Les Taliban ont affirmé ce 9 juillet s'être emparés d'un poste-frontière majeur avec le Turkménistan, quelques heures après avoir annoncé la prise du plus important poste-frontière avec l'Iran, également situé dans la province afghane de Herat (ouest).
Le porte-parole du ministère de l'Interieur Tareq Arian a quant à lui admis que les forces de sécurité afghanes ont temporairement quitté les lieux et que des efforts étaient en cours pour reprendre le poste-frontière.
Les Taliban ont également affirmé qu'ils avaient pris le contrôle de 85% du territoire de l'Afghanistan dans le cadre d'une offensive qu'ils mènent contre les forces de Kaboul alors que les Américains achèvent leur retrait du pays.
Lors d'une conférence de presse à Moscou, Shahabuddin Delawar, un représentant Taliban, a ajouté qu'environ 250 des 398 districts du pays étaient désormais sous le contrôle des insurgés, mais ces affirmations n'ont pas pu être confirmées de source indépendante comme le précise l'AFP.
Les forces afghanes, désormais privées du crucial soutien aérien américain, ont perdu beaucoup de terrain, mais ont assuré ce 9 juillet avoir repris le contrôle de la première capitale provinciale conquise cette semaine par les insurgés, Qala-i-Naw (nord-ouest), au terme de violents combats.
Joe Biden veut mettre «fin à la plus longue guerre de l'Amérique»
Quelques heures avant l'annonce de cette progression des insurgés, le président américain Joe Biden a déclaré dans un discours que la mission militaire de Washington en Afghanistan serait achevée le 31 août, près de 20 ans après son commencement.
«Nous mettons fin à la plus longue guerre de l'Amérique» déclenchée après les attentats du 11 septembre 2001, a-t-il souligné, en martelant : «Je n'enverrai pas une autre génération d'Américains combattre en Afghanistan.»
Le président américain a également affirmé qu'il n'était pas «inévitable» de voir le pays tomber aux mains des Taliban, estimant que les autorités afghanes ont «la capacité» d'assurer la continuité du gouvernement.
Mais les Taliban tiennent désormais un arc de territoires s'étendant de la frontière iranienne, à l'ouest, à celle avec la Chine, dans le nord-est.
Selon un responsable du gouvernement, les forces afghanes tentent à présent de reprendre Islam Qala, qui est situé dans la province de Herat (ouest).
«Toutes les forces de sécurité afghanes, dont les gardes-frontière, sont présentes dans la zone, et tentent à présent de reprendre le site», a indiqué à l'AFP le porte-parole du ministère de l'Intérieur Tareq Arian.
Zabihullah Mujahid, un porte-parole Taliban, a quant à lui déclaré à l'AFP que le poste-frontière d'Islam Qala était «complètement» sous le contrôle des insurgés, qui le «remettront en activité aujourd'hui».
Il s'agit de l'un des plus importants passages frontaliers d'Afghanistan - par lequel transite la majorité du commerce légal entre les deux pays - et du deuxième poste-frontière d'envergure pris par les Taliban depuis le début de leur offensive éclair début mai, alors que les Américains lançaient la dernière phase de leur retrait.
Le mois dernier, les insurgés avaient capturé Shir Khan Bandar, le principal poste-frontière entre l'Afghanistan et le Tadjikistan. Un millier de soldats afghans avaient dû trouver refuge au Tadjikistan après d'intenses combats.
Moscou appelle à la retenue
Les Taliban «contrôlent actuellement environ deux tiers de la frontière avec le Tadjikistan», a affirmé ce 9 juillet la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, lors d'une conférence de presse.
«Nous appelons les parties s'opposant dans le conflit inter-afghan à faire preuve de retenue et à empêcher une extension des tensions hors des frontières du pays», a-t-elle ajouté, alors qu'une délégation des Taliban se trouve à Moscou.
En début de semaine, un millier de soldats afghans se sont mis ainsi à l'abri au Tadjikistan, après des combats dans le Nord-Est de l'Afghanistan avec les Taliban.
Liée au Tadjikistan dans le cadre de l'Organisation du traité de sécurité collective, la Russie a assuré qu'elle protégerait son allié. Moscou maintient deux bases au Tadjikistan avec au total quelque 7 500 hommes.
Suhail Shaheen, un porte-parole des Taliban, a cependant affirmé à l'AFP que les insurgés souhaitaient «un accord négocié» et «ne croyaient pas en un monopole sur le pouvoir».
Les Taliban se sont également réjouis de l'annonce de Joe Biden. «Le plus tôt sera le mieux pour le départ des troupes américaines et étrangères», a réagi Suhail Shaheen.
Le pays traverse «l'une des étapes les plus compliquées de la transition», avait reconnu jeudi le président afghan Ashraf Ghani. «Le pays peut être contrôlé», avait-il cependant assuré, confiant dans la capacité de son gouvernement à gérer la crise.
Si le porte-parole Taliban, Suhail Saheen, a déclaré à l'AFP croire en «une solution pacifique», les insurgés semblent n'être guère intéressés à discuter avec le gouvernement, et les négociations officielles de Doha sont au point mort.
Les Taliban n'ont jamais été aussi puissants depuis qu'ils ont été renversés par la coalition internationale menée par les Etats-Unis fin 2001.
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