Malgré les efforts de conciliation de Facebook depuis juillet, Israël fera quand même examiner son projet de loi sur la suppression de contenus Web incitant à la violence.
Le gouvernement israélien a voté, le 25 décembre, la présentation devant la Knesset (parlement) d'un projet de loi permettant aux tribunaux d'ordonner la suppression de contenu internet incitant à la violence, et ce avec Facebook en ligne de mire. Le projet était soutenu depuis juillet par la ministre de la justice Ayelet Shaked et le ministre de la sécurité publique Gilad Erdan. Le gouvernement israélien a déclaré le même jour vouloir discuter de mesures encore plus dures contre les contenus violents sur Internet, sans donner plus de précisions.
Retirer le contenu incitatif doit être obligatoire et non au gré d'un coup de tête
« Bien que l'incitation mène à la terreur, Facebook et les autres entreprises du web ne répondent toujours pas à toutes les requêtes de la police pour retirer le contenu incitatif ; et dans certains cas, un long laps de temps s'écoule avant que ce contenu ne soit retiré, selon les mots de Gilad Erdan. Ainsi, une nouvelle loi est nécessaire pour nous donner les outils pour faire que le contenu susceptible de conduire au meurtre et à la terreur soit retiré immédiatement ».
Quant à Ayelet Shaked, bien qu'elle se félicite que 71 % des 1 755 requêtes pour incitation à la violence aient reçu une réponse immédiate de la part des entreprises du web, elle insiste pour dire qu'il « est important que cela soit obligatoire et non au gré d'un coup de tête ».
La ministre de la justice Ayelet Shaked avec le président israélien Reuven Rivlin. CC Mark Nayman
Tehilla Shwartz Altshuler, cheffe du Centre pour les valeurs et institutions démocratiques de l'Institut israélien de la démocratie, a qualifié auprès de Bloomberg le projet de loi d'« assaut contre la liberté d'expression à une échelle internationale ». Elle insiste sur le fait que le projet israélien serait beaucoup plus dur que les législations européennes, contrairement à ce que répète le ministre Erdan.
Dans un e-mail adressé à Bloomberg, Facebook affirme travailler « agressivement » à retirer le contenu problématique « aussitôt qu'il en prend connaissance », tout en ayant des « considérations prudentes des implications du projet de loi pour la démocratie israélienne, la liberté d'expression, l'Internet libre et le dynamisme du secteur internet israélien ».
En juillet, le ministre Gilad Erdan avait accusé Facebook de complicité dans les violences, déclarant que le sang d'une adolescente israélienne poignardée dans son lit était « partiellement sur les mains de Facebook ». La firme de Menlo Park s'était déjà accordée avec Tel Aviv en septembre 2016 pour créer des équipes coordonnées dans la lutte contre l'incitation à la violence, insistant sur sa « tolérance zéro pour le terrorisme ». Ces dispositions n'ont visiblement pas suffi à contenter l'État hébreu.