07/12/2025 ssofidelis.substack.com  4min #298330

Le président syrien accuse Israël d'« exporter des crises » pour détourner l'attention des « massacres » à Gaza

Le président syrien Ahmed al-Sharaa s'exprime lors de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, le 6 décembre 2025. (© Reuters)

Par  Reem Aouir à Doha pour Middle East Eye, le 7 décembre 2025

Ahmed al-Sharaa a également appelé Israël à respecter l'accord de désescalade et à se retirer des territoires conquis après la chute de la dynastie Assad.

Le président  syrien Ahmed al-Sharaa a accusé samedi  Israël d'"exporter des crises" pour détourner l'attention de l'"effroyable massacre" qu'il commet dans la bande de  Gaza assiégée.

S'adressant au Forum  de Doha dans la capitale quatarie, Sharaa a affirmé qu'Israël tente de justifier ses actions contre plusieurs pays du Moyen-Orient sous le fallacieux prétexte de "préoccupations sécuritaires".

"Israël... tente de détourner l'attention des massacres effroyables commis à Gaza, en essayant d'exporter des crises",

a déclaré Sharaa lors d'un entretien avec Christiane Amanpour, présentatrice en chef des informations internationales de CNN.

"Israël est un pays qui combat des fantômes", a-t-il déclaré, avant d'ajouter qu'Israël exploite les événements du 7 octobre pour justifier son agression.

"Depuis mon arrivée à Damas, nous avons envoyé des messages constructifs concernant la paix et la stabilité dans la région... et affirmé que nous ne souhaitons pas être un pays exportateur de conflits, y compris vers Israël", a déclaré M. Sharaa.

"Mais Israël nous répond par une violence extrême",

a-t-il ajouté, précisant qu'Israël a mené plus de 1 000 frappes aériennes et 400 incursions terrestres depuis la chute du gouvernement Assad le 8 décembre 2024.

Le dirigeant par intérim a également réitéré son appel à Israël pour qu'il quitte les territoires qu'il a conquis depuis, et a affirmé que des négociations sont en cours avec les États-Unis pour un retrait israélien.

Les forces israéliennes ont envahi le sud de la Syrie après la chute du gouvernement de Bachar al-Assad, et continuent d'occuper une zone tampon créée par les Nations unies sur les hauteurs stratégiques du mont Hermon, qui surplombent Israël, le Liban et la Syrie.

En début de semaine, le président américain Donald Trump a lancé un avertissement à peine voilé à Israël, l'engageant à cesser toute ingérence dans "l'évolution" de la Syrie après un raid meurtrier qui a fait plus d'une douzaine de morts.

"Les États-Unis sont extrêmement satisfaits des résultats obtenus en Syrie grâce à des actions complexes et une détermination sans faille",

a écrit M. Trump sur sa plateforme de réseau social TruthSocial.

"Il est crucial qu'Israël poursuive un dialogue sincère et constructif avec la Syrie et qu'aucun événement ne vienne perturber l'évolution de la Syrie vers la prospérité", a-t-il ajouté.

"Une paix durable"

Lors de sa conversation samedi, M. Sharaa a exprimé son soutien à l'accord de désengagement de 1974 avec Israël, ajoutant que le modifier

"et tenter de conclure d'autres accords tels qu'une zone démilitarisée... pourrait nous entraîner dans une spirale dangereuse.

"Qui protégera cette zone tampon, quand elle sera démilitarisée si l'armée syrienne ou les forces syriennes en sont absentes ?", a-t-il demandé.

M. Sharaa a également déclaré au forum que le gouvernement Assad a certes légué de profondes rivalités, mais que la nouvelle administration privilégie la réconciliation et la tolérance pour instaurer une paix durable.

Le président a souligné que la reprise économique est un facteur de stabilité et a rappelé les efforts déployés pour convaincre Washington de lever les sanctions imposées par la loi César, initialement adoptées pour punir l'ancien régime.

Malgré les défis persistants, M. Sharaa a insisté sur la

"trajectoire positive de la Syrie vers la stabilité et la croissance économique".

Il a souligné qu'aujourd'hui,

"le gouvernement est représentatif de l'ensemble de la société syrienne suivant des critères de compétence, et non de quotas confessionnels",

décrivant cette approche comme une nouvelle voie dont d'autres pourraient s'inspirer pour gérer les affaires publiques après les guerres et les crises.

Il a ajouté que la reconstruction de la Syrie ne dépend pas des individus, mais des institutions, qualifiant ce point de

"plus grand défi de la phase de transition que traverse actuellement le pays".

Traduit par  Spirit of Free Speech

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