Le CADTM publie régulièrement sur son site Internet des contributions avec lesquelles il n'est pas forcément en accord dans leur totalité. En tant qu'organisation plurielle engagée pour l'abolition des dettes illégitimes, contre toute forme d'oppression et pour la satisfaction des droits fondamentaux sur l'ensemble de la planète, elle n'a pas besoin de se positionner précisément sur tous les sujets. Cela ne l'empêche pas de publier volontiers des réflexions intéressantes comme celles-ci.Nous livrons ici deux contributions sur la question de l'emploi, du travail et du revenu :
- « Dette et emploi, les dogmes de droite qui scotchent la gauche » de Thierry Müller
- « Repenser le travail, la valeur et les revenus » de Jean-Marie Harribey, publié dans Mateo Alaluf et Daniel Zamora (dir.), Contre l'allocation universelle, Montréal, Lux Éditeur, 2016, p.47-80
Concernant cette contribution, le CADTM tient à souligner que - selon lui - le dogme qui paralyse actuellement la gauche sur la question de la dette n'est pas la proposition de l'auditer et d'annuler la dette illégitime (cette position reste malheureusement minoritaire dans la gauche actuelle) mais plutôt d'accepter la dette, de ne pas remettre en cause sa légitimité et de se limiter à vouloir la restructurer afin de rendre son remboursement soutenable.
Depuis plus de trente ans, l'Europe est coincée sous deux chapes dogmatiques. Celles-ci s'expriment sous la forme de la naturalisation |1| de ce qui relève en réalité de pratiques délibératives. C'est le fameux acronyme de TINA, There is no alternative : pour relever l'économie nationale, auquel le devenir de chaque citoyen serait également rivé, il nous faut affronter deux défis majeurs qui s'imposent à nous : le remboursement systématique d'une dette publique qui plomberait toute politique de relance et le retour à un plein emploi qui rendrait à chacun-e une participation pleinement intégrée au marché du travail, et donc à la collectivité. Cette mystification |2| s'appuie logiquement sur une double injonction morale : toute dette doit être remboursée, tout citoyen majeur doit un jour intégrer le marché du travail. Dette et chômage zéros, telles sont les maîtres-mots des politiques publiques.
Le résultat est symptomatique. Au nom de ces deux présupposés, après 30 ans de politique d'austérité et de privatisation imposée partout aux forceps, après 30 ans de politiques économiques menées contre les salaires et en faveur d'une flexibilité du travail susceptible d'attirer les investisseurs, après 30 ans de signatures de pactes internationaux empêchant toute politique qui serait alternative à ces logiques, on ne peut que constater les dégâts : plus de pauvreté, moins de protections et de droits sociaux, moins de services publics, moins en salaire net, moins de sécurité de carrière, plus de maladies professionnelles, et même plus de dettes, plus de chômage, et a contrario... plus de dividendes distribués et davantage d'écarts entre les plus riches et la masse grandissante des plus pauvres.
L'explication première de cette énigme est que la droite tient en réalité au maintien d'un taux de chômage apte à exercer sur les salaires une pression constante vers le bas |3|. Elle tient aussi à maintenir des dettes publiques suffisamment élevées, véritables poules aux œufs d'or, qui valent des milliards de versement d'intérêts chaque année au capital et - surtout - servent d'argument inattaquable pour imposer tant des pratiques d'austérité à court terme, qui protègent un retour sur capital conséquent, que des contre-réformes néolibérales à long terme, qui dé-régulent tous les conquêtes ouvrières de l'après-guerre. Ce qui est davantage énigmatique par contre, c'est de savoir pourquoi, partout en Europe, la gauche traditionnelle (sociale-démocrate) a elle aussi participé à mettre en œuvre ces politiques désastreuses.
