par Strategika 51.
Le porte-parole des Taliban d'Afghanistan Suhail Shaheen a affirmé que le mouvement politico-militaire accueille favorablement les investissements chinois dans la reconstruction du pays et garantira la sécurité des hommes d'affaires, des ingénieurs et des techniciens chinois. C'est la première fois que les Taliban d'Afghanistan offrent des garanties de sécurité à la Chine qu'ils qualifient désormais de puissance amie.
Le retrait américain d'Afghanistan qui s'apparente plus à une débâcle stratégique sans précédent coïncide avec une offensive généralisée des Taliban d'Afghanistan. Ces derniers affirment qu'ils ne sont pas intéressés par Kaboul pour le moment et concentrent leurs efforts sur les principaux districts mettant de sérieux doutes sur la capacité du gouvernement de Kaboul à se maintenir au pouvoir en dépit d'une armée de 300 000 hommes soutenue par un appui aérien occidental et des mercenaires professionnels.
La guerre d'Afghanistan est la plus longue de l'histoire militaire des États-Unis. Ces derniers sont intervenus dans ce pays pauvre et enclavé d'Asie à la suite de ce que la propagande officielle dénomme les « attentats du 11 septembre 2001 » (en réalité une attaque sous faux drapeau) et ont entraîné avec eux l'ensemble des pays de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN), des alliés européens, arabes, sud-américains et asiatiques hors-OTAN, des dizaines d'armées privées et des dizaines de milliers de « contractors » dont la fameuse compagnie Blackwater devenue Academy puis X par la suite.
Le conflit a drainé des milliers de milliards dans les circuits d'une corruption gigantesque organisée par les parasites du complexe militaro-industriel US mais s'est vite transformé en cauchemar sans fin du fait de la résilience des Taliban dont la guérilla a été classée par des analystes militaires britanniques parmi les trois meilleures guérillas de l'histoire. Par dessus tout, les Taliban étaient profondément convaincus par leur victoire finale* et profitaient des exactions sanglantes des forces militaires étrangères contre les populations rurales civiles pour améliorer le recrutement et étoffer leurs effectifs. Un scénario classique qui s'est terminé par une débâcle sans précédent pour l'Empire.
Pays voisin, la Chine voit dans le retrait ou plutôt la défaite US en Afghanistan une grande opportunité stratégique pour relancer les corridors économiques qu'elle a développés au Pakistan et au Tadjikistan.
Des émissaires chinois ont déjà rencontré des responsables des Taliban et négocié avec eux un deal prévoyant la livraison d'infrastructures de base clé en main en échange de garanties de sécurité. Si cet accord est respecté, la pseudo « Guerre sans fin contre la terreur » entamée en grandes pompes en 2001 par les idéologues de Washington et qui s'est terminé par un fiasco bien plus important que celui de Saïgon en 1975 aura permis à la Chine d'être l'un des grands gagnants du nouveau Grand jeu en Asie.
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*L'auteur a rencontré en mai 2014 trois émissaires des Taliban à Jalalabad. Ces derniers se vantaient déjà d'avoir gagné la guerre et contraint les forces militaires étrangères à « se confiner comme des pestiférés » et à ne plus pouvoir sortir dehors qu'à grands frais (convois MRAP, logistique lourde et appui aérien très onéreux).
source : strategika51.org