"Je suis Aziz du groupe « Le Silence Des Mosquées » et donc une des personnes françaises qui a participé à la mission "BIENVENUE EN PALESTINE" le 8 juillet dernier."
"J'ai eu la chance avec quelques camarades de pouvoir embarquer dans un avion de GENEVE à destination de TEL AVIV. A ma grande surprise plusieurs dizaines de personnes qui devaient faire le même voyage ont été arrêtées dès leur arrivée à l'aéroport de GENEVE. Sans aucune explication valable le gouvernement israélien leur refusait l'entrée sur son territoire. On leur a seulement dit qu'elles auraient été susceptibles de provoquer des troubles à l'ordre public. Notre seul souhait était de rejoindre la CISJORDANIE et JERUSALEM. Et pourtant tous étaient en règle (billet d'avion, passeport, aucun antécédent judiciaire etc...).
Pour ceux qui ont eu la chance de partir, un accueil plus qu'impressionnant nous a été réservé (plusieurs centaines de gardes, policiers, militaire etc...). Deux bus étaient présents à la sortie de l'avion. Deux militaires sont entrés dedans et nous ont fait sortir par trois. Lorsque mon tour arriva, plusieurs militaires se sont rapprochés de moi et m'ont confisqué ma sacoche et mon passeport. A partir de ce moment, j'ai compris que la suite allait être difficile.
Tandis que les ressortissants israéliens montaient dans un bus tout à fait normal, le nôtre était plein de militaires. A ce moment, toujours pas d'explication, personne ne nous adresse la parole. Puis finalement le bus s'en va, pour une destination inconnue. Les militaires nous filmaient sans avoir notre accord et sans qu'on puisse connaître la raison. Arrivés dans une route souterraine à l'aéroport, on nous fait descendre et on nous a demandé de les suivre. A ce moment là je suis accompagné de SALIM, NADIA, LAMIA, STEPHANE et d'autres personnes que je ne connaissais pas. On nous a mis dans une pièce sombre entourée de militaires. Nous étions assis sur des chaises séparées de plusieurs mètres. Nous demandions de l'eau et on nous répondait : « Taisez-vous » !
Puis un peu plus tard, un haut gradé est apparu. Nos passeports en main, il nous demanda de le suivre. J'étais le premier à m'entretenir dans son bureau. Par le biais d'une traductrice, il me demanda la raison de ma venue en Israël, mon âge, le nom de mon père, ma profession etc. Je leur ai répondu que je suis un citoyen français qui voulait se rendre en CISJORDANIE pour rencontrer les Palestiniens. Il m'a dit que mon séjour est refusé. J'ai demandé pourquoi ? On m'a répondu qu'ils étaient en droit parce que je suis une personne dangereuse. Les autres de mon groupe ont eu la même réponse. Cela a duré environ 3 heures. Ensuite nous avons été fouillés de très près, même mes chaussures ont été scannées. Ce traitement est généralement réservé aux terroristes.
Deux camions cellulaires nous attendaient dehors. Nous sommes montés et nous avons attendu sous une chaleur écrasante, avec des moteurs qui tournaient pendant plusieurs heures, augmentant celle-ci. Là, d'autres détenus de nationalités différentes nous ont rejoints.
Nous avons ensuite été conduits à la prison de RAMLE, où nous étions entassés par 10 dans des cellules réservées aux criminels. Nous avons été très maltraités. Nous étions enfermés 20 heures par jour et cela pendant 4 jours. Ni habits de rechange, ni repas avec un minimum d'hygiène ne nous ont été proposés. Nous n'avions pas le droit d'appeler nos familles. Certaines personnes malades se sont vu confisquer leurs médicaments.
