13/02/2012 mondialisation.ca  4min #63544

 Grèce : 25.000 manifestants devant le Parlement, premiers incidents

Athènes ce soir... peuple et casseurs bancocrates

par Panagiotis Grigoriou

Mikis Theodorakis Place Syntagma - 12/02/2012 (photo eurokinisi)

Le Mémorandum II c'est la guerre. On le savait de toute façon. La Place de la Constitution devient ce soir un champ de bataille, pas le seul. Les journalistes sur les lieux désignent déjà plusieurs « fronts » autour et sur la Place de la Constitution. La terminologie est guerrière, comme il se doit, « attaque, replie, tactique, blessés ». Tout a commencé au moment où Mikis Theodorakis et Manolis Glezos (héros de la Résistance – 1940) s'apprêtaient à rejoindre les milliers de manifestants devant le « Parlement ». En ce moment précis, les colonels-bancocrates ont alors donné l'ordre d'attaquer les citoyens. Tel fut leur plan. Provoquer des « incidents » pour « annuler » la marche citoyenne. Plan rodé et connu.

Plan assez réussi pour l'instant. Faire bruler la ville par les "casseurs", toujours prêts à "rendre service", montrer que "la rue" est "dangereuse", rejoignant le chef de l'extrême droite dans ses déclarations. Et surtout dissuader les citoyens à manifester. Ainsi au moment du vote la place sera vidée, et on peut parier que ce lundi, les médias vont se focaliser sur les destructions en ville, et non pas sur le sens du vote.

Je remarque que l'exécution de ce plan, a été davantage précipitée en termes de temps, de "moment opportun", qu'en juin dernier. Faire voter un texte anticonstitutionnel ayant en face plusieurs milliers de citoyens en train de manifester (pacifiquement) n'est pas supportable, c'est une image cauchemardesque, comportant de surcroit, le risque de « déstabiliser » également les opinions publiques ailleurs qu'en Grèce dans le "mauvais" sens. Donc, "offrant" lundi matin, un centre ville en partie détruit, c'est également déstabilisateur, mais allant dans le sens des maitres gouvernants. Les repères seront brouillés, la peur et le désespoir peuvent renaître chez les Grecs, surtout à présent, car ils semblaient, ne plus avoir peur. Voila l'essentiel du vrai sens de cette Athènes, si allumée ce soir. Pour le reste; casseurs attitrés et vrais manifestants en colère, ont fait le.... reste. Ah, et il ne faut pas oublier ceci : sans l'usage généralisé des lacrymogènes et autres trouvailles chimiques, les casseurs n'auraient pas pu trouver matière... dangereuse. Ils auraient été neutralisés par les manifestants.

Ce n'est pas par hasard si tout a commencé, lorsque Mikis Theodorakis et Manolis Glezos ont voulu pénétrer dans hémicycle, pour « regarder les députés droit dans les yeux et leur dire : Vous vous apprêtez à voter la mort de la Grèce » (selon leurs propres déclarations).

Le personnel médical de « l'Assemblée Nationale » a aussitôt conduit au dispensaire Manolis Glezos, car il a subi un malaise. Vers 19h48, alors rétablis, ils sont restés dans le bâtiment. Nombreux sont les manifestants qui ne quittent pas le centre de la ville, certains tentent leur retour sur la Place de la Constitution.

Ce midi, entre temps, une première expertise juridique émanant des juristes du « Parlement » faisait état de l'inconstitutionnalité du Mémorandum II. Mais nos députés... Merkoziens veulent passer outre.

A l'intérieur du « Parlement » le ton monte. Un député communiste, a fait du Mémorandum II (700 pages), un projectile, alors jeté sur le ministre Venizelos en pleine séance.

Cette nuit fut longue (elle ne sera pas la seule), de plus en plus de citoyens tentaient encore tard dans la soirée, à reprendre leur place et notre... Constitution. Sauf que les "casseurs" orchestrés sont également des éléments vitaux du régime bancocrate. Terre brûlée.

Un député communiste, a fait du Mémorandum II un projectile

Panagiotis Grigoriou. Historien et ethnologue

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