14/10/2023 reseauinternational.net  12min #235460

 Tirs massifs de roquettes vers Israël: «nous sommes en guerre», déclare Netanyahou

Une guerre de diversion pour conjurer la scission, la sécession et la dislocation de l'État israélien sioniste

par Khider Mesloub

Au risque de surprendre certains lecteurs, de refroidir leurs exaltations chauvinistes et leurs émois d'autocélébration des exploits du Hamas, l'offensive menée par le mouvement islamiste palestinien contre Israël n'est pas une attaque surprise, mais une opération orchestrée ou, à tout le moins camouflée, par les stratèges de Tel-Aviv, les faucons de l'État sioniste raciste.

D'entrée de jeu, pour parer à toute accusation de conspirationnisme, je précise qu'il s'agit là d'une hypothèse fondée sur l'observation des événements récents. Donc on ne peut parler de théorie du complot.

J'explicite mon analyse. Qu'il soit clair, il s'agit d'une hypothèse et non d'une démonstration de vérité à laquelle le lecteur devrait adhérer. L'objectif de ma contribution est de susciter un débat.

Fondamentalement, dans ce conflit armée entre le Hamas et l'État d'Israël, il n'y aucun intérêt prolétarien. Il s'agit d'une guerre nationaliste bourgeoise et impérialiste. Il n'y a pour nous prolétaires révolutionnaires aucun camp à défendre sinon celui du peuple palestinien. Le Hamas ne représente pas les travailleurs Palestiniens. C'est une organisation islamiste réactionnaire, ennemi du prolétariat et, à plus forte raison, du communisme et du marxisme.

Comme l'écrivent les camarades de Matière et Révolution : «Le peuple palestinien a un ennemi qui est l'État d'Israël mais aussi des ennemis qui sont arabes et même palestiniens. Sa révolte n'est pas représentée au travers des organisations palestiniennes. Le Hamas vient de mener une guerre contre Israël et pas de mener le peuple palestinien dans sa lutte. Il convient de rappeler que, dans le passé, le peuple palestinien a mené une action révolutionnaire, socialement et politiquement, dans toute la région en Palestine et autour, alors que le Hamas, c'est l'extrême droite fasciste, c'est la contre-révolution sociale et politique».

Comme je l'ai souligné dans mes deux articles intitulé «Les juifs sionistes d'Israël sont en train de se suicider nationalement», et «L'exode des juifs israéliens s'explique par des raisons économiques plutôt qu'idéologiques «démocratiques»», publiés cet été, Israël est depuis presque un an au bord de l'implosion. Donc de la dislocation.

Comment ressouder la cohésion nationale des habitants sionistes d'Israël, reconstituer l'unité de ce peuple patchwork en pleine division et sédition, animé par des velléités de désertion de l'armée et d'insubordination militaire, tenté massivement par l'expatriation, endiguer la fronde chronique quasi insurrectionnelle et enrayer l'exode massif, sinon par l'ouverture d'un front de guerre, pour recréer une nouvelle union nationale ?

Pour rappel, depuis des mois chaque week-end des centaines de milliers d'israéliens manifestent contre le projet de réforme judiciaire ubuesque. Parmi eux, des milliers de réservistes de l'armée qui menacent de cesser de servir. Une périlleuse fronde pour l'État sioniste, dans un pays colonialiste où la sécurité est une priorité absolue pour les colons. Or, les réservistes constituent la pièce maîtresse de l'armée sioniste. «Il y a là la crainte d'une contagion, d'une forme d'insubordination silencieuse, et d'une baisse de motivation des troupes. Et ces phénomènes pourraient conduire à un affaiblissement des capacités opérationnelles d'occupation et de répression de Tsahal», notait un politologue israélien terrorisé.

Ne pas perdre de vue que ces derniers mois, comme le souligne Matière et Révolution : «De plus en plus de voix s'élevaient en Israël pour associer le combat pour la démocratie en Israël même avec le combat contre l'apartheid qu'Israël fait régner en Palestine, trouvant également un écho positif chez les palestiniens eux-mêmes et faisant naître un espoir commun aux deux peuples».

