par Arthur Lepic
Gilles Jacquier, reporter de guerre travaillant pour France 2 (Envoyé spécial), entré de sa propre initiative en Syrie pour couvrir les événements qui déstabilisent le pays, est mort aujourd'hui à Homs, sous le feu des roquettes de l'« Armée syrienne libre ». Cette attaque a causé la mort de huit personnes et en a blessé 25 autres, dont aucune ne portait d'arme d'après nos sources.
La veille, le reporter avait quitté le voyage de presse organisé à sa demande, arguant qu'il n'était pas interréssé par les rencontres avec des leaders politiques et religieux qui lui avaient été proposées. L'AFP avait loué un véhicule privé pour qu'il se déplace à sa guise.
Au moment des faits, le journaliste décédé se trouvait avec des confrères français et belges à proximité d'une manifestation pro-gouvernementale.
Une première roquette, tirée par un lance-roquettes portatif, selon les uns, ou un obus de 82 mm selon les autres, a frappé les manifestants, tuant huit personnes. Après avoir évalué la situation en montant sur une terrasse, M. Jacquier et son cadreur ont voulu s'approcher des cadavres pour les filmer, lorsqu'un second projectile s'est abattu à proximité, tuant le reporter français et blessant sérieusement son confrère.
Ce drame nous rappelle que le peuple syrien est confronté à des groupes armés faisant feu de manière indiscriminée sur des personnes non armées dans les rues de certaines villes du pays. Il s'agit d'une guerre non-conventionnelle et en aucun cas de répression musclée de « manifestations pacifiques », comme ont pu le constater les observateurs de la Ligue arabe.
M. Jacquier et ses confrères avaient un rendez-vous avec des membres de l'opposition armée et s'estimaient donc protégés par elle, mais les journalistes n'étaient pas encore entrés dans le quartier qu'ils contrôlent et se trouvaient donc dans la partie qu'ils attaquent de manière indiscriminée. Intoxiqués par la propagande atlantiste, et ayant refusé d'écouter les témoignages des victimes précédentes, ils ont mal évalué la situation et se sont inutilement exposés.
En haut à gauche de l'image, le point d'impact du projectile qui a tué Gilles Jacquier. Caractéristique d'une roquette thermobarique, cet impact présente peu de dégâts matériels, contrairement à celui d'un obus de mortier qui forme un cratère et des traces de fragmentation. En revanche, le souffle de l'explosion peut tuer dans un rayon de 10 mètres en écrasant les organes internes des victimes. Ces dernières ne présentent alors pas de blessures apparentes, mais succombent à une hémorragie interne.
Peu de temps après la tuerie, l' « Observatoire syrien des droits de l'homme », l'organe de propagande des gangs armés basé à Londres, a prétendu que le groupe de journalistes avait été la cible d'"obus de mortier", faisant planer un doute sur l'origine des tirs car l'armée n'a pas recours à ce type de lance-roquettes dans le cadre de ses activités de maintien de la sécurité. Cependant les images tournées sur place peu de temps après l'attaque et diffusées par la télévision syrienne montrent clairement l'impact d'une roquette thermobarique « RPG-7 » sur le trottoir (et non pas un cratère d'obus) tandis que les victimes sont évacuées, ainsi que les ailettes de la roquette, récupérées par les habitants du quartier.
Habitant de Homs montrant à la caméra de la chaîne syrienne al-Dounia les ailettes de la roquette de type « RPG-7 » qui aurait causé la mort du reporter français.
Le Réseau Voltaire présente ses condoléances à la famille et aux collègues de M. Jacquier.
Ce texte a été rectifié le 13 janvier à 15 H GMT