Le juriste espagnol Baltasar Garzón sera en charge de la défense de l'ancien président bolivien Evo Morales, sur lequel pèse un mandat d'arrêt émis par le gouvernement de facto de Jeanine Añez.
Evo Morales lui-même, réfugié en Argentine, a déclaré jeudi 19 décembre qu'il intenterait une action en justice pour annuler le mandat d'arrêt délivré contre lui de Bolivie et que l'équipe choisie pour ce travail serait dirigée par Garzón.
« Nous sommes une équipe internationale, avec le Dr Baltasar Garzón en Europe », a déclaré Morales après avoir été officiellement accusé de « sédition et terrorisme » par le procureur bolivien.
Evo Morales a été contraint de démissionner en raison de la pression des manifestations promues par l'opposition après les élections, au cours desquelles, selon l'OEA, il y a eu des « irrégularités ».
Le processus contre Evo, qui a démissionné le 10 novembre après avoir subi des pressions de l'armée, est basé sur un audio dans lequel la voix de Morales serait entendue donner des instructions à l'un de ses partisans, le cultivateur de coca Faustino Yucra, pour bloquer les routes et interrompre l'approvisionnement en nourriture de certaines villes.
« Je n'ai pas peur des détentions, j'étais combien de fois détenu et confiné... isolé et réfugié, j'en avais juste besoin », a expliqué Morales.
Evo Morales, qui a presque durant quatorze ans été au pouvoir, a été contraint de démissionner en raison de la pression des manifestations encouragées par l'opposition, après des élections au cours desquelles, selon l'Organisation des États américains, il y aurait eu des « irrégularités ». En fait l'OEA a dû reconnaitre qu'il n'y avait pas eu d'irrégularité.
Mais cette annonce a servi de prétexte à un coup d'Etat déclenché à partir de l'ambassade des Etats-Unis par des groupes factieux d'extrême-droite qui ont fait régner la terreur. La police et les commandants militaires ont suivi.
Après sa démission, plusieurs villes boliviennes, principalement La Paz et El Alto, ont souffert de pénuries de nourriture et de carburant, ce qui a contraint le gouvernement de facto de Jeannine Añez à permettre à des ponts aériens de les approvisionner.
Jeanine Añez a également ordonné une répression féroce contre les partisans d'Evo, faisant plus de 30 morts et des centaines de personnes incarcérées. On annonce également un milliers de disparus, principalement des jeunes ouvriers et indigènes.
Morales, 60 ans, a une nouvelle fois insisté pour que le Mouvement socialiste (MAS), le parti qu'il dirige, remporte les élections convoquées par le gouvernement de transition, sans avoir encore défini une date.
Le gouvernement putschiste continue à faire régner la terreur et tente par tous les moyens d'interdire le MAS
Note d'explication pour ceux qui en France ne connaitraient pas Garzon, qui est un juriste internationalement célèbre.
Garzón s'est fait connaître au niveau international en lançant un mandat d'arrêt contre l'ex-dictateur chilien Augusto Pinochet afin de l'entendre sur la mort et la torture de citoyens espagnols à la suite du coup d'État de 1973 au Chili.
Ces poursuites s'appuyaient sur le rapport de la Commission chilienne de la vérité (1990-1991), ainsi que sur un câble de l'agent du FBI Robert Scherrer concernant l'opération Condor.
Après la mort de Pinochet, il continua d'enquêter sur des blanchiments d'argent commis sous la dictature.
C'est dans cette procédure qu'il tenta également d'entendre l'ex-secrétaire d'État américain Henry Kissinger sur ses relations avec les régimes autoritaires installés dans les années 1970 en Amérique latine et concernant ce que l'on a appelé l'« opération Condor ».
Garzón engagea des poursuites pour génocide contre des fonctionnaires argentins pour la disparition de citoyens espagnols durant la dictature argentine de 1976 à 1983.
En avril 2001, il demanda au Conseil de l'Europe d'exclure le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, membre de l'assemblée parlementaire du Conseil (enquête sur sa Telecinco).
En décembre 2001, Garzón entama une enquête sur les comptes à l'étranger de la deuxième plus grande banque espagnole BBVA, pour délit de blanchiment d'argent.
En janvier 2003, le magistrat critiqua le gouvernement des États-Unis pour la détention de suspects d'Al-Qaïda sur la base militaire de Guantánamo à Cuba. Il mena également campagne contre la guerre en Irak de 2003.