L'Allemagne hausse le ton. Accusant Donald Trump d'avoir tenté de racheter un laboratoire allemand préparant un vaccin contre le coronavirus, Berlin se dit prêt à mettre son veto à tout projet de rachat d'entreprises allemandes jugées stratégiques.
Le gouvernement allemand a accusé les Etats-Unis de Donald Trump d'avoir tenté de s'approprier un projet de vaccin contre le coronavirus développé par un laboratoire allemand, et prévenu qu'il ferait tout pour qu'il soit développé en Europe. «Les chercheurs allemands jouent un rôle de premier plan dans le développement de médicaments et vaccins et nous ne pouvons permettre que d'autres cherchent à se procurer l'exclusivité de leurs résultats», a critiqué le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, dans une interview parue le 16 mars dans le groupe de presse régional Funke.
Son homologue de l'Intérieur, Horst Seehofer, avait confirmé le 15 mars la véracité, selon lui, d'informations publiées le même jour par le quotidien allemand Die Welt sur une tentative présumée du président américain, Donald Trump, de faire main basse sur le laboratoire allemand en lui proposant une très grosse somme d'argent.
«Je peux juste dire que j'ai entendu aujourd'hui à plusieurs reprises de la part de membres du gouvernement que c'est exact», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Il a annoncé dans la foulée que le sujet serait abordé le 16 mars par le «comité de crise» du gouvernement chargé de piloter la lutte contre l'épidémie de coronavirus qui a touché à ce jour en Allemagne près de 5 000 personnes et fait 12 morts.
Au centre du bras de fer : le laboratoire allemand CureVac, situé à Tübingen, dans le sud-ouest du pays. Il est un de ceux dans le monde qui travaillent sur un vaccin contre le Covid-19, et bénéficié de subventions du gouvernement allemand. La société affirme être «à quelques mois» de pouvoir présenter un projet pour validation clinique.
Une affaire «grandement exagérée», selon Washington
Selon le journal allemand, Donald Trump essaie d'attirer à coups de millions de dollars des scientifiques allemands travaillant sur ce potentiel vaccin ou d'en obtenir l'exclusivité pour son pays en investissant dans l'entreprise. Ce vaccin serait alors «seulement pour les Etats-Unis», a affirmé au journal une source proche du gouvernement allemand.
Un représentant gouvernemental américain, interrogé le 15 mars par l'AFP, a estimé que cette affaire était «grandement exagérée». Parlant sous couvert de l'anonymat, il a affirmé que Washington avait parlé à plus de 25 laboratoires pharmaceutiques et assuré que «toute solution qui viendrait à être trouvée serait partagée avec le reste du monde».
Le PDG de la société allemande a été personnellement invité par le président américain le 3 mars à la Maison Blanche pour discuter d'«un développement rapide d'un vaccin contre le coronavirus», selon un communiqué de ce laboratoire mais la société CureVac a annoncé une semaine plus tard le départ surprise de ce PDG, sans donner de raison. L'entreprise concernée a confirmé l'intérêt américain sans toutefois parler «d'offre d'achat».
Auteur: RT France
Berlin prêt à mettre son veto contre les rachats d'entreprises allemandes jugées stratégiques
Le ministre allemand de l'Economie, Peter Altmaier, s'est ainsi félicité de la «décision formidable» de CureVac de refuser les avances de Washington. Ses services ont jugé «très important de pouvoir produire des vaccins en Allemagne et en Europe», et prévenu que Berlin pouvait mettre son veto à tout projet d'investissement dans des entreprises nationales jugées stratégiques. «Le gouvernement a la possibilité d'examiner de près des acquisitions d'entreprises allemandes par des Etats étrangers, surtout s'il en va des intérêts de sécurité de l'Allemagne et de l'Europe», a averti le ministère.
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