02/12/2009 elcorreo.eu.org  9min #33829

 Le gouvernement Us et les grands empires médiatiques du monde utilisent des « blogueurs mercenaires» dans leur offensive contre Cuba

La guerre cybernétique : Yoani Sánchez la dernière innovation contre-révolutionnaire d'Obama.

Hernando Calvo Ospina.

Il a été tandis qu'il obtenait l'information sur les politiques du président Obama vers l'Amérique Latine. Jamais auparavant la Cubaine Yoani Sánchez n'avait retenu mon attention. Mais j'ai trouvé que ses activités conciliaient avec les intérêts de ma recherche.

Par Hernando Calvo Ospina

 Rebelión. Espagne, le 1er décembre 2009.

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Nous savons tous qu'Obama n'est pas George Bush fils. Obama cherche à être un innovateur.

Il donne des tapes d'amitié et offre sa confiance. Bien que peu à peu nous nous rendions compte que derrière cette méthode affectueuse, la pratique rappelle qu'il est à Washington où doit se décider le destin des pays situés au sud du Río Bravo.

Avec Bush c'était le bâton avec le fouet. Obama désire renouveler : des baisers avec le bâton. Il l'a démontré à la perfection avec le coup d'État au Honduras. Il l'a condamné, mais il maintient les putschistes au pouvoir par derrière. Et pour sauver la face, de temps en temps il les gronde.

Les gouvernements du Venezuela, de l'Équateur, de la Bolivie et du Nicaragua, Bush les a déclarés hostiles aux intérêts de son pays. Soit des ennemis à battre. Obama leur envoie des messages de conciliation tandis qu'il renforce les plans pour les déstabiliser.

Avec Cuba, cet ennemi d'un demi-siècle, cela ne pouvait pas être différent. Là aussi, il se renouvelle. Par exemple, le 29 septembre dernier la Section d'Intérêts étasunienne à La Havane (SINA) a préparé une grande réception. Elle a invité des dizaines d'artistes et d'intellectuels cubains fidèles à la Révolution. Et à la surprise générale, aucun des contre-révolutionnaires n'a été invité, ce qui n'était pas arrivé depuis dix ans.

Cela fait peut être partie du renouveau des méthodes. Qui sait, essayer d'attirer certaines personnalités qui ont une incidence sur la population.

C'est qu'en cinquante ans la contre-révolution n'a pas servi à atteindre l'objectif premier : casser la Révolution. Elle est restée comme un produit d'exportation pour salir l'image de Cuba. Parce que ses membres sont connus seulement par leurs voisins. Aussi par les correspondants de la presse étrangère, qui avec une morbidité passionnée transmettent à leur métropole, presque exclusivement, leurs versions de la réalité cubaine.

Cette contre-révolution est discréditée parce que corrompue et inopérante.

Pour Washington il était urgent d'innover. En plus d'ordonner l'ouverture des portes de la SINA aux révolutionnaires, il a fait quelque chose qu'aucun autre président de cette Nation n'avait réalisé. Dans un temps record, il a répondu à un questionnaire d'un membre de la contre-révolution : précisément à Yoani Sánchez.

Et c'est ce qui a attiré mon attention sur madame Sánchez. D'un côté elle correspond au style du président, et de l'autre elle colle bien à la stratégie déstabilisatrice de Washington.

A Yoani la Révolution lui a facilité la vie pour qu'elle obtienne le titre de philologue. On dit sur Internet qu'ensuite elle est partie de Cuba, pour s'établir en Suisse et en Allemagne pendant onze mois. En avril 2007, vivant à nouveau à Cuba, son blog « génération Y » apparaît. ([#nb1-nh1|1])

Utilisant son ordinateur portable, depuis les hôtels, elle a commencé à faire ce que peu de Cubains et pas beaucoup d'étrangers, peuvent faire à Cuba : payer la connexion Internet. Elle le faisait des heures durant, malgré le coût élevé de ce service. Un prix qui correspond à celui que Cuba doit payer aux entreprises étrangères qui lui fournissent le service. Une des conséquences du blocus imposé par les États-Unis.

Si Yoani ressemble en quelque chose à la contre-révolution traditionnelle, c'est que dans ses écrits elle ne trouve jamais le moindre point positif dans la Révolution. Dans un langage parlé, elle parle des « malheurs » et du non-avenir de Cuba.

Chacun de ses écrits est immédiatement traduit en 18 langues. C'est probable qu'aucun autre blog au monde n'obtienne cela. Pas même les multinationales ont cette capacité sur leur web. C'est sûr, seuls certains organismes de l'ONU ou de l'Union Européenne le peuvent.

En octobre 2007, six mois avant de la création du blog de Yoani, le correspondant de l'agence Reuters a publié une dépêche à propos du blog de Yoani ([#nb2-nh2|2]). Il a été repris par plusieurs médias dans le monde.

Deux mois après, The Wall Street Journal ([#nb3-nh3|3]) recommandait à sa « Une » de lire la pleine page qu'il publiait sur elle à l'intérieur. Peu de jours après, le 3 janvier 2008, le quotidien espagnol El País publie un entretien « à la Der » (dernière page). En avril, beaucoup ont été surpris de lire que madame Yoani, une inconnue totale, avait reçu le prestigieux Prix Ortega Y Gasset, du journalisme sur internet. Celui-ci était accompagné de quinze mille euros. Le prix est offert par le groupe Prisa, propriétaire de El Pais. Un groupe et un quotidien ennemi déclaré de la Révolution cubaine.

