17/01/2012 info-palestine.net  4min #62247

 Standard & Poor's sanctionne la rigueur européenne

K. Habib : Quand le donneur de leçons se fait moucher

Kharroubi Habib - Le Quotidien d'Oran

Bien peu sont les citoyens lambda à travers le monde à savoir, avant le début de la crise de la dette européenne, qu'il existait des agences internationales privées dont le rôle consiste à évaluer la cote de confiance à faire à la signature des États en matière de prêts financiers sur les marchés.

C'est avec le début de la crise grecque que ces citoyens ordinaires ont découvert, étonnés et perplexes, qu'une notation par ces agences peut engendrer un séisme économique et social mais aussi politique pour le pays concerné. Mais la véritable influence dont ces agences disposent ne s'est révélée dans toute son inquiétante puissance que quand, partant du maillon faible européen qu'est la situation de l'État grec, elles ont, par dégradations successives de leur note de confiance, mis sur la sellette des puissances économiques censées être insubmersibles, telles l'Espagne, l'Italie ou la France. En fait, toute la zone euro, pool d'États aux économies apparemment bien assises, a vu sa cote de confiance dégradée par ces « sentinelles » des marchés de la finance. A l'exception de l'Allemagne, de la Slovénie et du Benelux, sans la Belgique.

Pour l'homme de la rue en Algérie, totalement ignorant du fonctionnellement de la sphère financière internationale, l'intervention de ces agences et les conséquences qu'elles ont sur les politiques économiques et sociales des États sont impossibles à admettre, car remettant en cause le dogme de la souveraineté nationale tel que le percevant. Mais que ce soit des États européens qui se voient contraints de passer sous les fourches caudines imposées par ces agences, n'a pas été sans lui procurer de la jubilation. Il s'aperçoit en effet que ces États, qui font la morale et se donnent en exemple au reste du monde, ne sont pas aussi vertueux et irréprochables qu'ils paraissent. Il découvre en la circonstance qu'ils sont aussi mauvais gestionnaires de leurs finances publiques et piètres organisateurs de leurs économies nationales que le sont les États de l'hémisphère Sud de la planète, à qui ils se piquent de faire la leçon à leur moindre mauvaise passe économique ou financière.

De ce côté-ci de la Méditerranée, la jubilation au camouflet infligé à la zone euro par les agences internationales de notation est d'autant plus exubérante que dans le lot des « mauvais élèves » pointés par elles, se trouve la France sarkozyste. Et oui, les Algériens, qui ne portent pas dans leur cœur le président français, ne cachent pas le « plaisir » qu'ils éprouvent à voir son quinquennat s'achever sur la mauvaise note qui a été décernée à la France. Peu leur chaut que les dégradations de note dont ont fait l'objet les États de la zone euro sont susceptibles d'avoir, à moyen ou long terme, des incidences négative sur la situation financière ou économique de l'Algérie. Ils ne retiennent que la probabilité de l'impact politique que l'abaissement de la note française pourrait avoir dans l'Hexagone. Qu'elle contribue à faire échouer la candidature de Sarkozy à sa propre réélection, c'est tout ce que beaucoup d'Algériens proclament ouvertement espérer.

Excessive, outrancière, la posture de l'homme de la rue en Algérie à l'égard du président français et de son bilan l'est sans aucun doute. Il faut pourtant reconnaître qu'il a tout fait et plus pour la provoquer. Et l'Algérien lambda n'est pas le seul à jubiler aux « malheurs » de l'actuel locataire de l'Élysée. Que l'on interroge le Grec, l'Italien, le Portugais et tant d'autres Européens ordinaires qui ont dû subir la morgue pleine de suffisance de celui qui s'est piqué de faire la leçon au monde et de le « sauver » de la débâcle financière.

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