Le problème qui scotche cette gauche traditionnelle - mais, aujourd'hui, également la grande majorité de la gauche dite radicale (Syriza, Podemos, syndicats majoritaires et parfois même nombre de mouvements sociaux) - et la rend profondément impuissante, c'est en effet que ces dogmes de droite, -la dette doit nécessairement être payée et il faut créer des emplois pour tendre vers le plein emploi-, l'ont contaminée au cœur même de son corpus de valeurs. Certes entre droite et gauche, il existe plus qu'une nuance sur les modalités et sur les conditions pour arriver à ces objectifs mais malheureusement pas sur leur légitimité. Ces dogmes agissent comme autant de mirages qui aveuglent et que les gauches justifient à leurs propres yeux en intégrant la morale sous-jacente, au nom de la légendaire dignité ouvrière : on a toujours payé nos dettes, on a toujours été fiers de travailler !
Lorsqu'il n'est pas moral, l'argument se veut stratégique, mais il continue de relever de la croyance : une fois la dette résorbée, on pourra mener à nouveau des politiques publiques d'ampleur et de qualité ; et une fois le plein emploi atteint, on pourra renégocier à notre avantage une sécurité sociale forte et un code du travail favorable aux salariés. Une fois que... ! En attendant, les dégâts s'accumulent. En réalité, ces deux pentes aveuglent les gauches et leur interdisent de penser ici et maintenant toute alternative radicale aux institutions capitalistes, elles les empêchent de voir qu'on peut déjà organiser l'investissement public autrement que par un système d'endettement auprès des « marchés financiers » et leurs taux d'intérêts lucratifs ; que l'on peut parfaitement penser la production autrement que par le marché du travail et en dehors du cadre de la propriété lucrative des moyens de production.
Le paradoxe a beau être criant et ses effets lourds, les pistes de gauche présentées aujourd'hui le plus souvent comme les plus audacieuses restent en fait respectueuses des institutions capitalistes. Parcourons-en les plus pointues.
- Réduction collective du temps de travail, avec maintien du salaire et embauche compensatoire
De fait, les deux premiers éléments de cette revendication sont subversifs. Subversifs de la capture par le capital de la valeur ajoutée produite par le travail. Mais en lui ajoutant un troisième élément (l'embauche compensatoire), qui lui sert soit de légitimation « morale » (c'est bien pour l'emploi qu'on le fait et pas pour travailler moins en gagnant plus !), soit à nouveau de pratique stratégique illusoire (ça empêchera que l'on fasse trimer davantage ceux dont on aura réduit le temps de travail hebdomadaire), on ne diminue plus collectivement le temps d'emploi, on le redistribue seulement de manière « plus juste » entre les salarié-e-s. Certes cette embauche supplémentaire imposée pourrait rogner quelque peu sur la plus-value, sur les profits que se redistribuent les actionnaires. Mais ces gains arrachés, le capital risque précisément, et même s'il y a embauche compensatoire, de les neutraliser très vite en s'adjugeant insidieusement les hausses de productivité qui succèdent presque nécessairement aux réductions du temps de travail |4|. En plus, à gauche, certain-e-s, et non des moindres, proposent même de financer cette réduction par une diminution des cotisations sociales, donc de la part socialisée des salaires |5|. Aux salariés du coup, sur la partie la plus subversive de leur salaire global, de financer ce qui finirait par ne plus ressembler qu'à une simple remise à l'embauche quasi forcée de celles et ceux qui jusque là, échappaient à l'enfer de l'emploi, à son ennui ou à sa nocivité.
- Taxer les riches, via l'impôt sur le capital et/ou sur le bénéfice des entreprises
Lorsque l'on se propose de financer ainsi les politiques publiques (et, pour beaucoup, de financer ainsi le remboursement de la dette publique, plutôt que de l'annuler), on choisit d'adosser sur le profit, de faire dépendre de l'usure et de l'enrichissement parasitaire, ce qui ne se négocie pourtant pas : le bien commun, les politiques sociales, culturelles, sanitaires et éducatives, l'urgence écologique... Il faut bien de l'exploitation, du travail comme de la nature, pour produire le profit et pouvoir ensuite le taxer. Admettre voire encourager ce dispositif, c'est donc légitimer le capitalisme lui-même, parce que c'est concéder le principe même du profit, c'est-à-dire de la répartition en deux parties de la valeur ajoutée produite par les seuls salariés : celle qui leur revient sous forme de salaire et celle qui leur est capturée sous forme d'excédent brut d'exploitation. Affirmer que le rapport entre ces parties est à corriger pour le rendre (plus) « équitable », c'est reconnaître comme acceptable le principe même de la répartition, alors qu'il constitue le cœur du capitalisme.
