Par Jean-Marie Gläntzlen
Un étrange hasard ou un signe du ciel veut que la non-autorité palestinienne de l'ex-président Abbas (depuis le 9 janvier 2009) demande l'admission à l'ONU comme 194ème membre d'un état selon les frontières du 4 juin 1967 (et surtout pas du 11 juin 1967 après la guerre des six jours) qui sont en fait les lignes d'armistices de fin 1949 suite à la non-volonté souvent dite ou écrite des principaux « pères fondateurs » (1) de respecter l'injustice d'un partage seulement recommandé et la légitime réaction des états arabes de le refuser.
Or 194 évoque automatiquement aussi, pour beaucoup de Palestiniens de tous âges, surtout les vieux qui brandissent leur clé, la résolution 194 de l'Assemblée générale de l'ONU, le 11 décembre 1948, avec son article 11 enjoignant le droit au retour dans la partie de la « Terre de leurs aïeux » injustement attribuée aux sionistes. Suite donc, le 29 novembre 1947, à une recommandation (seulement) de partage dont plus de 9 des voix « oui » sur 33 ont été obtenues par pression ou achat. Alors qu'il y avait 56 États et un absurde article 18 de la Charte qui exigeait qu'une décision ne soit valide que si elle obtenait plus de deux tiers des voix mais - là est l'absurde - des seuls « oui » et « non ». Étant bien considéré que pour beaucoup d'États votant naïvement et illégitimement (article 12 de la Charte imposant consultation préalable de tous les habitants concernés) « oui », c'était pour les indissociables quatre clauses, dont l'union économique généralement non mentionnée, ou rien. Alors encore que déjà le fanatique Ben Gourion n'avait aucune intention de respecter la clause « internalisation de Jérusalem » à laquelle tenaient beaucoup les états de culture chrétienne, comme le fit savoir « au vieux », depuis New-York, son futur ministre des affaires étrangères.
Or non seulement le droit éthiquement inaliénable au retour et à l'indemnisation des rares survivants et de leurs descendants est toujours et encore rejeté par l'anomalie étatique sioniste et ses citoyens juifs ou khazars, mais en exigeant la reconnaissance de leur pseudo-État comme « État juif », ils veulent pouvoir légalement « inviter à partir dans leur État palestinien » ceux qu'on appelle les « Palestiniens de 48 » ou les « Arabes israéliens » qu'ils traitent comme citoyens de quatrième rang, après les séfarades et les travailleurs étrangers.
Dans tous les domaines, la permanente mauvaise foi sioniste devrait paraître évidente pour le présent comme pour le passé. Mais si ce n'est pas encore votre cas ou si vous jugez bon de « faire mieux », plutôt que des auteurs francophones plus demandés mais pas clairs si on y regarde de près, lisez et faites lire (aussi ?) les deux auteurs nettement moins imparfaits que sont le Juif né en Palestine en 1930 Claude Brzozowski dans Du foyer national juif à l'état d'Israël. Analyse d'une spoliation, ou encore « le Juif non juif » (comme il dit de lui-même) et historien luxemburgo-usaméricain Arno Mayer dans De leurs socs ils ont forgé des glaives. Histoire critique d'Israël.
Pareillement si vous voulez connaître ou suivre le point de vue des forces vives palestiniennes consultez régulièrement les sites des courageux animateurs palestiniens du BDS et de ODSG bien plus représentatifs des aspirations des dites-forces vives palestiniennes que l'ex-président et sa clique qui s'enrichissent sur ce drame.
(1) La meilleure preuve : Ben Gourion, le fondateur de l'anomalie étatique sioniste, écrivait, dans une lettre à son fils en 1936 : "Un Etat juif partiel n'est pas une fin, mais seulement un commencement. Je suis convaincu que l'on ne peut nous empêcher de nous établir dans les autres parties du pays et de la région." Et de préciser sa pensée au Conseil de Paalei Zion, futur Parti Travailliste, à Tel-Aviv en 1938 : "Les frontières des aspirations sionistes, incluent le Liban Sud, le sud de la Syrie, la Jordanie d'aujourd'hui, toute la Cisjordanie, et le Sinaï." Alors qu'il convient de rappeler que des sionistes pacifiques - tous les sionistes n'étant pas à mettre dans le même panier - voulaient vivre en Palestine en cohabitation égalitaire avec les Palestiniens d'ascendance arabe.