis le 6 août 1945. C'est inimaginable, d'autant que les Palestiniens ne disposent d'aucun système de défense aérienne, ni de capacité de riposte contre les bombardements par drones ou bombardiers. Les génocides sont, par nature, asymétriques. Mais qualifier ces deux dernières années d'asymétriques est obscène : la violence a été unidirectionnelle, les Israéliens, tels des Goliath, utilisant leurs puissants arsenaux contre la résistance palestinienne.

Les transferts officiels d'armes sont si peu transparents qu'on ignore la quantité exacte d'armes fournies à Israël par ses principaux pourvoyeurs pendant les hostilités : les États-Unis, l'Allemagne, l'Italie et le Royaume-Uni. Cependant, il existe suffisamment de preuves pour établir que la plupart des bombes proviennent des États-Unis, avec des quantités plus modestes fournies par ces autres pays. Un nouveau  document du Rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, intitulé Gaza Genocide : a collective crime (20 octobre 2025), prouve clairement que les pays qui fournissent à Israël du matériel militaire ou lui apportent toute autre forme de soutien, y compris diplomatique, sont complices du génocide.

L'obligation de respecter la Convention des Nations unies sur le génocide n'est en aucun cas optionnelle. Le devoir d'agir pour mettre fin au génocide est impératif. Leur participation fait d'eux des coupables. Le rapport souligne que le génocide des Palestiniens à Gaza perpétré par Israël est un crime commis avec la complicité de la communauté internationale.

Le degré de complicité est sans précédent. Prenons l'exemple du Royaume-Uni, dont le Premier ministre, Keir Starmer, est un avocat spécialisé dans les droits de l'homme qui a d'ailleurs élaboré le manuel sur le droit européen des droits de l'homme (1999). Le 6 août 2025, Matt Kennard a  indiqué à Palestine Deep Dive que des avions militaires britanniques, partis de la base RAF Akrotiri à Chypre, ont escorté un avion non identifié au-dessus de Gaza. Six jours plus tard, Iain Overton, de UK Declassified, a  révélé que l'un de ces avions n'est autre qu'un avion de surveillance RAF Shadow R1 volant aux côtés d'un Beechcraft Super King Air 350 de la Sierra Nevada Corporation (États-Unis), avec le code radio CROOK 11. Que ces avions faisaient-ils ? Qui les a autorisés à effectuer cette mission ? Qui est CROOK 11 ?

En décembre 2024, Starmer a  déclaré aux troupes de la base aérienne d'Akrotiri :

"De nombreuses tâches restent à accomplir. Je sais que certaines, voire la plupart, des missions effectuées ici ne peuvent actuellement être divulguées. Nous ne pouvons pas révéler tous les détails de votre mission, car même si les raisons sont évidentes, il est préférable de garder certaines informations confidentielles".

La raison évidente est qu'il s'agit d'un génocide et que le Royaume-Uni en est complice. Le pays ne peut donc pas s'en vanter.

Le bilan des États-Unis est encore plus effroyable. Un passage du rapport du rapporteur spécial est particulièrement accablant :

"Depuis octobre 2023, les États-Unis ont transféré 742 cargaisons d'armes et diverses munitions" (code SH 93) et approuvé des dizaines de milliards de dollars de nouvelles transactions. Les administrations Biden et Trump ont limité la transparence, accéléré les transferts grâce à des autorisations d'urgence successives, simplifié l'accès d'Israël aux stocks d'armes américains stockés à l'étranger et autorisé des centaines de transactions juste en dessous du seuil nécessitant l'approbation du Congrès. Les États-Unis ont déployé leurs avions militaires, leurs forces spéciales et leurs drones de surveillance en Israël. L'armée américaine prétend utiliser ces moyens de surveillance pour traquer le Hamas, notamment lors du premier raid sur l'hôpital Al Shifa".

En novembre 2024, la CPI a  émis des mandats d'arrêt à l'encontre de Benjamin Netanyahu et de Yoav Gallant, alors ministre de la Guerre. Selon ce récent rapport de l'ONU, le procureur de la CPI, Karim Khan, serait tenu d'émettre des mandats d'arrêt contre Rishi Sunak, Keir Starmer, Olaf Scholz, Friedrich Merz, Joe Biden et Donald Trump, a minima. Toute autre conclusion s'apparenterait à une parodie du système international fondé, entre autres, sur la Charte des Nations unies.

Traduit par  Spirit of Free Speech

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