Qui peut prêter main forte à cette entreprise de raccommodement national sioniste, sinon le mouvement islamiste arabe, le Hamas, par ses aventureuses opérations militaires asymétriques ?

Le Hamas, créé avec l'aval d'Israël, a toujours servi d'alibi à l'entité sioniste pour justifier la violence des offensives armées israéliennes et consolider l'union sacrée, cimenter le sionisme. Le Hamas, par sa politique de confessionnalisation du conflit colonial palestinien, et par ses opérations militaires asymétriques suicidaires menées aveuglément contre l'une des plus grandes armées du monde, est le meilleur allié de l'entité sioniste.

Historiquement, selon plusieurs rapports des renseignements, sans le patronage d'Israël, le Hamas n'aurait jamais pu s'implanter dans les territoires palestiniens. Son ascension fulgurante (ou défigurante de la cause palestinienne ?), il la doit aux faucons israéliens, qui ont trouvé dans le mouvement islamiste palestinien leur meilleur allié pour neutraliser l'OLP et le FPLP, et pour torpiller la lutte anticolonialiste... l'évacuant vers un cul de sac désespérant. La cause palestinienne est une lutte anticolonialiste transformée en conflit confessionnel entre musulmans et juifs par la volonté religieuse du Hamas, mouvement islamiste bourgeois et réactionnaire.

Ainsi que l'écrit Matière et Révolution : «En creusant le fossé entre les deux peuples, sans qui le Hamas n'existerait plus, le Hamas cherche ainsi à protéger sa petite dictature, sa politique réactionnaire religieuse, et son emprise sur les palestiniens de Gaza dont la jeunesse avait déjà montré l'an passé qu'elle ne le supportait plus. Le Hamas se comporte ainsi en Kapo des camps de réfugiés créés et maintenus par Israël».

De même, comment expliquer que le Hamas, depuis sa création, à Gaza, un territoire enclavé par l'armée israélienne, soumis à un terrible blocus, puisse détenir un impressionnant arsenal d'armement, notamment des milliers de roquettes capables d'atteindre une longue distance, des missiles antichars, anti-aériens, des fusils mitrailleurs, sans subir la moindre rétorsion ? Un armement qui demeure néanmoins rudimentaire comparé à la force de frappe inégalée israélienne. Pour l'occupant colonialiste israélien, le Hamas doit demeurer une simple organisation de nuisance mineure et contingente, un épouvantail pour l'État sioniste. À l'instar des organisations terroristes islamistes (djihadistes) instrumentalisées par les puissances impérialistes occidentales à de multiples fins ; sécuritaires, nationalistes chauvines, de dévoiement de la colère sociale, de dislocation de la cohésion sociale arabe, de destruction de l'union de classe...

Pareillement, comment peut-on croire que les services de sécurité israéliens qui surveillent quasiment tous les dirigeants, hommes politiques et chefs d'entreprises, journalistes et intellectuels de tous les pays, via leurs multiples logiciels espions et agents secrets introduits dans toutes hautes sphères étatiques et économiques, n'ont pas détecté les préparatifs de l'attaque du Hamas, une organisation placée sous haute surveillance par tous les agents de renseignements du monde occidental ?

Comment le pays le plus sécurisé et le plus militarisé du monde a-t-il pu se laisser déborder au point d'être envahi par plusieurs combattants du Hamas ? Selon moi, il ne fait aucun doute que les sionistes ont laissé pénétrer délibérément quelques combattants islamistes pour leur permettre de perpétrer leurs attaques et prendre quelques israéliens en otage, afin de créer une onde de choc parmi la population. Un climat de sidération et de psychose. Tout cela en vue tout à la fois d'étouffer en Israël la révolte sociale séditieuse menée contre le pouvoir sioniste et pour réactiver l'union sacrée colonialiste et fasciste.

