Andre Damon
(AFP)
Israël a lancé lundi son assaut génocidaire prévu de longue date sur Rafah, en ordonnant à la population de la ville d'évacuer les lieux et en lançant un bombardement intense.
Plus de 1,2 million de réfugiés, dont plus de 600.000 enfants, sont actuellement hébergés à Rafah, dans des conditions sordides, sans nourriture, eau, hygiène ou médicaments adéquats. La majorité des enfants, selon les termes de l'observateur «Euro-Med», sont «soit blessés, soit malades, soit mal nourris».
Israël a bombardé des maisons résidentielles dans toute la bande de Gaza lundi, faisant au moins 26 morts - principalement des femmes et des enfants - et des dizaines de blessés ensevelis sous les décombres. Les chars israéliens se sont approchés à moins de 200 mètres du point de passage de Rafah avec l'Égypte, a rapporté l'Associated Press.
«Le cabinet de guerre a décidé à l'unanimité ce soir qu'Israël poursuivrait son opération à Rafah», a déclaré le gouvernement Netanyahou dans un communiqué lundi.
L'assaut sur Rafah intervient malgré l'acceptation par le Hamas, lundi, d'une proposition de cessation temporaire des hostilités en échange de la libération d'otages. Mais après avoir passé des semaines à tenter de rendre les Palestiniens responsables de la guerre en cours, les responsables israéliens ont catégoriquement rejeté la proposition.
Le ministre de la Sécurité Nationale, Ben-Gvir, a répondu dans un message sur X: «Les exercices et les jeux du Hamas n'ont qu'une seule réponse: l'ordre immédiat d'occuper Rafah».
En réponse à l'assaut meurtrier d'Israël, de nombreux responsables américains ont réitéré leur soutien illimité à Israël. «Nous avons toujours dit clairement que nous étions engagés dans la défense d'Israël», a déclaré lundi le porte-parole du département d'État, Vedant Patel. «Cet engagement en faveur de la sécurité d'Israël reste inébranlable.
«Notre soutien à la sécurité d'Israël reste inébranlable», a déclaré le porte-parole du département d'État, Matthew Miller. «Le président a beaucoup insisté pour que nous puissions continuer à aider Israël à répondre à ses besoins en matière de sécurité...»
«Israël a le droit et la responsabilité de se défendre», a déclaré John Kirby, porte-parole du Conseil national de sécurité. «Et nous allons continuer à assurer sa sécurité».
De manière absurde, Kirby a nié qu'un assaut sur Rafah avait commencé, déclarant: «Il n'y a pas eu d'assaut ou d'attaque» sur la ville.
Jouant avec les mots dans un exercice cynique et trompeur, Kirby a déclaré: «Le président ne veut pas voir des opérations à Rafah qui mettent davantage en danger les plus d'un million de personnes qui y cherchent refuge».
Cette déclaration cherche à suggérer que la Maison-Blanche s'oppose à l'assaut d'Israël sur la ville, malgré l'annonce faite par la Maison-Blanche le mois dernier, «Les deux parties se sont mises d'accord sur l'objectif commun de voir le Hamas vaincu à Rafah».
Le Wall Street Journal, s'exprimant au nom d'une faction de l'establishment politique américain qui proclame ouvertement ses objectifs meurtriers au lieu d'essayer de les dissimuler par des mensonges transparents, a déclaré: «La bataille pour Rafah a commencé à Gaza, et c'est une partie essentielle de la guerre d'autodéfense d'Israël contre le Hamas».
Dans une évaluation brutale de la situation sur le terrain, le WSJ écrit:
Tôt lundi matin, Israël a ordonné l'évacuation de l'est de Rafah, dirigeant les civils vers la sécurité. Dans l'après-midi, les chars israéliens ont avancé. Le plan est d'évacuer et de combattre dans la ville morceau par morceau, en déplaçant rapidement les civils vers le nord et l'ouest.
En réalité, l'évacuation de Rafah se déroule de la même manière que les précédentes, Israël exigeant que les civils se déplacent vers des zones activement bombardées et prenant pour cible les personnes qui s'enfuient. Les ordres d'évacuation ne comportent aucune promesse de passage en toute sécurité ni de garantie que les personnes déplacées seront en sécurité une fois arrivées.
L'Observatoire Euro-Med a déclaré dans un communiqué:
Par le biais de tracts écrits, de messages textuels et d'appels téléphoniques enregistrés, l'armée israélienne a ordonné à la population civile de Rafah de quitter les quartiers est de la ville, en particulier la zone d'Al-Shouka ainsi que Al-Salam, Al-Geneina et Al-Byouk, en direction de la zone d'Al-Mawasi», a écrit l'observatoire Euro-Med dans un communiqué.
Cependant, Israël n'a fourni aucune explication sur la manière dont la population civile serait transportée en toute sécurité vers Al-Mawasi, qui se trouve à l'ouest de la ville voisine de Khan Yunis, ni sur la manière dont elle serait organisée à son arrivée.
Euro-med a noté:
plus de 200.000 personnes pourraient être visées par les ordres de déplacement, qui affectent également l'hôpital Abu Youssef Al-Najjar, le principal hôpital de Rafah, ainsi que les points de passage de Rafah et de Kerem Shalom. Il convient de noter que l'accès de l'aide humanitaire par ces points de passage a été interrompu depuis hier après-midi.
À ce jour, Israël a ordonné l'évacuation - c'est-à-dire le nettoyage ethnique - de plus des deux tiers de la bande de Gaza.
L'observateur Euro-Med a averti:
Une vague plus importante de déplacements, une surpopulation accrue et l'élimination des possibilités d'obtenir de la nourriture et de l'eau de base résulteront de l'attaque terrestre israélienne imminente sur Rafah, qui pourrait être le point le plus meurtrier de l'escalade contre les civils palestiniens. Le système de santé de la bande de Gaza, qui est déjà pratiquement détruit, risque de s'effondrer complètement.
Le journaliste palestinien Bisan Owda, qui vit actuellement dans un camp de réfugiés à Rafah, a déclaré dans un post Instagram:
Si Rafah est envahi, cela signifie que l'unique et plus grand passage - Rafah Crossing - sera fermé. Et cela signifie qu'aucun camion d'aide humanitaire n'entre, que ceux qui ont besoin d'un traitement en dehors de Gaza ne peuvent pas voyager, que ceux qui ont besoin d'évacuer leur famille pour trouver un endroit sûr en dehors de Gaza ne peuvent pas voyager, que les travailleurs humanitaires internationaux, les médecins, les activistes ne peuvent pas entrer dans Gaza.
Dans une déclaration sur X, le candidat à la présidence du Parti socialiste pour l'égalité, Joe Kishore, a écrit:
Le développement d'un mouvement de la classe ouvrière contre la guerre de la classe capitaliste à l'intérieur du pays doit être lié à une lutte contre la guerre capitaliste à l'étranger. En réalité, il s'agit d'une seule et même guerre.
C'est en mobilisant la classe ouvrière sur un programme socialiste, indépendant des partis de la classe dirigeante, que le génocide à #Gaza peut être arrêté dans le cadre d'une lutte contre le système impérialiste-capitaliste dans son ensemble.
Depuis le début du génocide il y a près de sept mois, 34.622 Palestiniens ont été tués à Gaza selon les autorités sanitaires, et des milliers d'autres ont été ensevelis sous les décombres des bâtiments, ce qui signifie que le nombre réel de morts est supérieur à 40.000. Au moins 254 travailleurs humanitaires, 492 agents de santé et 141 journalistes ont été tués par des bombes ou des balles israéliennes.
Source : World Socialist Web Site