25/09/2011 alterinfo.net  8min #57779

 Reconnaissance d'un Etat Palestinien par L'onu

L'âge de la Faucheuse

Arrogance et double langage éhontés règnent en souverains absolus sur la diplomatie mondiale. Le respect envers les lois et les droits de l'homme internationaux est une farce. Jamais discours du président Obama n'a fait mauvaise impression d'une manière aussi flagrante comme celui du 21 septembre devant l'Assemblée générale des Nations Unies. Révélateur de l'hypocrisie et des intérêts impérialistes qui imprègnent les politiques de Washington dans le monde entier, ce discours fut aussi le moment du couronnement triomphal d'Obama comme paillasson d'Israël.

 Voltaire Network, Pepe Escobar, 23 septembre 2011

La Faucheuse n'a pas été officiellement invitée à la soirée annuelle de l'Assemblée Générale Nations Unies à New York.

La Grande Faucheuse était son nom aux temps anciens. La sinistre compagne rusée est toujours là ; toujours sous de multiples formes. Réinventant l'idée de la mort venue d'en haut, elle peut s'appeler  MQ-9 Reaper et exhiber son attelage équipé de missiles Hellfire.

Ou bien, elle peut revêtit un costard-cravate et intégrer le personnage du président de Zunie.

Réduisez-moi l'objectif dans les temps

Depuis son podium à l'ONU, Barack Obama a déclaré au monde, « N'en doutez pas, la marée de guerre se retire. »

Les néo-orwelliens experts en manipulation pourraient ici difficilement le surpasser. Se référant à l'opération de l'OTAN, bombarder démocratie la Libye, Obama a souligné : « C'est ainsi que la communauté internationale est censée travailler. »

Répliquant pratiquement au suspect habituel, un « fonctionnaire de l'OTAN » a divulgué que l'alliance venait de prolonger sa mission de promotion de la Libye pendant encore 90 jours, avant l'expiration de la carte verte, mardi prochain. Naturellement, les bombes intelligentes de l'OTAN repèrent uniquement les nuisibles, et ne font pas de dégâts collatéraux.

Quant à la « communauté internationale » - qui dorénavant n'inclut que les membres de l'OTAN et les monarchies du Golfe persique, à l'exclusion de tout les autres pays -, selon Obama, elle « devra toujours répondre aux besoins de changement » au Moyen-Orient. Comme on pouvait s'y attendre, les cibles signalées sont la Syrie et l'Iran.

Et puis, toujours dans la foulée, les habituels « responsables zuniens » ont divulgué que l'administration Obama installe ce que le Washington Post décrit comme «  une constellation de bases secrètes de drones pour les opérations antiterroristes dans la Corne de l'Afrique et la péninsule arabique. » Les cibles désignées, la  Somalie et le  Yémen, sont déjà attaquées.

Quant à l'excuse, sans surprise, c'est ce même vieil épouvantail d'al-Qaïda. Une fois encore, les «  mercenaires de la défense » du complexe militaro-industriel commencent à déboucher le Moët & Chandon.

Une flotte de tueurs aériens pas chère

Comme le savent très bien ces mercenaires, Washington est désormais impliqué dans pas moins que six guerres - ou « cinétiques, » peu importe comment les définit la Maison Blanche -, en Irak, Libye, Afghanistan, au Pakistan, Yémen et en Somalie.

Pour notre ami le MQ-9 Reaper, il n'y a pas littéralement de limite. Il étend son influence de l'AfPak [Afghanistan et Pakistan] à l'ensemble de l'Afrique orientale, en passant par le golfe d'Aden. Il sera désormais basé en Éthiopie, ainsi que dans les Seychelles, le bel archipel de l'océan Indien, célèbre pour ses fabuleuses plages touristiques 10 étoiles.

Garée dans un hangar près du principal terminal de passagers de Victoria, aux Seychelles, la flotte de « chasseurs-tueurs » MQ-9 Reapers - qui, dans le langage du Pentagone, est capable à la fois de « surveiller » et de « frapper » -, ramènera l'ensemble sur un plan entièrement nouveau, au concept de compagnie aérienne à faible budget.

Bien qu'ils soient décrits comme d'innocents jouets survolant la Somalie « pour soutenir en continu la lutte contre le terrorisme, » on pourra parier d'autres bouteilles de Moët & Chandon que les exploits de ce tueur aérien pas cher défraieront tôt ou tard la chronique.

Naturellement, aucun MQ-9 Reapers ne bombardera les  Al-Qaïda associés aux Libyens, connus naguère comme les rebelles, qui exercent désormais un contrôle militaires total à Tripoli.

Cela n'arrivera qu'après que les Islamistes inconditionnels libyens ne commencent entamer leur talibanisation routinière - que ce soit dans le cadre d'un Conseil de transition national gouvernemental ou comme force de guérilla luttant contre l'OTAN. Prendre mieux soin de ses futurs ennemis que de ses amis actuels, voilà la devise toujours honorée par le Pentagone.