Si, comme je le postule, cette opération armée du Hamas a été orchestrée (ou tolérée, ou dissimulée) par les services de sécurité israéliens, au prix du sacrifice de plusieurs centaines de citoyens juifs, pour conjurer le péril de la dislocation d'Israël, cela ne serait pas la première fois dans l'histoire du sionisme criminel.

Au lendemain de la création de l'entité sioniste, pour attirer les juifs du monde entier en Israël, autrement dit favoriser l'émigration, le Mossad a employé tous les moyens. Y compris terroristes. C'est par ces méthodes terroristes que le Mossad a joué un rôle dans l'émigration des juifs vers Israël, notamment des juifs d'Irak vers Israël.

En effet, les services de renseignements extérieurs israéliens ont orchestré plusieurs attentats à Bagdad au début des années 1950 aux fins d'acculer les juifs d'Irak à émigrer vers Israël. En 1950-1951, la communauté juive irakienne est ciblée par de multiples attentats commis par le Mossad, faisant plusieurs morts. Résultat : sur les 135 000 juifs d'Irak, 115 000 personnes émigrent vers Israël. Ces juifs irakiens ou, plutôt, Irakiens de confession juive, étaient établis en Irak depuis plus de 2500 ans. Ils se sentaient irakiens. Ils n'avaient jamais songé à émigrer, encore moins dans un pays artificiellement créé sur la base de la religion. Ils n'avaient (probablement) également jamais été partisans du sionisme, doctrine raciste d'émanation européenne. Les sionistes, par des moyens terroristes, ont transformé ces irakiens en juifs sionistes, par leur émigration forcée en terre de Palestine occupée.

Comme, aujourd'hui, les centaines de milliers d'israéliens qui s'apprêtaient à quitter définitivement le pays, pour signifier probablement leur rupture avec le sionisme, par la providentielle guerre asymétrique ouverte (offerte) par le Hamas, renonceront à partir afin de défendre «la nation fasciste en danger».

Comment le pays le plus sécurisé et militarisé a pu subir une telle intervention armée jusque dans son territoire, non pas par une coalition des armées des pays arabes, mais par le groupe Hamas, un mouvement de résistance islamique ?

Pour information, Israël a construit une énorme clôture le long de la frontière de Gaza afin d'empêcher les infiltrations. Cette clôture est équipée de caméras, de capteurs de haute technologie et d'une technologie d'écoute sensible. Or, selon des images publiées en ligne, la clôture a été complètement détruite en plusieurs endroits et que des véhicules du Hamas l'ont franchie, curieusement, sans encombre.

Selon plusieurs sources, les habitants israéliens des villes situées le long de la frontière, ordinairement emplie de militaires en faction, ont souligné que la présence de Tsahal dans les rues était faible, voire inexistante.

Comment cette organisation confessionnelle, le Hamas, a-t-elle pu lancer un assaut sans précédent contre Israël, tirant des milliers de roquettes et déployant des hommes armés dans plusieurs villes par voie terrestre, maritime et aérienne, tuant des centaines de personnes et capturant des résidents israéliens, durant des heures, s'emparer d'une base militaire, parader librement à bord de véhicules militaires israéliens, dont un char d'assaut, sans rencontrer la moindre résistance militaire de la part des forces armées suréquipées israéliennes ?

Interrogé par les journalistes sur «l'attaque surprise» du Hamas, le porte-parole de l'armée israélienne a refusé tout commentaire sur la manière dont le Hamas avait réussi à surprendre l'armée, à s'infiltrer en Israël. Son silence est éloquent d'aveu de complicité !

En tout cas, s'il y a un protagoniste à se réjouir de cette attaque surprise ou plutôt attaque surprenante, c'est bien le Premier ministre Netanyahou. Il va pouvoir dévoyer la colère, voire la sédition, des Israéliens dirigée contre son pouvoir despotique vers les Palestiniens de Gaza. De transformer la sédition des centaines de milliers d'israéliens contre le système en guerre contre l'ennemi habituel, le Palestinien. Une guerre de longue durée. Une guerre d'extermination menace aujourd'hui le peuple de Gaza.