- Payer la dette mais pas toute : l'auditer et l'adapter
Accepter l'idée qu'une partie de la dette publique, détenue par des fonds lucratifs, qu'ils appartiennent à des particuliers, à des holdings, à des banques privées ou publiques, puisse être à la fois légale, légitime et soutenable, c'est admettre l'idée même que l'investissement puisse être l'occasion d'un enrichissement pour ceux, publics comme privés, qui en réalité détiennent des capitaux accumulés grâce à des spoliations successives de la valeur produite par le seul peuple des producteurs exploités, quelque part dans le monde et à un moment donné de notre histoire. C'est en tout cas vrai, sans qu'un audit soit nécessaire pour l'établir, pour cette partie de la dette que l'on nomme la charge de la dette, les intérêts, qui constituent la partie la plus évidemment inique de cette ponction permanente sur le bien public qu'exerce le dispositif d'endettement.
Défendre les trois revendications que nous venons de parcourir revient donc à dire oui, ou en tout cas ne pas dire franchement non, à ce qui fonde le capitalisme au plus profond de sa constitution. C'est légitimer l'emploi |6| par exemple, et donc ce que sont ses trois éléments constitutifs majeurs : l'exploitation par extraction d'une partie significative de la valeur ajoutée produite par le travailleur ; la subordination de celui-ci aux injonctions, à l'autorité, de celui qui l'embauche, qui s'offre sa force de travail ; l'aliénation du même travailleur, c'est-à-dire l'abandon de ce qu'il produit, de ce qu'il crée, de ce qu'il acquiert comme savoir, à celui qui détient les moyens de production et de qui dépendent ses moyens de subsistance.
ette organisation, scientifique et systématique, de la subordination de nos vies et de l'aliénation de nos forces créatives au profit de ceux qui possèdent le capital, ne peut qu'entraîner un cortège de souffrances humaines, de dégâts écologiques et de bullshit jobs insupportables et inutiles. Mais défendre l'emploi, ce n'est pas que légitimer la répartition de la valeur ajoutée entre capital et salaire, c'est aussi indirectement laisser fondamentalement intact ce qu'autorisent ces autres institutions du capitalisme, qui lui sont complémentaires, que sont la propriété lucrative et la mesure de la valeur économique par le temps de travail subordonné. Et défendre ou du moins admettre le principe de l'investissement public par endettement, c'est cautionner ou pour le moins se soumettre quasi toujours au principe même du crédit lucratif |7|, donc à l'usure des prêteurs et à leur spéculation, à la dépendance vis-à-vis des marchés financiers, aux conditions et à la perte de souveraineté qu'ils imposent aux populations pour financer leurs États. En toute hypothèse, en tout cas, faire reposer l'investissement public sur le prêt par le privé, c'est rendre l'Etat dépendant de la bonne santé de banques qu'il sera toujours contraint de garantir : too big to fail.
La gauche ne pourra se sortir de ce dans quoi elle s'englue elle-même depuis trente ans sans faire rupture avec ces deux tabous. Rupture morale et rupture stratégique.
