"Message à mes concitoyens, de la part de Juliane NICOLAS :
Médiatisée à mon insu par des reportages suscités par des amis inquiets avant ma sortie de prison le 12 juillet 2011, je suis heureuse de pouvoir revenir sans intermédiaire vous confier des détails importants de cette aventure.
Qu'avais-je donc affaire dans cette galère israélienne ? La réponse est : RIEN !
Je viens d'avoir la preuve, avec quelques dizaines d'autres personnes, que, dans ce pays soit disant éclairé et démocratique, l'arbitraire peut vous conduire en prison. Si vous ne voulez pas en être sa victime, apprenez à mentir « par omission ».
C'est simple : à l'aéroport de Tel Aviv, ne dîtes surtout pas à l'officier du contrôle des passeports que vous désirez visiter la Cisjordanie ou Jérusalem-Est. Parlez simplement de votre goût pour un tourisme en Israël paré de toutes les attractions. Oubliez les Palestiniens et leur triste destin. Et bien NON,je n'ai pas voulu mentir.
A la première question posée par le fonctionnaire israélien chargé du contrôle des passeports étrangers :« quel est votre projet ? », ma réponse à été claire : « I would like to see how Israelians and Palestinians could live together. Le dialogue est imposé en anglais, on aura compris : « je désirerais voir comment Israéliens et Palestiniens pourraient vivre ensemble »
A la deuxième question « Irez-vous à Jerusalem ? », je réponds « bien sûr ! »........ !
Il n'y a pas eu de troisième question. Mon sort était déjà scellé. L'officier interrogateur ne m'a pas rendu le passeport que je lui avais présenté. J'ai été sommée de suivre une « hôtesse » jusqu'à un bureau de l'Immigration. C'était le début d'un scénario très long et laborieux doté d'attentes et de fouilles méticuleuses, sans la moindre explication fournie. La phase clef du processus conduisant à l'incarcération est, je crois, atypique.
Je me retrouve, avec quelques jeunes gens inconnus, invitée à suivre un « appariteur » zélé, secondé par des « gardes », le long d'un très long couloir. Rien ne nous est dit sur notre destination. Nous sommes réduits à l'état de petit troupeau obligatoirement docile.
Mais le couloir est décidément trop long et mon jeune voisin, à ma gauche, s'arrête tout à coup : « où allons-nous ? » Eh oui, on nous conduit quelque part, mais où ? nous ne le savons pas ! Le jeune réagit. Mouvements divers. Le jeune homme se retrouve maîtrisé au sol puis remis sur pieds. « Je veux aller en Palestine. Je refuse de vous suivre ! » La réponse claque : : « Vous me suivez ou c'est la prison ! » La réponse du petit troupeau aussi est quasi instantanée :
« Nous voulons la prison ».
Curieux choix ? Non, choix militant. Ainsi, sans se connaître, tous les petits « moutons » qui, au départ étaient conduits en catimini, ont instantanément saisi que la prison suivie d'un procès permettrait de mettre en lumière, outre l'illégalité de notre arrestation arbitraire, le sens profond de notre demande à visiter le territoire palestinien, territoire en grande partie honteusement colonisé, au mépris des « droits de l'homme » et au mépris des résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies votées depuis des années et pourtant restées lettres mortes.
Je remercie les promoteurs de la « grande mission internationale » à laquelle, avec des centaines(650...) de militants pacifiques, je me suis ralliée avec enthousiasme et qui m'a amenée à débarquer le 8 Juillet à l'aéroport de Tel Aviv.
Son but exposé sur internet était magnifique : répondre à l'invitation de 15 associations palestiniennes à venir partager une semaine de leur vie, du 8 au 16 juillet, en participant à un programme d'activités pour la paix et la justice dans un esprit fraternel. Occasion de dire non, sans violence, à la colonisation et à la discrimination. invasives..
Engagement citoyen pour l'égalité des droits humains car Israéliens et Palestiniens ne trouveront la paix tant espérée que lorsque les murs et les ghettos seront démantelés : n'en êtes-vous pas convaincus comme moi ?"