29/01/2011 tlaxcala-int.org  5min #48474

 Victoire : Ben Ali dégage !

Ben Ali à Djeddah : seul, sans abri et humilié - Dictateurs, prenez note !

Yvonne Ridley
Traduit par Isabelle Rousselot
Edité par Fausto Giudice

Même s’ils vivent toujours dans le plus grand luxe, l’ancien président de Tunisie, Zine El Abidine Ben Ali et sa famille sont bien prisonniers.

Comme des oiseaux dans une cage dorée, ils croupissent dans un palais situé dans le quartier le plus huppé de Djeddah mais c’est tout simplement parce que Ben Ali et sa famille aussi infâme et corrompue que lui, n’ont nulle part où aller.

Ce qui devrait sonner comme un avertissement pour les autres despotes et dictateurs de la région – particulièrement en Égypte –et leur montrer que quel que soit votre niveau d’intimité avec l’Occident, dès que vous avez un problème, ils vous lâcheront aussi vite qu’un charbon ardent.

Quand un des plus cruels oppresseurs de la planète s’est précipité pour monter dans un avion afin de fuir ce que certains considèrent comme un lynchage bien mérité, il n’avait encore aucune idée d’où il allait atterrir.

Si rapide a été sa fin.

On nous a dit qu’il partait à Malte puis en France puis à Dubaï et dans une demi-douzaine d’autres pays mais la vérité est que personne ne voulait de cet homme de 74 ans.

Désespéré, il a finalement trouvé refuge dans la cité portuaire de Djeddah, au bord de la mer Rouge le vendredi, à minuit, après que son proche allié, le président Nicolas Sarkozy eut rejeté une demande d’atterrissage de son avion sur le sol français.

Pendant ce temps, les nombreux appels à la Maison Blanche et à Obama sont restés sans réponse.

Une fois encore, les USA se sont montrés des amis bien inconstants comme l’avait déjà découvert Mohamed Reza Shah Pahlavi quand il se retrouva en exil après que son régime répressif eut été renversé par la Révolution islamique de 1979. L’ancien Shah a passé son exil en Égypte, totalement isolé et rejeté par les mêmes dirigeants occidentaux qui le soutenaient autrefois.

Le gouvernement saoudien refuse de dévoiler quelle sera la durée de son séjour mais j’aime à penser que les nombreux soldats postés à l’extérieur des grilles du palais, au nombre de six ou plus, ne sont pas là pour sa protection mais plutôt pour s’assurer qu’il reste bien à l’intérieur des hauts murs.

D’ailleurs je n’arrive pas à imaginer comment ce dirigeant laïc va réussir à s’installer dans le pays des Deux Saintes Mosquées. Ben Ali déteste tellement l’Islam qu’il a veillé à ce que ses hommes de mains brutaux maltraitent et punissent ces Tunisiens très religieux qui portaient le hijab ou la barbe.

Notamment, les Ministres des Affaires étrangères et de l’intérieur et le Secrétaire général du parti politique au pouvoir en Tunisie, le Rassemblement constitutionnel démocratique, ont déclaré il y a quelques années, qu’ils étaient tellement inquiets de l’augmentation de l’usage du hijab par les femmes et les filles et de la barbe et du kamis (chemise qui arrive aux genoux) par les hommes, qu’ils ont appelé à une stricte application du décret 108 de 1985 du Ministère de l’Education interdisant le hijab dans les institutions scolaires et pour les employés du gouvernement.

La police ordonnait aux femmes d’enlever leurs foulards avant d’entrer dans les écoles, les universités ou sur leurs lieux de travail et d’autres devaient même l’enlever dans la rue. Amnesty International a rapporté à l’époque que certaines femmes étaient arrêtées et emmenées aux commissariats où on les forçait à signer un engagement écrit à arrêter de porter le hijab.

Ce serait peut-être bien qu’on rappelle ces choses là aux Saoudiens et peut-être que, pour commencer, on pourrait condamner Ben Ali conformément à la Charia.

La même haine et crainte de l’Islam qu’éprouve Ben Ali se retrouve en Égypte où Hosni Moubarak dirige le pays d’une poigne de fer. Les prisons et les cachots d’Égypte débordent de Frères Musulmans et d’autres opposants politiques et de voix discordantes qui sont parqués à chaque fois qu’une élection approche.

La trahison de Moubarak envers le peuple palestinien et sa peur irrationnelle du Hamas montrent très bien également sa conception et son mode de vie laïcs qui sont en conflit avec l’Islam.

Le Ministère des affaires étrangères m’a demandé de quitter le Caire en décembre 2009 après que j’eus écrit un article dans lequel je disais que Moubarak avait transformé l’Égypte en factotum des USA au Moyen-Orient à cause des énormes sommes d’argent qu’il recevait volontairement des USA en échange d’une tyrannie envers le peuple de Gaza et d’un soutien à Israël.

Mais maintenant il doit se demander si s’abaisser pour l’Oncle Sam vaut vraiment la peine

Après tout, personne n’a autant rampé devant les USA que Ben Ali. En 2005, on lui a même ordonné de faire ami-ami avec l’État sioniste, un pays qui avait bombardé le sien lorsque l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) de Yasser Arafat avait ses quartiers généraux à Tunis, en 1986.

A t-il refusé de le faire ? Eh bien non, en fait, Ben Ali a même fait mieux, il a invité le criminel de guerre, Ariel Sharon, à visiter la Tunisie. Eh bien, voyez où son attitude de poltron l’a mené !

Tout comme le précédent tyran de Tunisie, il a allègrement embrassé la croupe des sionistes tout en faisant la danse du ventre devant les dirigeants occidentaux qui déclaraient être ses plus proches alliés.

Eh bien où sont ses amis aujourd’hui ?

Il se retrouve seul, sans abri et humilié.


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Publication date of original article: 15/01/2011
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