Dans une surprenante avalanche sont arrivés davantage de prix et de mentions dans la grande presse mondiale.

En mai,  Time Magazine la place parmi les 100 personnalités les plus influentes du monde. Un an seulement après la création de son blog, le fait d'être un personnage publique, et voilà Yoani partageant une mention remarquée avec personnages comme...

. Brat Pitt, acteur reconnu étasunien, et Angelina Jolie, également actrice et Ambassadrice de Bonne Volonté de l'ONU, entr' autres . Avec des hommes politiques comme George W. Bush, Evo Morales, Hu Jintao et le Dalai Lama...

Hallucinant !

En février 2009, Yoani fut encore sélectionnée comme l'une des 10 intellectuelles les plus influentes de l'« Ibéro-Amérique ». Comme le mentionne la Fondation Carnegie dans sa revue  Foreign Policy. Ils l'ont placée au top, précédée par Gabriel García Márquez, Vargas Llosa, Fidel Castro et José Saramago. Et bien qu'on ne puisse le croire, devant Eduardo Galeano, Carlos Fuentes et Fernando Savater.

Pas même l'imagination débordante de García Márquez ne l'aurait couché sur papier !

En octobre dernier une mention lui a été accordée par le prix Maria Moors Cabot, qu'octroie l'Université de Columbia. On considère que c'est le prix le plus ancien du journalisme. En complément du prix, venaient quinze mille dollars.

L'une des particularités de ces récompenses et nominations : c'est un groupe réduit de personnes qui officie comme juges et décide. Dans aucun de ces prix n'est pris en compte le vote d'un grand nombre de personnes, ou du public en général.

Parce que quand c'est le cas, les choses changent. Si l'on regarde la page Web «  lalistawip », Yoani n'existe pas, même pas comme bloggeuse. Là, elle arrête d'être déjà une « personnalité ». Ce web est l'un des plus importants du monde dans son genre. Et bien que le Groupe Prisa et El Pais en soient les sponsors, entre autres, les statistiques se font à partir des opinions et des votes des visiteurs. Ainsi on ne peut pas tricher, parce que cela peut se voir dans les registres.

Bien que que blog de Yoani soit classée dans  www.desdecuba.com, le serveur est situé en Allemagne. C'est facilement vérifiable. De même qu'il appartient à un certain Josef Biechele. À son tour, ce site est hébergé chez le serveur européen de « Cronos AG Regensburg », une succursale de l'entreprise  Strato, également allemande.

Il existe un détail qui attire l'attention. Après avoir visité le site de ce fournisseur d'Internet, on constate qu'un bloggeur ne peut pas être son client. Il ne donne pas de liste de prix, ni les formalités nécessaires pour être client, ou les caractéristiques de ses services. Les contrats se font par contact direct.

Autre détail supplémentaires : Le dit enregistrement du nom de domaine du blog est fait à travers  GoDady, l'une des entreprises qu'utilise le Pentagone pour sa « cyberguerre ». Peut-être cela explique t-il pourquoi madame Yoani peut utiliser la technologie des Etats-Unis. En étant Cubaine et vivant à Cuba les dispositions du blocus devraient le lui empêcher.

Ainsi Yoani Sánchez est devenue une bloggeuse du renom. De plusieurs endroits, variés et puissants, lui sont arrivés des aides. Nous en avons déjà vu certaines. Ces aides, les quelque 700 bloggeurs qui vivent à Cuba ne les ont pas reçues. La majorité d'entre eux parle des problèmes existants dans le pays, mais pour améliorer la Révolution. Le contraire de Yoani.

En mettant à leur service la technologie la plus moderne de communication, les ennemis de Cuba l'ont transformé en une technologie contre-révolutionnaire d'un nouveau genre. Ils ont innové.

Il ne faut pas écarter : le fait d'être une femme et de constitution mince a aussi dû compter au moment de la sélection. Quelqu'un comme elle, affrontant cette « terrible dictature »...

« C'est révélateur - répondait le président Obama à Yoani - qu'Internet ait offert à toi et à d'autres courageux bloggeurs cubains un moyen si libre d'expression (...) Mon administration a fait des pas importants pour promouvoir la libre information en provenance et en direction du peuple cubain, particulièrement grâce aux nouvelles technologies... »

Même la contre-révolution la plus extrémiste de Miami a vu d'un bon œil le travail de Yoani. Le Conseil pour la Liberté de Cuba (CLC) lui a donné la Médaille de « Héros pour la Liberté ».

« L'un de ses dirigeants a raconté au quotidien Diario las Américas (19/11/09) que Yoani avait été « consultée si elle accepterait de recevoir la décoration maximale du CLC. Et qu'elle avait surpris en répondant que oui, et en qualifiant cela de « grand honneur ".

Et d'ajouter : « On ne peut pas ignorer que la guerre est une confrontation cybernétique. Et cela ne veut en aucune façon dire que nous renonçons à l'insurrection populaire pour renverser la dictature du Castro, mais nous appuyons simplement toute voie qui soit la bonne ».

Traduction de l'espagnol pour El Correo de : Estelle et Carlos Debiasi.

* Hernando Calvo Ospina l'auteur de cet article est journaliste et écrivain colombien résidant en France. Collaborateur du Monde Diplomatique.  www.hernandocalvoospina.com

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