«Citoyens d'Israël, nous sommes en guerre. Il ne s'agit pas d'une opération, ni d'un round [de combat], mais d'une guerre ! Ce matin, le Hamas a lancé une attaque surprise meurtrière contre l'État d'Israël et ses citoyens», a déclaré Netanyahou. «En parallèle, je procède à une vaste mobilisation des réservistes pour riposter à une échelle et avec une intensité que l'ennemi n'a jamais connue jusqu'à présent. L'ennemi paiera un prix sans précédent», a ajouté Netanyahou.

«J'exhorte la population à suivre à la lettre les directives de l'armée», a-t-il martelé à l'intention de la population. Dans son viseur, les manifestants contre la réforme judiciaire, tentés éventuellement par la désertion, la résistance à la guerre. «En ces jours, il n'y a ni opposition ni coalition en Israël», a martelé Netanyahou.

Son appel à l'union nationale et à la mobilisation armée pour mener la guerre contre les Palestiniens semble avoir été bien entendu.

Aussitôt, comme il fallait s'y attendre de la part des sionistes invétérés, les organisateurs des protestations contre la refonte du système judiciaire ont annoncé l'annulation des manifestations hebdomadaires.

«Nous sommes unis avec les résidents d'Israël et apportons notre soutien total à Tsahal et aux forces de sécurité», ont déclaré les organisateurs des manifestations dans un communiqué.

La classe dirigeante israélienne, la plus machiavélique du monde, a réussi son opération de diversion. D'union nationale.

Comme je l'ai indiqué dans mon article évoqué plus haut, publié cet été, depuis la formation du gouvernement fasciste israélien l'objectif de l'État sioniste est de régler définitivement la «question palestinienne» pour réaliser le grand rêve de la création d'un État purement juif du Jourdain à la mer. Et de quelle manière ? Politiquement, par l'abandon explicite de toute solution «à deux États». Militairement, par la déportation massive, y compris par la perpétration d'un massacre de masse, de la population palestinienne. Qui peut réaliser ce projet d'expansion territoriale et d'expulsion massive des Palestiniens, sinon des partis néo-fascistes et ultrareligieux pétris d'un racisme décomplexé et animés de violence meurtrière désinhibée, actuellement installés au pouvoir.

Et le nettoyage ethnique a commencé. L'État terroriste sioniste vient d'imposer un état de «siège complet» à Gaza.

«Nous imposons un siège complet à Gaza», a déclaré M. Gallant dans une vidéo communiquée par ses services. «Pas d'électricité, pas d'eau, pas de gaz, tout est fermé», a-t-il ajouté dans ce message en hébreu.

«Nous combattons des animaux et nous agissons en conséquence», a ajouté M. Gallant. Voilà comment le gouvernement fasciste d'Israël considère la population palestinienne de Gaza, dorénavant condamnée à mourir de faim et de soif. Il s'agit d'une véritable entreprise génocidaire.

Pour rappel, quelque 2,3 millions de Palestiniens vivent dans la bande de Gaza, un territoire densément peuplé et éprouvé par la pauvreté, sous blocus israélien depuis 2007.

En tout état de cause, par cette attaque sanglante, stupide et suicidaire, menée par le Hamas en territoire occupé israélien, l'entité sioniste pourra désormais se prévaloir de sa légitimité de défendre son pré-carré et réclamé le soutien inconditionnel de «l'opinion internationale»... de la soi-disant «communauté internationale» du capital, pour éradiquer définitivement les Palestiniens de Gaza, procéder à un autre nettoyage ethnique par sa politique criminelle du «Siège complet de Gaza», version génocidaire du Blocus qui frappe déjà l'enclave depuis 2007. Voilà la «solution finale» que le sionisme et ses sponsors mondiaux réservent au peuple de Gaza et aux kapos islamistes qui l'ont si bien servis.

source :  Les 7 du Québec

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