Dans cette novlangue truffée de « cercles supérieurs surveillant » l'univers, il n'y a guère de pensée pour les dommages collatéraux. La  Brookings Institution , même un cercle de réflexion de ce genre, a souligné que, pour chaque « terroriste » tué, « 10 civils environ sont également trucidés. » Des estimations plus réalistes indiquent un ratio de 15 civils pour chaque « terroriste » mordant la poussière.

Et ce temps amené par le Pentagone, guerre éternelle façon American Playstation, doit être perfectionné ; les Reapers ou leurs successeurs feront bientôt leurs corvées tout seuls, en exploitant simplement le logiciel dernier cri et étranger, sans intervention humaine.

Ce qui nous amène une fois encore à Obama.

La liberté n'est pas pour vous

Depuis sa chaire à l'ONU, Obama a souligné, « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. » Cela ne s'applique pas aux Palestiniens - car s'il l'avait dit, l'actuel président de Zunie estime qu'il rejoindrait les rangs du chômage en novembre 2012.

Obama a aussi déclaré : « Des Israéliens ont été tués par des roquettes et des attentats-suicides. » Pourtant, dans son opus de 47 minutes à l'ONU, il n'a même jamais tenté d'admettre une chose du même ordre, « les Palestiniens tués par des frappes aériennes, des bombes intelligentes, des bombes stupides, des bulldozers, des tireurs embusqués, des punitions collectives et des Reapers. »

Même incidemment, Obama n'a pas non plus seulement tenté de parler des frontières d'avant 1967 d'un futur État palestinien - une chose que pratiquement toute la planète avalise. Pas étonnant, vu que récemment, Obama n'a même pas été capable de persuader le gouvernement israélien d'arrêter de construire des colonies sur des terres volées.

En ce qui concerne la position de Washington sur la soumission du statut d'État palestinien à l'ONU, des déluges d'attaques ont essayé d'expliquer comment la Zunie devait se conformer aux exigences d'Israël tout en prétendant ne pas être à sa botte.

À la veille de l'épreuve de force au sein du Conseil sécurité de l'ONU, sur 15 voix, la Palestine avait les neuf garanties qu'elle attendait pour être reconnue comme État - et obtient de cette manière au moins une victoire morale retentissante, même en considérant l'inévitable veto zunien.

D'une manière assez significative, les votes provenaient des cinq puissances émergentes du  BRICS, Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, plus la Bosnie, le Gabon et le Nigeria. L'Allemagne, la Colombie et la Zunie se tenaient prêts à voter contre. Alors, inévitablement, Washington a exercé une grande pression impérative sur la Bosnie (un pays à majorité musulmane), le Gabon et le Nigeria (un membre de l'Organisation de la Conférence islamique, OCI).

Cela n'a pas d'importance que l'idée d'un État palestinien fait quasi-unanimité dans la communauté internationale - un vrai État de chair et de sang, pas ce fantôme brandi par Washington.

Cependant, un coup d'oeil comparant sur la carte l'érosion de la terre palestinienne entre 1946 et 2011, suffit à montrer qu'Israël a déjà détruit la solution à deux États, indépendamment de ce qui se passe à l'ONU.

L'important, ce sont les « faits sur le terrain, » Israël en dominatrice suprême de la politique étrangère et du Congrès de Zunie, ses prostituées. Ce qui importe, c'est Obama tentant de séduire les Musulmans avec des fleurs de rhétorique à Istanbul et au Caire, juste pour les soumettre docilement, et ressentir le fouet de la dominatrice quand les choses se gâtent.

Et tout ça pendant que, de l'Afrique du Nord au Moyen-Orient, les foules luttent pour cette même « liberté » dont jouissent apparemment les Zuniens (et les Israéliens), mais qui est toujours interdite aux Palestiniens.

Peu importe ce qui se passe à l'ONU, Israël obtient l'affaire du siècle. Sous couvert d'un retour au « processus de paix » mort-vivant, les gouvernements israéliens successifs parviennent à voler la terre palestinienne, construire des colonies illégales et remettent les choses au lendemain, pendant que la Zunie paie la lourde addition politique.

Non seulement Washington casque pour les colonies, mais il se bat contre pratiquement tous les ennemis d'Israël, éveille l'hostilité meurtrière de 1,3 milliard de Musulmans partout dans le monde, dépense des billions de dollars, et fait banqueroute en déployant sa «  guerre contre le terrorisme. »

Ce qui nous amène à une autre personnification de la Grande Faucheuse.

Elle peut être un MQ-9 en AfPak ou sur la nouvelle route meurtrière des Seychelles et de Somalie. Elle peut être dirigée par le président de Zunie. Et elle peut répondre au nom de Bibi. Elle est ici, là, partout. Craignez la Faucheuse. Sinon...

Original :  www.voltairenet.org/The-age-of-the-Reaper

Traduction copyleft de Pétrus Lombard

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