Stratégique tout d'abord. Il s'agit de mettre à l'avant du combat, en substitution en quelque sorte du combat pour le plein emploi, la lutte pour le redéploiement massif de la sécurité sociale, c'est-à-dire défendre le paiement plein des cotisations par exemple, et même son augmentation progressive comme ce fut le cas jusqu'au début des années '80. Il s'agirait aussi de s'intéresser aux nouvelles théories anticapitalistes qui promeuvent l'idée que, pour que la sécurité sociale atteigne sa pleine puissance subversive, toute forme d'allocation sociale ne doit plus être lue, et donc considérée comme un droit promérité personnellement par le versement préalable de cotisations individuelles, de primes assurancielles et solidaires en quelque sorte, comme l'est par principe tout système assuranciel d'ailleurs |8|, mais comme la reconnaissance socialement rémunérée qu'un travail, sans qu'il ait besoin d'être individuellement validé, est de facto réalisé « hors emploi », par les chômeurs ou les (pré-)pensionnés, par les parents en éduquant leurs enfants ainsi que par les prestataires de soins, au prorata et dans le cadre strict de leur conventionnement mutuelliste |9|. Cette reconnaissance se traduit bel et bien par l'inscription dans le PIB |10| de la somme de tous ces « salaires socialisés » : retraites, allocations de chômage, indemnités maladies et interventions dans les prestations de santé, allocations familiales... soit près de 90 milliards par an, plus de 20% du PIB !
Ce nouveau regard permettrait d'entrevoir différents leviers réellement anticapitalistes qui s'attaqueraient à la matrice de l'emploi et au processus de capture qu'il permet, par l'augmentation conséquente par exemple de la plupart des formes de salaires socialisés, qui seraient fixés à un montant au moins équivalent à 150% du seuil de pauvreté. On devrait penser aussi à l'extension du champ d'intervention de la sécurité sociale, à la suppression des conditions restrictives relatives à l'accès et au maintien des droits en matière de chômage ainsi qu'à l'individualisation des allocations, ce qui ôterait la fonction disciplinaire qu'exercent contre les salariés leurs propres institutions de la sécurité sociale. Défendre également la remise de la gestion de toutes ces institutions dans les seules mains des représentant-e-s des salarié-e-s, avec ou sans emploi |11| ou la dé-liaison des montants de toute allocation sociale par rapport à la durée de temps d'emploi préalable. Toutes ces visées politiques s'inscrivent dans une mise à mal radicale du capitalisme. Leur complément : une réduction permanente, avec maintien intégral du salaire, de la durée du travail contraint dans la matrice de l'emploi |12|, ce qui nécessite d'accepter l'idée que l'emploi soit définitivement un problème d'employeur et non de salarié, et que le problème du salarié soit le salaire, poche et socialisé, son montant, la maîtrise de ses critères d'octroi, et, dans une perspective d'émancipation collective, l'accroissement de sa socialisation. Et surtout en bout de course la main-mise sur la production elle-même, sa finalité, son organisation, ses processus.
Pour se départir de cette autre institution de base qu'est la propriété lucrative des moyens de production, on pourrait organiser un passage progressif vers le principe de (co-)propriété d'usage de tous les outils de production, gérés collectivement |13|. Stimuler également le déploiement d'autres communs vitaux dont l'accès serait rendu gratuit, comme l'accès aux savoirs bien évidemment, aux transports publics, à un volume raisonnable d'énergies domestiques à caractère renouvelable, à des ressourceries culturelles et matérielles, etc. Enfin, une fois la dette publique décrétée illégitime, illégale et donc non remboursable parce que soumise et due à des créditeurs lucratifs et n'ayant pas été contractée dans l'intérêt de la population qui la rembourse, on pourrait reconsidérer l'investissement en l'organisant non plus sur le mode du prêt avec intérêt mais sur celui de la subvention accordée par des caisses d'investissement, démocratiquement gérées par des représentant-e-s des salarié-e-s, avec ou sans emploi. Au sujet de cette annulation de la dette publique, si la très grande majorité des créanciers devra donc assumer les pertes qui y seront liées, un audit citoyen pourrait permettre d'identifier d'éventuels petits porteurs qui pourront être partiellement dédommagés |14|. Cette annulation entraînera aussi la faillite de nombreuses banques dont il faudra absolument reprendre le contrôle ou décider de les laisser mourir. Elle amènera donc une nécessaire et rapide socialisation du secteur bancaire et assuranciel (fonds de pension compris.