Pendant ma détention, j'ai fait connaissance avec des personnes exceptionnelles qui ont rendu ma détention enrichissante. Je leur rends d'ailleurs hommage : DJIBRIl, MOHAMED, ARNAUD, YANN, KHALID, SALIM, TARIK, AHMED, et KOELS. Je salue votre détermination et courage pendant ces moments difficiles. Les gardes nous considéraient comme des animaux, toutes les 2 heures environ ils entraient dans la cellule pour nous compter et cela même au milieu de la nuit. Pour avoir de l'eau, il fallait attendre la promenade celle de la cellule étant infectée. Pour le petit déjeûner, le garde nous jetait des poivrons crus, bien entendu personne n'en mangeait. Nous avons dû demander à plusieurs reprises un savon pour pouvoir nous laver dans une seule petite douche à proximité des WC. Nous avons été obligés de laver nos habits régulièrement pour garder un minimum d'hygiène, nos affaires étant confisquées. Koels n'a pas pu supporter plus longtemps ces conditions de détention. Il a fait une insuffisance rénale suite à la confiscation de ses médicaments. Ses pieds ont gonflé à un point qu'il ne pouvait plus marcher. Il a été transporté à l'hôpital puis expulsé pour raison médicale.
Le 3ième jour, nous avons demandé l'autorisation de téléphoner à nos familles. Leur refus nous a amené à organiser une mutinerie dans les cellules. Les gardes se sont affolés et ont enclenché l'alarme. L'électricité a été coupée. Les ventilateurs ont cessé de fonctionner ce qui s'est traduit par une chaleur insupportable. Là, un gradé est venu pour entamer une négociation. Il nous a promis de faire le nécessaire. C'était un beau mensonge encore une fois ! Puis nous avons décidé d'entamer une grève de la faim, ce qui semblait les déranger un petit peu. La déléguée du consul français nous a rendu visite dans une belle pièce climatisée. Cette dame a directement pris la défense des autorités israéliennes. Elle nous a accusés d'être là pour provoquer et qu'il ne fallait pas s'attendre à être bien ou mieux traités. Voilà comment notre belle France, Etat de droit, aide ses ressortissants emprisonnés par Israël injustement.
Juste avant mon expulsion, nous avons été séparés. J'ai été mis dans une cellule encore plus horrible. J'ai pu rencontrer un palestinien qui était emprisonné dans une cellule à côté de moi. Ce dernier était en pleurs ! Il m'a demandé de l'aide ! Je lui ai répondu que malheureusement, j'étais plus qu'impuissant. A ce moment, un garde est venu et l'a fortement menacé pour qu'il se taise ! Ce fut une scène abominable. Les pleurs de ce monsieur qui demande de l'aide devant des bourreaux sans coeur, qui n'hésitent pas à utiliser la force pour s'imposer. Pays des droits de l'Homme qui donne des leçons au monde ! Je n'ai eu le temps ni de connaître son nom, ni la raison de son emprisonnement. J'ai rencontré un palestinien et cela dans le pire des endroits. J'ai aperçu le sort qui leur est réservé, je n'ose pas imaginer de quoi ces gens sont capables. Le massacre de Gaza est à leur image.
Les droits de l'Homme les plus élémentaires sont bafoués par l'État d'Israël. Ce n'est pas une surprise, le souci c'est que nous avons l'habitude d'entendre toutes ces histoires sans que justice se fasse. Le monde regarde sans bouger. Je comprends que l'Etat d'Israël impressionne. D'ailleurs pour bloquer des personnes à leur départ, sans oublier les navires en Grèce, il faut avoir du pouvoir. Cependant, cela ne nous fait pas peur, nous continuerons à nous battre pour le droit des Palestiniens ! Nous mènerons des actions non violentes jusqu'à ce que vous arrêtiez ! C'est notre engagement !
Après ces quelques jours, on nous a obligé à quitter le pays les menottes aux pieds et aux mains devant les regards haineux de quelques civils israéliens.
Il est de notre devoir de rester au courant de ce que subit cette population. Nous devons rester mobilisés pour eux et surtout ne pas lâcher. Merci pour votre soutien à notre égard.
Le temps nous donnera raison Inch Allah.
AZIZ.
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