21/01/2011 lesmotsontunsens.com  6min #48085

 Ceci n'est ni une Wikileaks-révolution ni une Twitter-révolution #sidibouzid

Quel rôle a joué le web dans la révolution tunisienne ?

Sur la question, chacun a son opinion : cause directe de la révolution pour les uns ; une pièce du puzzle pour les autres. Tous s'accordent cependant sur un point : le Web a permis une meilleure organisation des soulèvements.
Les tenants de la Web révolution - Nouvel Observateur, le Figaro, Le Monde : les plus ardents défenseurs d'un rôle décisif du web dans la révolution tunisienne sont, paradoxalement, les médias traditionnels.
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L’observatoire hebdomadaire du web politique #14 : Spécial Tunisie

Quel rôle a joué le web dans la révolution tunisienne ? Sur la question, chacun a son opinion : cause directe de la révolution pour les uns ; une pièce du puzzle pour les autres. Tous s'accordent cependant sur un point : le Web a permis une meilleure organisation des soulèvements.

Drapeau de la Tunisie - Crédits : Wikimedia - domaine public

Les tenants de la Web révolution 

Nouvel Observateur, le Figaro, Le Monde : les plus ardents défenseurs d'un rôle décisif du web dans la révolution tunisienne sont, paradoxalement, les médias traditionnels. 

Le Web comme catalyseur de la « révolution » :  le Nouvel Obs, par la voix de J-F Julliard, qualifie purement et simplement les événements actuels de « e-révolution », le mécontentement exprimé sur le Web ayant contribué à déloger le président tunisien. Le Monde, lui, publie une tribune d'un chercheur à l'IRIS, lequel affirme que le Web contribue à former des citoyens éclairés et politisés, donc rebelles. In fine, c'est donc bien le Web qui  serait le catalyseur de la révolte. Enfin,  certains médias algériens relaient par ailleurs la thèse selon laquelle Wikileaks et Facebook ont joué un rôle complémentaire dans le mécontentement : le premier en publiant certaines informations gênantes, l'autre en les popularisant.

Le Web comme outil d'organisation sur le Nouvel Obs,  un article revient plus en détail sur l'organisation du mouvement via le Web, un Web devenu un « outil indispensable de l'opposant » en Tunisie.  Numerama adopte le même ton : Internet aurait été en mesure de renverser le régime tunisien en raison de l'efficacité accrue de la mobilisation, une efficacité permise par le Web.

Le Web comme transmetteur d'informations : par la voix de Pierre Haski (Rue89), l' AFP se range également dans le camp des tenants de la « Web révolution » : sans Internet, de telles émeutes ne seraient pas permises, notamment grâce la bonne circulation de l'information qui a rendu possible la diffusion de l'appel à la mobilisation.

Les « pure players », incrédules

À l'inverse, les sceptiques trouvent leur place au sein des pure-players et medias spécialisés. Les blogs comme Netpolitique, Meilcour ou Guy Birenbaum figurent parmi ces incrédules.

Le Web ne fait que transmettre des informations aux médias :  Meilcour minimise le rôle du Web comme cause de la contestation tunisienne, mais insiste plutôt sur le rôle qu'a pu jouer le Web dans la prise de conscience des médias, notamment français.

Le Web permet seulement des micro évènements et/ou une structuration à petite échelle :  Guy Birenbaum, lui aussi, relativise. « Le Web n'a pas fait tomber Ben Ali » certifie-t-il. Et quoi qu'il en soit, la question de savoir si le Web a fait partir Ben Ali est « réductrice ».

Ce n'est pas le Web en général qui a joué un rôle, mais seulement Facebook : ReadWriteWeb affine l'analyse qui est faite du rôle du Web dans la contestation tunisienne. Ni Twitter, trop peu utilisé en Tunisie, ni Wikileaks, qui n'a rien révélé de neuf, n'ont eu un quelconque impact. Tout un pan de la population tunisienne était en revanche déjà présent sur Facebook et s'est donc facilement structuré au sein de cette sphère lors des soulèvements.

Finalement, à quoi a réellement servi internet ?

Et si l'issue était de poser la question à l'envers ? Plutôt que de savoir si oui ou non le Web a joué un rôle dans la contestation, posons la question de savoir si la révolution aurait pu avoir lieu sans l'existence du Web.

 Oui, sans aucun doute, répond le Foreign Policy, ni Wikileaks, ni Facebook ou quelque autre avatar du Web ne peut causer à lui seul une révolte. Quant au rôle qu'Internet a pu éventuellement jouer, seuls les chercheurs pourront répondre... dans quelques années.

Cela étant, déterminer si le Web a joué un rôle fondamental est une question. Savoir quel rôle le Web a pu, et peut encore jouer, – dès lors qu'il existe bel et bien au sein de la révolte – en est une autre.

Outil de communication rapide et efficace, il paraît indéniable qu'internet a influencé la structuration de l'opposition à Ben Ali et l'organisation du mouvement d'autre part. 

Par les multiples  stratégies d'évitement de la censure, Internet a permis une liberté d'expression incomparable en Tunisie. Outre les opposants les plus actifs, réfugiés sur la Toile, on estime à 2 millions le nombre d'utilisateurs de Facebook en Tunisie, soit 20 % de la population totale (30 % en France). Prospérant sur ce terreau fertile, le mouvement n'en a été que plus facilement structuré.

L'organisation découle de cette structuration via le Web : l'information circule d'autant plus efficacement que les cercles d'opposition sont structurés. La bonne circulation de l'information permet alors, en bout de chaine, une efficacité dont n'aurait pas bénéficié le mouvement sans Internet.

In fine, si le Web n'est pas la cause du mouvement lui-même, il est pour partie responsable de son efficacité.

Le Sénat sur le web :

- Le  site du Sénat
- Le  Sénat sur Twitter
- Le  Sénat sur Le Post
- Le  Sénat sur Dailymotion

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