par RT France
La Libye peine à se relever après des inondations dévastatrices provoquées par la tempête Daniel qui ont fait des milliers de morts et de disparus dans la ville côtière de Derna, dans l'est du pays, selon les autorités.
Au moins 30 000 personnes qui vivaient à Derna, une ville de 100 000 habitants située dans l'est de la Libye, ont été déplacées, a indiqué ce 13 septembre l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), et les incertitudes demeurent sur le nombre exact de victimes de la catastrophe.
Des images diffusées sur les réseaux sociaux par la chaîne de télévision d'Etat Al-Wataniya al-Libiya montrent un paysage apocalyptique, avec des rues dévastées, des arbres fauchés, des bâtiments rasés et des voitures détruites et renversées, certaines encore ensevelies sous la boue.
Des routes coupées, des éboulements de terrain et des inondations ont empêché les secours d'atteindre rapidement la population, qui a dû se débrouiller avec des moyens rudimentaires pour récupérer des corps enterrés par dizaines dans des fosses communes, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux.
L'OIM a fait état de plus de 30 000 déplacés à Derna ainsi que 3000 à al-Bayda et plus de 2000 à Benghazi, d'autres villes situées plus à l'ouest.
«Plus de 2300 morts»
Derna n'est plus accessible que par deux entrées au sud (sur sept habituellement). Des pannes d'électricité généralisées et des perturbations du réseau de télécommunication limitent les communications, selon l'OIM.
Alors que le pays est enfoncé dans le chaos depuis le renversement par les puissance occidentales du dictateur Mouammar Khadafi en 2011, divisé entre l'Est et l'Ouest, les autorités des camps rivaux évoquent «des milliers» de morts.
Oussama Ali, porte-parole du «Service de secours et d'urgence» libyen relevant du gouvernement internationalement reconnu de Tripoli, a ainsi affirmé le 12 septembre à l'AFP que les inondations avaient fait «plus de 2300 morts» et environ 7000 blessés à Derna, alors que plus de 5000 personnes sont portées disparues.
Un responsable de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a quant à lui fait état d'un nombre «énorme» de morts, qui pourraient se compter en milliers, avec 10 000 disparus.
Deux barrages ont cédé
Depuis le grand tremblement de terre qui a secoué la ville d'al-Marj (est du pays) en 1963, c'est la pire catastrophe naturelle que connaît la Cyrénaïque, province orientale de la Libye.
Le 10 septembre dans l'après-midi, la tempête Daniel a atteint la côte orientale de la Libye, touchant la métropole de Benghazi avant de se diriger vers l'est en direction des villes du Jabal al-Akhdar (nord-est), comme Shahat (Cyrène), al-Marj, al-Bayda et Soussa (Apollonia) mais surtout Derna, la ville la plus dévastée.
Dans la nuit du 10 au 11 septembre, les deux barrages sur Wadi Derna, retenant les eaux de l'oued qui traverse la ville, ont lâché. Des témoins ont indiqué à des médias libyens avoir entendu une «énorme explosion» avant que des torrents puissants n'atteignent la ville, débordant sur les rives, emportant les ponts et des quartiers entiers avec leurs habitants vers la Méditerranée.
Des corps ont commencé dès le 12 septembre à être rejetés par la mer qui a viré de couleur en devenant marron comme la boue.
Dans le pays comme à l'étranger, la mobilisation est forte pour aider les victimes, même si les secours arrivent encore au compte-goutte.
La Commission européenne a annoncé ce 13 septembre l'envoi d'aide de l'Allemagne, de la Roumanie et de la Finlande vers Derna dans le cadre du mécanisme de protection civile de l'UE. Celle-ci indique aussi avoir débloqué une première enveloppe de 500 000 euros pour répondre aux besoins les plus urgents des Libyens.
La Jordanie a envoyé un avion rempli d'aide humanitaire, a indiqué de son côté l'Organisation caritative hachémite jordanienne. L'avion contient des tentes, des couvertures, des matelas et des colis de nourriture, selon elle.
Le ministère italien de la Défense a également annoncé ce 13 septembre le départ d'un navire et de deux avions de transport militaires pour acheminer des experts et du matériel logistique de première nécessité.
Les jours précédents, des équipes de secouristes envoyées par la Turquie et les Émirats arabes unis étaient arrivées dans l'est de la Libye, toujours selon les autorités.
L'Algérie et l'Égypte avaient indiqué avoir aussi envoyé de l'aide.
source : RT France