© Sergei Savostyanov Source: AFP
Vladimir Poutine lors de son discours à la Nation, le 21 février 2023 (image d'illustration).
Vladimir Poutine a annoncé ce 21 février lors de son discours annuel devant l'Assemblée fédérale que la Russie suspendait sa participation à l'accord New Start sur le désarmement nucléaire. Il n'a pas exclu de réaliser de nouveaux tests nucléaires.
«Je répète que [la Russie] ne se retire pas du traité, non, mais qu'elle suspend sa participation. Avant de reprendre le dialogue sur cette question, nous devons comprendre nous-mêmes ce que les pays de l'OTAN comme la France et le Royaume-Uni revendiquent et comment nous allons prendre en compte leurs arsenaux stratégiques», a-t-il expliqué.
Nous savons que l'Occident est directement impliqué dans les tentatives de frapper nos bases aériennes, et maintenant, ils veulent inspecter nos installations de défense ?
«Ils veulent nous infliger une défaite stratégique, s'en prennent à nos sites nucléaires, c'est pourquoi je suis dans l'obligation d'annoncer que la Russie suspend sa participation au traité [New] Start», a déploré le président russe, évoquant la volonté affichée par les Etats-Unis et leurs alliés de voir Moscou ressortir perdant du conflit ukrainien. Evoquant une demande adressée début février par l'OTAN qui souhaite pouvoir inspecter les infrastructures nucléaires russes dans le cadre du traité New Start de réduction des armes stratégiques, Vladimir Poutine a par ailleurs dénoncé un «théâtre de l'absurde».
«Nous savons que l'Occident est directement impliqué dans les tentatives de frapper nos bases aériennes, et maintenant, ils veulent inspecter nos installations de défense ?», a-t-il raillé. «Via les représentants de l'OTAN, on nous adresse des ultimatums : "Vous, la Russie, faites tout ce sur quoi on s'est mis d'accord, notamment New Start, et nous, nous ferons ce que bon nous semble"», a-t-il accusé.
«La parité stratégique pourrait être altérée»
Le chef de l'Etat a en outre invité les autorités russes à se tenir «prêtes pour des tests d'armes nucléaires» si Washington venait à en réaliser en premier. «Personne ne doit se nourrir d'illusions, la parité stratégique pourrait être altérée», a averti le président russe.
Fin janvier, l'ambassadeur russe à Washington Anatoli Antonov avait réfuté les affirmations du département d'Etat américain selon lesquelles Moscou ne respectait pas ses engagements liés au traité New Start qui limite l'arsenal nucléaire des deux pays, en soulignant que la Russie respectait «irréprochablement» les clauses du traité.
Il avait jugé que les Etats-Unis portaient la «responsabilité de l'aggravation de la situation» en raison de leur choix de mener une «guerre hybride» contre Moscou. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait quant lui estimé le 1er février que «les Etats-Unis ont de fait détruit le cadre juridique et conventionnel de la maîtrise des armements» et qu'ils «ne manifestent guère leur volonté de dialoguer», fragilisant ainsi le traité signé en 2010 et qui était censé rester en application jusqu'en 2026.
La Russie et les Etats-Unis bénéficient, selon les termes de l'accord, du droit d'effectuer un peu moins d'une vingtaine d'inspections mutuelles par an. L'accord New Start limite les arsenaux des deux pays à un maximum de 1 550 ogives nucléaires déployées chacun et le nombre de lanceurs et bombardiers lourds à 800.