Certes, ils sont nombreux les freins qui s'opposent à ce que ces axes constituent les nouveaux fondements d'une lutte politique qui ne se contenterait plus de réclamations cosmétiques : la désinformation généralisée assurée par des médias mainstream à la solde de la pensée unique, un manque d'analyse politique liée à la faiblesse de ce qu'est devenue aujourd'hui la formation de cadres dans la militance de gauche, l'engluement dans des pratiques de compromission et de capitulation d'une grosse partie de la gauche instituée et l'embourgeoisement de ses directions, nos divisions en luttes thématiques, le manque criant d'une culture des précédents, tant en matière de transmission de victoires politiques même mineures mais aussi en terme de pratiques collectives horizontales |15|, etc.
Mais en sous-bassement existe avant tout un frein majeur, d'ordre éthique, idéologique, qu'il s'agirait de lever préalablement, en nous rendant capables d'affirmer et d'imposer publiquement que « non, toute dette à un créancier lucratif ne doit pas être remboursée, que du contraire, elle doit être supprimée parce que le prêt lucratif en soi, c'est du vol ! Non, tout emploi même jugé comme convenable ne peut nous être imposé, au contraire le marché du travail doit être supprimé parce qu'en soi, le rapport salarial, c'est aussi du vol. »
En osant ainsi défier le néocolonialisme libéral qui, de sa morale mortifère, a gangrené nos cerveaux, et jusqu'à nos luttes, nous nous rendrons peut-être capables de faire en sorte qu'enfin, un jour.... la peur change significativement de camp.
Thierry Müller
Activiste à Riposte.cte, collectif de résistance aux attaques contre le droit au chômage
Travailleur hors emploi et sans but lucratif depuis 12 ans
Notes
|1| Pratique qui consiste à « vendre » comme naturelle, donc comme allant-de-soi, comme inévitable voire comme ayant toujours existé, quelque chose qui résulte en fait de décisions (de délibérations), prises et imposées à un moment donné, en fonction d'un rapport de forces où s'opposent des intérêts contradictoires. Cette pratique vise à neutraliser, toute velléité de changement en la faisant passer pour illusoire, sotte, démagogique, dangereuse, idéaliste...
|2| Ainsi par exemple, le plein emploi n'a jamais existé. L'illusion n'a fonctionné qu'au cours des années dites des « trente glorieuses » parce que les femmes étaient confinées hors du marché de l'emploi, « elles ne comptaient pas ». Au début des années '90, alors que les luttes féministes pour l'accès des femmes à l'emploi ont déjà plus de vingt ans, le taux d'emploi féminin (pour les 20-64 ans) chez nous n'est encore en réalité que de... 48% !
|3| Ainsi existe le fameux NAIRU (en anglais : Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployment), fixé pour chaque pays par l'OCDE, et qui est en fait le taux de chômage en dessous duquel cette organisation internationale bienveillante recommande de ne pas descendre (!) pour éviter tout risque de hausse des salaires et donc tout risque d'accélération de l'inflation. Dit autrement, de manière plus euphémisée, c'est un indicateur économique qui, estimé économétriquement, pour un pays et à un instant donnés, mesure approximativement le taux de chômage qui reste compatible avec un taux d'inflation stable, ce qu'apprécient surtout... les rentiers !
|4| Les expériences du passage aux 30 heures (5x6h) au Danemark montrent que cet effet en réduction de plus value est quasi nul, ce qui permet à la gauche de dire que c'est bien une opération win-win... Il faut n'avoir jamais rien lu sur le capitalisme pour penser que l'on peut y réaliser des opérations win-win lorsqu'elles prétendent porter macro-économiquement sur le rapport capital-travail.
