Par Elijah J. Magnier :ejmalrai
Traduction : Daniel G.
Comme promis, l'Iran se retire partiellement de l'accord sur le nucléaire, une mesure qu'on pourrait qualifier de « première étape du retrait », car d'autre devraient suivre dans les prochains mois. Cette mesure est prise non seulement en réponse aux actes du président des USA Donald Trump, qui a déchiré l'accord unilatéralement, mais aussi à l'impuissance des signataires européens (France, R.-U. et Allemagne) à offrir quoi que ce soit à l'Iran pour l'inciter à s'y conformer. L'accord au complet se retrouve en quelque sorte dans les limbes, depuis que les dirigeants occidentaux ont démontré qu'on ne peut se fier à eux pour respecter tout accord à venir, à la suite de la renonciation de Trump. Cette absence de confiance et de partenariat pourtant nécessaires tend à exclure tout nouveau pacte entre les pays, notamment entre les USA, l'Europe et les pays du Moyen-Orient.
La taille du marché étasunien bloque toute tentative de l'Europe d'honorer ses engagements liés à l'accord sur le nucléaire. Lors d'une interview donnée à al-Jazeera, Ellie Geranmayeh, directrice adjointe du programme pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord du Conseil européen des relations internationales, trouvait que le lancement d'INSTEX était important, en raison du message politique qu'il transmet. « Le E3 prépare une feuille de route pour maintenir les échanges commerciaux avec l'Iran, qui est restreinte pour l'instant, mais il y a espoir d'en élargir la portée avec le temps. »
L'Europe demande à l'Iran d'attendre sans avoir la moindre idée de ce qui suivra. Les dirigeants européens veulent plus de temps « dans l'espoir » de trouver une solution, une possibilité très nébuleuse tant que Trump est au pouvoir et que l'Europe n'est pas unie. Car la politique étrangère de l'UE est loin d'être homogène. Même si les signataires européens de l'accord n'ont pas imité Trump en révoquant l'accord sur le nucléaire à leur tour, ils n'ont rien à offrir pour compenser les dommages que les dures sanctions étasuniennes causent à l'Iran.
Les relations commerciales Iran-UE souffrent beaucoup plus que les relations Iran-USA. À la suite de l'ultimatum lancé par Trump à toutes les sociétés faisant affaire avec l'Iran, les sociétés de l'UE ont fui le pays. Certaines ont versé une indemnisation pour ne pas avoir honoré leurs engagements. Ce départ précipité nuit à la perspective de nouveaux accords commerciaux entre l'Iran et des sociétés de l'UE.
L'Europe permet à l'Iran d'acheter des médicaments et des aliments au moyen de son nouveau système monétaire INSTEX. Cependant, l'Iran peut se procurer ces fournitures sans obstacle auprès de la Turquie voisine et d'autres pays non européens. Le continent européen n'est dorénavant plus essentiel à l'Iran.
L'Iran concrétise aujourd'hui sa promesse faite il y a 60 jours, à la date anniversaire de la révocation de l'accord sur le nucléaire par Trump. L'Iran, qui est encore bien loin de produire une arme nucléaire, a fait preuve d'une très grande patience, en attendant 14 mois sans retirer aucun avantage pour son économie pendant que sa population souffre.
L'Europe n'a rien d'autre à offrir qu'un soutien verbal. Elle n'est pas en mesure de s'opposer aux USA, n'est pas prête à subir les sanctions étasuniennes et manque de cran pour faire comme la France en 1986, qui avait refusé d'accorder son soutien militaire aux avions étasuniens qui allaient bombarder la Libye.
Les contre-mesures de l'Iran ne font que commencer.
source: ejmagnier.com