Il n'y a pas que le gouvernement grec qui soit à court de liquidités. Les banques du pays, elles-aussi, souffrent de terribles difficultés de financement.
Pris en tenaille entre une fuite des dépôts bancaires vers l'étranger, et leur impossiblité de se financer sur le marché interbancaire en raison de la dégradation de leur note par les agences de notation, les banques hellèniques n'ont d'autre choix que de se tourner vers la banque centrale pour se financer.
Les multiples plans de sauvetage du pays, qui prévoient environ 30 milliards d'euros rien que pour la nationalisation des banques, n'ont pas suffit à enrayer l'enlisement des banques. En fait, le secteur n'a cessé d'avoir davantage recours aux prêts de la BCE pour faire face à la fuite des dépôts dont il est victime. Depuis 2 ans, pas moins de 69 milliards d'euros ont quitté les banques du pays. Raison principale : le comportement des grecs, qui vont placer leur argent en Suisse ou retirent de grosses sommes en cash qu'ils gardent chez eux, de crainte de perdre leur épargne si leur banque faisait faillite.
En septembre, le mouvement s'est de nouveau acceléré avec des retraits massifs de 5,9 miliards d'euros. Parallèlement, les prêts de l'eurosystème aux banques grecques atteignaient 104 milliards d'euros sur la même période. Un record depuis le début de la crise.
Jusque cet été, c'est la Banque centrale européenne qui avait pris sur elle de garantir le refinancement des banques grecques. Compte tenu de l'application du plan de sauvetage en partenariart avec l'UE et le FMI, Francfort avait même accepté de fermer les yeux sur ses exigences de collatéral, permettant ainsi aux banques grecques d'apporter à la BCE ses titres de dette souveraine en échange de liquidités.
Liquidités d'urgence de la banque de Grèce
Mais avec le plan de sauvetage renégocié le 21 juillet dernier, qui prévoit notamment une décote de la dette grecque, les banques grecques se sont retrouvées dans une situation plus difficile encore.
C'est pourquoi la Banque centrale de Grèce a alors décidé en août dernier d'activer les "emergency liquidity assistance", un outil monétaire qui lui permet de prêter aux banques en dernier ressort afin de parer à une crise de liquidités temporaire. Ces prêts sont plus onéreux pour les banques commerciales que les taux directeurs de la BCE, mais ont l'avantage de ne ne pas être soumis à des exigences de garanties... autres que la garantie du gouvernement, celle-ci étant acquise avec le plan de sauvetage.
Selon les données fournies par la banque centrale de Grèce, l'utilisation de ces liquidités d'urgence a explosé en septembre, passant de 6,5 milliards d'euros en aout à 26,5 milliards en septembre.
L'importance de ces montants n'est pas sans poser question : comment les banques grecques vont-elles rembourser de telles sommes ? Et si elles ne le peuvent pas, qui paiera pour elles ?
L'expérience de l'Irlande montre que l'utilisation massive de ces prêts inquiète davantage qu'elle ne rassure les investisseurs, faisant de ces opérations théoriquement temporaires une dépendance. Quant à la seconde question : soit le gouvernement grec paie la facture, ce qui alourdira la dette nationale, soit c'est la banque centrale qui essuye les pertes, auquel cas l'Etat grec, son actionaire, devra probablement la recapitaliser... Dans tous les cas, les citoyens seront donc perdants.
La fuite des dépôts bancaire continue en Grèce... -5,9 milliards d'euros en septembre !