|5| Cités dans « Pour une réduction collective du Temps d'Emploi », Riposte.cte, Ed. du Cerisier, Cuesmes, 2017, p.58 : « Pierre Larrouturou, membre français du collectif Roosevelt et grand spécialiste écolo-socialiste de la question, Jean-Marie Harribey, d'Attac-France, chroniqueur à Politis, qui défend le principe d'un financement intra-salarial, Dominique Meda, philosophe et sociologue de gauche bien connue : »Les entreprises qui s'engagent à baisser la durée du temps de travail et à créer de l'emploi bénéficieraient d'une exonération de cotisations sociales.« (in alternatives-economiques.fr), Michel Husson, membre de la Fondation Copernic et aussi du Comité scientifique d'Attac-France : »Dans la mesure où les dépenses de chômage diminueraient avec les créations d'emplois, des baisses de cotisations sociales pourraient être accordées.« (in http://www.econospheres.be/Reductio...), ou en Belgique, Marc Goblet, secrétaire général de la FGTB : » : « Je vais lancer une piste sur la réduction collective du temps de travail. En utilisant une partie des réductions de cotisations sociales, ce seront donc des libertés dans les entreprises. Mais en disant que ça doit être pour le maintien du revenu (poche, nda) pour le travailleur, de l'embauche compensatoire et un coût neutre pour l'entreprise. » (in lesoir.be)."
|6| Attention ! Lorsque nous parlons d'emploi, nous ne parlons pas du travail des fonctionnaires, nous ne parlons pas de la fonction publique, où les gens ne sont pas employés, soumis au diktat du contrat de subordination salariale et au chantage au licenciement, car ils sont nommés, en principe à vie, et leur est accordé un traitement en fonction de leur grade, de leur niveau de qualification, et non, comme dans l'emploi, en fonction de la qualification du poste précis qu'ils occupent et... tant qu'ils l'occupent.
|7| Certes il existe quelques contre-exemples historiques comme en France dans la période exceptionnelle d'après guerre, où l'Etat obligea les banques à lui prêter à du 0%. Mais dans de tels cas, où il s'agit de financer de l'investissement lourd, pourquoi ne pas passer directement par de la création monétaire sans remboursement puisque cet investissement en T1 devrait produire en T2 de la valeur ajoutée qui équilibrera cette création monétaire et en ôtera les risques déflationnistes ?
|8| Pour que ma maison soit couverte en cas d'incendie, je dois préalablement avoir payé des primes mais si, à la fin de mes jours, aucune des maisons que j'ai occupées n'a brûlé, ces primes ne me sont jamais remboursées ni à moi ni à mes héritiers, elles sont perdues en quelque sorte, pour moi personnellement, mais elles ont servi à dédommager ceux qui eux, ont subi un tel préjudice. Toute système d'assurances, même le plus lucratif, repose sur un principe de solidarité sur les risques.
|9| Lire à ce sujet « Émanciper le Travail, entretiens avec Patrick Zech », B.Friot et P.Zech, La Dispute, Paris, 2014 ou visionner : reseau-salariat.info
|10| Produit Intérieur Brut : mesure économique de la valeur ajoutée produite chaque année dans un pays.
|11| En France, ce fut le cas jusqu'à la fin des années '60, donc pendant plus de 20 ans, où le régime général de la Sécurité sociale (ce qui correspond en Belgique à ce que gère l'ONSS, l'Office National de la Sécurité Sociale) était administré uniquement par des représentant-e-s des salarié-e-s.
|12| Réduction bien entendu des horaires hebdomadaires, mais aussi accès plus jeune à la pension, augmentation du nombre de jours de congés payés, retour à un droit inconditionnel à des allocations d'attente forfaitaires, extension du champ des maladies professionnelles, etc.
|13| Cette piste pourrait être expérimentée à l'occasion de fermetures d'entreprises, comme ce fut le cas en Argentine fin des années '90, où des entreprises furent reprises juridiquement par l'Etat mais gérées comme des coopératives, les salaires étant assurés par celui-ci quel que soit le chiffre d'affaires, une sorte de « salaire garanti » délié du marché.
|14| Ce remboursement ne pourra être supérieur au « principal » restant, soit à la somme prêtée indexée, moins le remboursement déjà consenti.
|15| Lire à ce sujet : micropolitiques.collectifs.net