Le 24 septembre 2020 - Source Paul Craig Roberts
Le procès en extradition, que le gouvernement étasunien fait à Assange par l'intermédiaire d'une Cour britannique subornée par la C.I.A., redéfinit les journalistes qui tiennent un gouvernement pour responsable, comme des espions. En d'autres termes, les journalistes qui révèlent les activités criminelles d'un gouvernement sont coupables d'espionnage. Si c'était le cas, le New York Times aurait dû être poursuivi pour avoir publié les « Pentagon Papers ».
Il fut un temps où la loi stipulait qu'une personne devait avoir espionné son propre pays pour être considérée comme criminelle. Julian Assange est un citoyen australien, mais il est accusé d'avoir espionné les États-Unis tout en vivant en Europe. Si cela était un crime de par la loi, alors tous les agents du Mossad israélien qui espionnent les États-Unis devraient être arrêtés et traités comme l'est Assange. En somme, les espions de toutes nationalités, y compris la CIA et le MI6 britannique, qui espionnent d'autres pays devraient être arrêtés et jugés pour espionnage par les pays qu'ils espionnent. D'une manière générale, un pays poursuit ses propres citoyens qui l'espionnent au profit d'un pays étranger, mais il renvoie chez eux les ressortissants étrangers qui sont surpris à l'espionner. Autrement dit, les gouvernements étasuniens et britannique sont sans foi ni loi et hypocrites. Comme le gouvernement australien n'est qu'une marionnette de Washington, l'Australie n'a rien fait pour protéger son ressortissant du faux procès qui lui est fait, et les journalistes non plus, alors que c'est leur profession qui est mise à mal par les poursuites judiciaires contre Assange. Ce qui est fait à Assange est pire qu'un procès stalinien, mais aucun pressetitué n'a élevé la voix.
Les journalistes ont cessé d'être des journalistes depuis longtemps et sont devenus des propagandistes de la CIA et des élites dirigeantes. Le peu d'indépendance qu'avait encore le journalisme étasunien fut anéanti lorsque le régime Clinton approuva la concentration de 90% des médias dans les mains de six personnes. On a écrit plusieurs livres sur l'influence exercée par la CIA sur les prestigieux médias étasuniens depuis 1950, et Udo Ulfkotte a montré quel contrôle exerce la CIA sur les médias européens. Les journaux britanniques, comme le Guardian, sont les gardiens des agences de renseignement et des élites dirigeantes.
Les poursuites contre Assange n'ont aucune base légale. Il est poursuivi pour une seule raison : pour signifier aux journalistes que le Premier Amendement est mort et leur profession avec lui.
Pour ceux qui ne sont pas journalistes, cela veut dire que la justice est morte. Le procès fait à Assange n'est, à l'évidence, pas mené par une Cour britannique mais par Washington. C'est Washington qui décide des preuves à produire. Le juge, selon moi une marionnette des services de renseignement, et le procureur, autre fantoche dépourvu, à mes yeux, de la moindre intégrité, ont plus contrecarré la justice que Vychinski lors du procès stalinien de Nicolas Boukharine.
Un grand mal, comme celui qui est commis contre Julian Assange, a toujours des conséquences non intentionnelles. Les États-Unis et le Royaume Uni creusent la tombe de leurs régimes démocratiques et se transforment en tyrannies. Quant à la liberté, le monde regardera dorénavant vers la Russie et la Chine.
Craig Murray, ancien ambassadeur britannique, l'une des rares personnes intègres qui ont servi le gouvernement britannique pendant le dernier demi-siècle, assure la couverture de cette parodie de procès contre Assange. Extrait de son compte rendu du 14ème jour :
Je suis très préoccupé par l'évidente collusion entre le procureur et le juge en vue de boucler cette affaire. L'extraordinaire confusion dans la « gestion du temps » et dans l'exclusion des témoignages dont le gouvernement étasunien refuse l'audition publique est clairement illégitime. Illégitime aussi, le fait que la défense soit sans cesse houspillée et interrompue, alors qu'on autorise l'accusation à faire d'incessantes répétitions qui confinent au harcèlement et à l'intimidation. Plusieurs très longs contre-interrogatoires menés par l'accusation, comme celui de l'avocat Carey Shenkman, ont apparemment pour but de faire traîner les choses et détourner l'attention.
