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Ce vendredi 17 avril 2020, il s'est tenue une réunion virtuelle de l'ensemble des membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Une première depuis la suspension, à la mi-mars, des réunions physiques, à la demande du gouvernement suisse. L'objet de cette réunion, s'accorder sur la manière dont les négociations commerciales peuvent se poursuivre durant le temps de la crise sanitaire mondiale, a profondément choqué plus de 250 organisations de la société civile du monde entier qui ont décidé de leur adresser ce même jour une lettre ouverte. Elles ont notamment pointé le caractère au minimum inique et indécent de ces négociations. Inique car les pays pauvres seraient encore moins qu'à l'accoutumée en capacité de participer et peser sur des négociations touchant souvent à des points essentiels, voire vitaux, pour eux, comme on a encore pu le constater ces derniers jours, lors des discussions en cours sur la pêche. Indécent car ces tractations se poursuivraient en pleine pandémie, à un moment où les pays, notamment ceux en développement, sont totalement accaparés par la lutte, avec des moyens extrêmement insuffisants, contre une crise sanitaire particulièrement meurtrière et voient leur stabilité économique, sociale et politique durablement menacée.
Les signataires de la lettre se demandent quel sens cela peut avoir de continuer à négocier « des règles pour un monde qui sera complètement différent une fois que la pandémie se sera calmée » : les seules discussions qui se tiendraient durant cette période dans le cadre de l'OMC devraient uniquement viser à mettre fin à tous les obstacles, y compris les règles de propriété intellectuelle, qui ne permettent pas aux États, en particulier les plus fragiles, de prendre toutes les mesures nécessaires face à cette crise et, notamment, de s'approvisionner en fournitures médicales dans les meilleures conditions.
Enfin, les signataires invitent l'ensemble des membres de l'OMC à « reconnaître que la pandémie du COVID-19 nécessite de repenser fondamentalement les types de règles qui sont négociées dans les accords commerciaux » : plus que jamais, la santé et la vie doivent primer sur le commerce et le profit à tout prix.
Outre le CADTM France, les organisations françaises signataires sont : Aitec, Amis de la Terre France, Attac France, Bio Consom'acteurs, Collectif Stop TAFTA, Commerce Equitable France, Confédération paysanne, Coordination EAU bien commun, France Nature Environnement, Notre Affaire à Tous, Réseau Foi & Justice Afrique Europe antenne France, Réseau Roosevelt
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