Jose ESPINOSA
Première réplique après l'intervention du premier ministre.
Un mois s'est écoulé entre mon dernier article et aujourd'hui. Je constate que le gouvernement est demeuré sourd et aveugle. Pourtant le pays grogne, les problèmes restent entiers, la violence policière n'a pas eu raison des manifestants, la loi anti-casseurs non plus. Au contraire, les enseignants du premier degré soutenus par les parents d'élèves ont occupé la rue, les écoles. Les actions des personnels hospitaliers durent, se multiplient. Les liquidations d'entreprises se poursuivent sans que le gouvernement ne lève le petit doigt. Samedi après samedi, des dizaines de milliers de gilets jaunes (par roulements) marchent dans Paris et dans les villes du pays bravant les interdictions, les interpellations, les arrestations, les amendes et les vexations de toute sorte. Seule et unique réponse du pouvoir : répression, violence. Pas une solution positive concrète. Seule litanie répétée par les élus et les ministres "en marche" : contentez-vous des 10 milliards débloqués en décembre.
10 milliards dites-vous ? Énorme mensonge si l'on retranche les sommes déjà prévues dans le budget, il s'agirait de près de 3 milliards, tous les économistes n'étant pas d'accord sur le montant total. Mais le pire n'est pas l'annonce, c'est la tartufferie qui l'accompagne. En effet, Macron a laissé croire que le SMIC était augmenté. Faux, le Smic n'a eu que l'augmentation prévue, le reste étant la prime d'activité qui existait bien avant Macron mais que tous les smicards ne touchent pas. Parlons du financement qui est à la charge du contribuable puiqu'il s'agit de la payer avec l'argent des allocations familiales. En ce qui concerne la défiscalisation des heures supplémentaires, il s'agit d'une mesure spécifique touchant quelques dizaines de milliers de salariés, mesure favorable au patronat qui voit ses cotisations sociales réduites diminuant d'autant les cotisations retraites et sécurité sociale. Autrement dit un tour de passe-passe défavorable au salarié. La réduction de la hausse de la CSG pour les retraités n'a touché qu'une partie de retraités alors que la majorité des retraités se trouve ponctionnée. Enfin la prime exceptionnelle que devaient attribuer les entreprises n'a pas eu l'effet escompté puisque personne n'est en capacité de donner des chiffres. Si la mesure avait été suivie d'effets, il est à parier que le gouvernement en aurait fait ses choux gras ! Bref, Macron a menti aux français en créant des illusions délétères.
Pour la première fois depuis des années, le pouvoir a légèrement reculé devant l'ampleur des manifestations mais il n'a pas touché les privilégiés, les milliardaires, les actionnaires, les grandes entreprises monopolistiques. Les riches ont été épargnés comme le stipule le dogme macroniste du ruissellement.
Nous arrivons au moment décisif où le "grand débat" doit accoucher de solutions. Le premier ministre vient de s'exprimer. Des propositions ? Néant ! Dans aucun domaine sauf deux, les impôts et la dépense publique. Edouard Philippe annonce la réduction d'impôts et la baisse des dépenses publiques. La contradiction va éclater : réduire les contributions directes va enrichir les plus hauts revenus qui déjà paient le moins car bénéficiant de niches fiscales, de systèmes de défiscalisation et autres cadeaux fiscaux. Par contre la réduction des dépenses publiques va aggraver le sort des plus démunis et affaiblir les couches moyennes. La santé, l'éducation, les transports, le logement, la culture, l'environnement, le social vont accélérer leur chute alors que la demande des populations se fait plus pressante et les besoins insatisfaits.
Fidèles à leur esprit clanique, les élus "en marche" et "modem" ainsi que le gouvernement attendent la parole du chef Macron qui se presse avec lenteur. Parole qui ne remettra pas en question le "cap" fixé par celui-ci. Or la majorité du pays demande un changement radical de politique. Cette contradiction va susciter de nouvelles vocations revendicatives. De nouvelles couches sociales déçues et amères vont se manifester rejoignant ainsi les cohortes de gilets jaunes qui ont éclairé le mouvement de contestation. Qu'on le nomme convergence des luttes, rassemblement, combat commun ou autre appellation, ce mouvement, cette expression va s'amplifier. La question du débouché politique s'imposera. Le retour aux urnes après un débat dans tout le pays apparaît comme la seule solution politique démocratique à la crise. C'est à l'assemblée nationale que doivent se prendre les décisions. C'est l'assemblée nationale qu'il faut dissoudre pour que le peuple puisse reprendre la main.