28/01/2011 cadtm.org  3min #48405

 Tunisie: Le gouvernement d'« union » se fracture tandis que les protestations se poursuivent

Tunisie : au 41ième jour de la révolution !

par Fathi Chamkhi

Sur le terrain, les manifestations se sont poursuivies, notamment à Sidi Bouzid où l'Union régionale de l'UGTT a appelé à la grève générale.

Dans le même jour, la grève générale dans l'enseignement secondaire a été très suivie.

Par ailleurs, l'occupation de la place La Kasba, où siège le 1er ministre, se poursuit pour le cinquième jour. Les manifestants font l'objet d'une pression importante de la part du gouvernement, mis à part l'intervention musclée de la police de temps à autre, on parle même de tentative de corruption de la part du pouvoir qui aurait offert à chaque occupant une 'prime' de 1000 dinars (environ 480 euros) pour quitter la place ! En parallèle, la police et l'armée tentent d'intercepter l'approvisionnement qu'apportent des anonymes aux occupants de la place El Kasba.

Mais, c'est, surtout, la réunion de la Commission administrative (CA) de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) qui a retenu l'attention aujourd'hui. On parle d'une proposition qu'aurait faite 'le gouvernement d'unité nationale' (GUN) à l'UGTT.

La CA vient de terminer ses travaux il y a quelques minutes, voici ses principales décisions :

Acceptation d'un GUN allégé de certains ministres de Ben Ali, mais Ghannouchi, Jouini et Chelbi, c'est-à-dire trois ministres de Ben Ali restent au gouvernement. A noter que le GUN du 17 janvier comptait 14 ministres et secrétaires d'Etat du RCD, tandis que celui qui sera probablement annoncé demain n'aura plus que 3 RCD.

Non-participation de l'UGTT dans ce GUN revu et corrigé.

Le vote sur cette décision a été comme suit : pour 73, contre 10 (dont 2 du Bureau exécutif sur 12 membres), abstention 4.

Reconstitution des 3 commissions indépendantes afin d'y intégrer des représentants des régions et des jeunes.

Ces commissions sont
Libertés politiques...
Corruption...
Réformes

Demain, aura lieu la réunion avec les partis et les autres composantes pour se fixer sur une position finale.

D'ores et déjà, les dés sont jetés. Il s'agira demain pour les différents acteurs, à mon avis, de savoir si on sera dedans ou bien dehors. Chaque partie décidera sa position sur la question suivante : quelle sera la réaction des masses populaires, de la jeunesse et des régions ? Et bien entendu, l'intérêt propre en fonction de l'analyse de la situation.

De toute façon, et quels que soient les partis qui accepteront de rejoindre le gvt, il sera bien plus affaibli, et le ralliement probable de nouveaux partis au GUN n'y changera rien. Celui-ci aura à faire face à un sentiment populaire qui refuse toujours les ministres de Ben Ali.

A mon avis ce GUN modifié continuera à alimenter le mécontentement populaire, lequel se nourrira, en plus de la présence des ministres de Ben Ali, par les revendications sociales qui sont déjà immenses, et qui se sont aggravées de fait des retombées des luttes sociales et politiques actuelles.

Enfin, si cette nouvelle version du GUN est acceptée demain, on pourra dire que le bras de fer qui dure depuis le 15 janvier, entre le mouvement révolutionnaire, d'une part, et le camp de la contre révolution, d'autre part, qu'il a été momentanément gagné ce dernier. Mais, je le souhaite une victoire de courte durée ! Affaire à suivre...

Ah oui, j'ai oublié de vous dire que K. Morjane, ex-ministre de Ben Ali, ministre des affaires étrangères vient d'annoncer sa démission du GUN ce qui va dans le sens de la formule que j'ai évoqué ci-dessus.

Fathi Chamkhi
Tunis, jeudi 27/01/2011 à 20h

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