Il y a tant de choses qui justifient une manifestation. Mais contre quoi manifeste-t-on ? Contre un « racisme blanc systémique » inexistant et contre le prétendu meurtre, par des agents de police, d'un criminel qui s'est en fait tué lui-même par une surdose de fentanyl.
Des milliards de dollars ont disparu dans le pillage et l'incendie de commerces et d'entreprises parce que des Démocrates, au niveau local comme à celui des gouverneurs d'États, n'ont pas autorisé la police à mettre fin à ces destructions. Les crimes commis par ces maires et gouverneurs Démocrates sont énormes, mais rien n'a été entrepris contre eux.
Au lieu de cela, un journaliste qui a dit la vérité a été sous contrainte pendant plusieurs années puis torturé. Il est maintenant soumis à une parodie de procès sous l'apparence d'une audition d'extradition. Il est évident pour quiconque que la « Cour » britannique est aux ordres de Washington et que l'extradition d'Assange sera considérée comme un signe de sa culpabilité. Aucun jury étasunien n'osera l'innocenter.
Personne, dans le gouvernement et les médias étasuniens, britanniques ou australiens, mis à part de rares individualités du calibre de John Pilger et de Craig Murray, n'a suffisamment d'intégrité et d'honnêteté pour dénoncer le procès d'Assange comme une attaque meurtrière contre le Premier Amendement. Les pressetitués des médias ont mis leurs chaussettes à clous de la CIA et sauté à pieds joints sur Assange, servant de caisses de résonnance pour les fausses accusations d'espion russe dirigées contre un honnête journaliste. Autrement dit, de stupides journalistes « prestigieux » aident les gouvernements à criminaliser le journalisme.
Il n'y a pas de démocratie ni de gouvernement responsable sans d'honnêtes médias. L'absence de médias honnêtes en Occident signifie que la démocratie et la justice sont également absentes.
Assange risque la prison à vie pour avoir prétendument divulgué des documents, certains d'entre eux étant classifiés, en dépit du fait que les journalistes ont toujours eu le droit de publier des documents, classifiés ou pas. Les « Pentagon Papers » étaient classifiés, et le New York Times les a publiés.
De surcroît, comme cela fut établi au 14ème jour de l'audition d'extradition d'Assange, ce ne fut pas Wikileaks qui communiqua le premier la clé de décodage et l'emplacement des documents divulgués. Ce fut le Guardian et David Leigh.
C'est donc David Leigh, et non Assange, le responsable de ce que Washington considère comme un crime. Non seulement l'affaire construite par Washington est illégitime, mais l'accusé n'est pas le bon.
Ce n'est pas surprenant de la part de Washington, et cela explique pourquoi il a perdu sa respectabilité dans le monde, même auprès de ses vassaux européens.
La question que nous devons nous poser c'est la question que le Président Trump doit se poser à lui-même : pourquoi continuer à soutenir cette accusation contre Assange, alors qu'elle a été entièrement fabriquée par le régime corrompu d'Obama ? Est-ce parce que Trump estime qu'il ne peut s'opposer à ce que souhaite le complexe militaro-sécuritaire alors que lui-même est confronté à la perspective d'une « révolution de couleur » qui annulera sa réélection ? Julian Assange sera-t-il une nouvelle victime des Démocrates, comme ces innombrables entrepreneurs dont les commerces, magasins et demeures furent pillés et brûlés parce que les Démocrates n'ont pas voulu défendre leurs propriétés contre les voyous dont ils défendent la cause ?
Paul Craig Roberts
Traduit par J.A., relu par Hervé pour le Saker Francophone