Pierrre Barbancey - L'Humanité
Tel-Aviv veut se saisir de l'opportunité de l'affaiblissement du régime de Damas, acculé par les Occidentaux, pour attaquer Téhéran, son principal allié dans la région, et met son opinion en condition pour le déclenchement d'une opération.
Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a bien compris tout le bénéfice qu'il pouvait tirer de la tension existante en Syrie. Surtout, il a bien perçu que le but ultime des Occidentaux était d'isoler l'Iran. En faisant tomber le régime de Bachar Al Assad et en affaiblissant le Hezbollah libanais, l'entreprise semble à portée de main. Israël voudrait aller plus loin contre l'avis des chefs de « l'armée et des services de renseignement ». Pour Netanyahou et son ministre de la Défense, Ehoud Barak, Israël doit jouer sa partition dans la stratégie régionale des États-Unis et de l'Otan, ne pas se laisser marginaliser comme ce fut le cas en 1991, lors de la guerre du Golfe, quand Washington a préféré écarter Tel-Aviv pour se gagner le soutien de Riyad et de... Damas, contre Saddam Hussein !
Tel-Aviv a lancé une série de raids aériens
Durant le premier trimestre de cette année, le secrétaire général des Comités de résistance populaire de Gaza, Zuhair Al Qaisi, a été assassiné par l'armée israélienne. Immédiatement après, des roquettes ont été lancées depuis la bande de Gaza. Tel-Aviv a néanmoins lancé une série de raids aériens, faisant monter un peu plus la tension. Mobilisée pour l'occasion, la plus grande partie de la presse israélienne a fait ses choux gras du nouveau système antimissile, baptisé Dôme de fer, activé pour l'occasion. Des images sensationnelles avec, près des batteries, Benyamin Netanyahou et Ehoud Barak.
Dans Haaretz, Zvi Bar'el démontait la manœuvre permettant à Netanyahou de « vendre » la guerre contre l'Iran : « Après que Dôme de fer a montré son efficacité à 95 %, il n'y a pas de meilleures preuves pour les citoyens israéliens qu'ils ne souffriront pas de dommages sérieux suite à une attaque contre l'Iran. L'escalade à Gaza est une bonne affaire pour Israël, c'est-à-dire pour ceux qui soutiennent l'idée d'attaquer l'Iran. ».
Selon la presse israélienne, Netanyahou et Barak souhaitent attaquer les sites nucléaires iraniens avant l'élection présidentielle américaine de novembre. « Il n'y a pas de place pour l'hystérie. Le front israélien est préparé comme il ne l'a jamais été », assure Matan Vilnaï, très récemment encore ministre de la Défense passive. Selon un haut responsable de la défense, Israël a amélioré son système de défense antimissile Arrow II dans le cadre d'une « course technologique » soutenue par les États-Unis contre l'Iran et la Syrie.
L'appel d'universitaires et de militaires israéliens
Hier, Israël achevait le test d'un système d'alerte par SMS pour prévenir la population civile en cas d'attaques de missiles, envoyant des messages sur les téléphones portables des habitants de Jérusalem et d'autres villes. Mais 500 universitaires et militaires israéliens à la retraite ont signé une pétition appelant les pilotes de chasse à refuser de mener une attaque unilatérale : « Nous vous lançons cet appel avec une profonde inquiétude et angoisse. Notre destinée, notre avenir est entre vos mains. »