© CHARLES PLATIAU Source: Reuters
Devenu l'une des revendications majeures des Gilets jaunes, le Référendum d'initiative citoyenne ne figure pourtant pas parmi les attentes des Français, à en croire les synthèses du grand débat. Faut-il réellement s'en étonner ?
Elle fait partie des mesures phares des Gilets jaunes, entrée dans le débat au fil des mobilisations les samedis. Le Référendum d'initiative citoyenne (RIC) n'est pourtant pas apparu dans les synthèses liées au grand débat national.
«On est rentré dans le débat avec ces deux totems», rétablissement de l'Impôt sur la fortune (ISF) et création d'un RIC, «mais ils se sont progressivement dilués avec d'autres préoccupations», a estimé l'un des animateurs du grand débat, le ministre chargé des Collectivités territoriales Sébastien Lecornu.
Les deux ministres coordinateurs du grand débat, Sébastien Lecornu et Emmanuelle Wargon, avaient d'ailleurs estimé dans un entretien à Ouest France qu'il n'y avait pas «unanimité» des Français sur tous les sujets, dont le référendum d'initiative citoyenne (RIC).
Le Premier ministre Edouard Philippe considérait d'ailleurs le 8 avril, à l'issue des premières synthèses du grand débat : «Certains annonçaient l'avènement d'une forme de démocratie directe et médiatique permanente. Ce n'est pas ce que les Français veulent.»
Des conclusions qui peuvent surprendre au vu de la mobilisation des Gilets jaunes, à l'origine de la mise en place du Grand débat par l'exécutif. Le RIC était devenu l'une des principales demandes des Gilets jaunes. Certes, officiellement, le grand débat n'avait pas vocation à se faire le miroir de l'opinion des seuls manifestants qui se mobilisent depuis près de 23 semaines.
Une idée populaire auprès des Français
Toutefois, en janvier 2019, un sondage LCI montrait que 73% des Français seraient favorables au référendum d'initiative citoyenne. Or, Opinion Way, qui s'est uniquement chargé de synthétiser les revendications sur la plateforme en ligne, le RIC n'apparaît ainsi que dans 7,5% des réponses à la question : «Que faudrait-il faire aujourd'hui pour mieux associer les citoyens aux grandes orientations et à la décision publique?»
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En l'occurrence, le site, orienté idéologiquement, ne permettait pas de répondre directement sur le besoin ou non d'un RIC. Il fallait que les citoyens utilisent une question ouverte pour évoquer le RIC.
«On a conscience que Macron ne retient que ce qui l'arrange», affirme en outre la figure médiatique des Gilets jaunes Jérôme Rodrigues, cité par l'AFP. «Il n'y a pas le RIC alors que sur le vrai-débat.fr, c'est la principale remontée avec le vote blanc et le casier vierge des élus», relève-t-il, en référence à la plateforme alternative créée par des Gilets jaunes.
Sur cette plateforme informatique, qui utilisait le même logiciel que celui du gouvernement, 44 576 identifiants d'utilisateurs ont été enregistrés. Ces derniers ont fait 25 229 propositions, et généré 898 790 votes.
Guillaume Besson, fondateur du réseau social politique Cogito n'est pas surpris du hiatus entre la synthèse du grand débat, organisé par le gouvernement, et les plateformes citoyennes telles que celle fondée par les Gilets jaunes. «C'est une des limites du grand débat, celle d'avoir voulu restreindre un certain nombre des sujets [comme] l'ISF ou le référendum d'initiative citoyenne [...] C'est forcément une limite quand l'exécutif détermine de quoi on peut ou on ne peut pas parler», explique-t-il.
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