27/06/2024 mondialisation.ca  5min #251322

 Macron recule-t-il? La France n'ira pas «s'engager sur le sol ukrainien demain», déclare le Président français

Macron : marche arrière sur les troupes françaises en Ukraine avant les législatives

Par  Karine Bechet-Golovko

Alors que les législatives se dérouleront dans quelques jours, les intentions de vote des Français montrent un désaccord profond de la population avec le fanatisme guerrier de Macron. 83% des personnes interrogées sont opposées à l'envoi de troupes françaises en Ukraine, ils étaient 75% en février. Ainsi, malgré la propagande intrusive et massive, la population se refuse à prendre le risque d'une guerre contre la Russie. Le parti présidentiel se trouve alors en troisième position et dans une dernière tentative électoraliste, Macron allège son discours : vous ne m'avez pas bien compris, rassurez-vous, nous n'irons pas nous engager sur le sol ukrainien – demain. Après-demain, quand les élections seront passées, si l'ordre en est donné après le Sommet de Washington, nous en rediscuterons.

Macron enchaîne les déclarations à un rythme effrayant, n'ayant pas peur de se contredire d'un jour à l'autre. Le bruit remplace le sens, l'une efface l'autre, comme un parchemin qui s'efface et se réécrit en permanence. En fonction d'impératifs conjoncturels, sans pour autant avoir de lien avec une quelconque stratégie, que de toute manière il ne maîtrise pas.

Ainsi, après avoir plus d'une fois affirmé en choeur avec le ministre de la Défense que la France se préparait à envoyer des militaires français, officiellement cette fois, en Ukraine, sans oser dire qu'ils soient engagés dans le combat contre l'armée russe,  Macron fait une déclaration – tout aussi floue, mais devant rassurer les Français avant les élections législatives.

Le chef de l'Etat était interrogé par le podcast «Génération Do It Yourself» (Faites-le vous-même) sur la «peur» d'un Français qui redoute que le conflit dégénère, voire atteigne la France. «Je comprends très bien et je pense qu'il n'est pas tout seul», a-t-il répondu, selon un extrait diffusé lundi. «Je ne pense pas qu'il y ait de guerre qui arrive sur notre sol, je veux le rassurer. Ni qu'on aille s'engager sur le sol ukrainien demain, je veux le rassurer aussi», a-t-il ajouté.

D'où vient ce changement de ton, devenu paternaliste après s'être rêvé chef de guerre ? Un général sans armée ne va pas loin et Macron s'est retrouvé bien seul dans cette aventure atlantiste, avec la Pologne et les pays Baltes. Donc le temps n'est pas venu, d'autant plus que le calendrier politique national oblige à quelques concessions. Selon les dernières  estimations de vote, le parti présidentiel est en troisième position derrière celui de Marine Le Pen et le groupe de Mélenchon.

Macron est impopulaire. En plus de sa personne, le désaveu s'étend à la politique qu'il mène – radicalement atlantiste et anti-française. Tout élu, qui mène une politique globaliste, est impopulaire, car il gouverne contre son pays et contre son peuple. Ce qui explique la faible popularité des élus dans les pays occidentaux.

Et le désaveu populaire touche la question centrale de la politique globaliste aujourd'hui – l'implication de la France dans le conflit atlantiste en Ukraine.

Selon la dernière fournée de l' Institut Montaigne, malgré la propagande, la peur de voir le conflit s'étendre à d'autres pays voire à la France est en baisse. Or, c'est bien sur ce point qu'est basée toute la rhétorique de Macron devant justifier l'envoi de missiles, d'avions de chasse et de militaires français en Ukraine. Soi-disant, si la Russie gagne en Ukraine, le méchant Poutine viendra à Paris. Les leçons de l'histoire ont manifestement été mal retenues – ou réécrites pour les besoins de la cause.

Dans tous les cas, les Français sont formellement opposés à un engagement militaire français en Ukraine :

En févier, ils étaient 75%, ils sont désormais 83%. Et comme le RN marque son refus d'envoyer des troupes en Ukraine, Macron est obligé de faire quelques pas en arrière – pour l'instant. La position de Bardella est ambivalente : on soutient l'Ukraine, mais on ne fait pas la guerre à la Russie. A la différence de la macronie, nous sommes bien dans la globalisation, mais modérée.

Or, le système globaliste se radicalisant de plus en plus, il ne peut plus supporter même cette opposition confortable. Si le RN passe, c'est toute la machine atlantiste qui va se lever pour le combattre.

Et c'est justement la raison pour laquelle ce serait bien qu'il passe. Car soit il va devoir tomber le masque et s'aligner, ce qui ôtera leurs illusions aux gens et ouvrira la porte à une véritable opposition, soit il va devenir ce que les électeurs attendent – une véritable alternative. Dans tous les cas, la machine de guerre atlantiste conduite en France par Macron sera pour un temps enrayée.

Karine Bechet-Golovko

La source originale de cet article est  Russie politics

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