04/05/2025 francesoir.fr  6min #276879

Élections en Roumanie : irrégularités électorales critiques, des morts voteraient. Conférence de presse de George Simion

France-Soir

Élections en Roumanie : irrégularités électorales critiques, des morts voteraient. Conférence de presse de George Simion

Lors d'une conférence de presse tenue le 4 mai 2025 à 13 h devant le Sénat roumain, George Simion, figure politique majeure en Roumanie, a abordé les enjeux cruciaux entourant les élections anticipées dans son pays. Cette rencontre avec les médias internationaux visait à éclairer les défis et les controverses entourant le processus électoral. « Nous sommes là pour répondre à toutes vos questions », a-t-il déclaré, mettant ainsi l'accent sur la transparence et la communication ouverte.

Des irrégularités électorales préoccupantes

Georgiana Teodorescu, députée européenne de l'AUR, et Nicolae Vlahu, sénateur de l'AUR, ont dénoncé, par un communiqué de presse, des irrégularités majeures dans le processus électoral en cours en Roumanie. Ils pointent du doigt la présence de personnes décédées sur les listes électorales, un problème constaté dans plusieurs régions, notamment à Bucarest, Prahova, Constanța et d'autres comtés. Des preuves vidéo ont été partagées, et des plaintes ont été déposées, notamment pour falsification de documents officiels à Constanța, où des listes électorales comportaient des mentions manuscrites de « décédé » à côté de noms dont les codes numériques personnels (CNP) restaient valides, suggérant un risque de votes frauduleux. Ces accusations remettent en cause les déclarations des autorités, qui avaient qualifié ces allégations de désinformation, et soulignent un manque de transparence dans la gestion des listes électorales.

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En outre, Teodorescu et Vlahu mettent en évidence des pratiques électorales frauduleuses récurrentes, telles que l'utilisation abusive des urnes mobiles, avec une augmentation significative des demandes par rapport aux élections précédentes (par exemple, de 102 à 1 400 demandes dans le comté d'Argeș). D'autres irrégularités incluent des pressions sur les membres des bureaux de vote pour signer des rapports vierges, des intimidations, des vols de bulletins (comme à Rojiște, Dolj), et des violations des procédures dans plusieurs bureaux de vote. Des incidents spécifiques, comme la demande de couvrir les caméras de surveillance dans un bureau de l'Olt ou des activités de campagne illégales à Berlin, sont également rapportés. Les représentants de l'AUR appellent les autorités à respecter la volonté des électeurs et exhortent l'Autorité Électorale Permanente à clarifier la présence de personnes décédées sur les listes et leur impact potentiel sur les résultats électoraux.

Lors de la conférence de presse, Simion a exprimé ses inquiétudes quant à l'intégrité des élections, évoquant les problèmes liés aux listes électorales. Selon lui, « Il y a 18 millions d'électeurs inscrits, alors que nous ne sommes que 19 millions de Roumains ». Cette anomalie, attribuée à la présence de nombreuses personnes décédées sur les listes, pose un sérieux problème de crédibilité. « C'est un énorme problème pour nous, car nous visons la majorité lors de ces élections », a-t-il affirmé.

Le chef politique a également pointé du doigt l'inaction du gouvernement face à ces dysfonctionnements, accusant l'Autorité électorale de faire « comme si de rien n'était ». Il a insisté sur la nécessité de retirer les personnes décédées des listes pour garantir des élections justes et transparentes.

En investiguant, France-Soir avait été alerté de ce potentiel risque, notamment des Roumains de la diaspora - il y a plus d'un million de Roumains en Italie et pas loin de 700 000 en Allemagne, des questions se posent donc sur ces votes de personnes décédées, d'où viennent-ils ? À ce jour, « aucune réponse n'est donnée par les autorités » répond Me Silvia Uscov, l'avocate de l'AUR, le parti présidé par Simion.

Un contexte politique tendu

La conférence de presse a également révélé les tensions entre Simion et ses adversaires politiques. Il a critiqué le gouvernement dirigé par M. Ciolacu, l'accusant d'avoir annulé les élections précédentes faute d'avoir obtenu les résultats escomptés. « Les Roumains n'ont pas voté comme le gouvernement le souhaitait en décembre », a-t-il rappelé, soulignant une crise politique latente.

En réponse aux accusations de fraude, l'équipe de Simion, épaulée par l'avocate Sylvia Uscov, a saisi le Bureau électoral pour enquêter sur les irrégularités présumées. Uscov a déclaré : « Signalement de fraudes, violations de la campagne, et diffusion généralisée d'informations erronées ont été transmis au parquet pour une action urgente ».

Une vision pour l'avenir de la Roumanie

Malgré le climat tendu, Simion se montre résolu à défendre la souveraineté et la démocratie roumaines. Il a exprimé son engagement envers les alliances internationales, notamment avec l'Union européenne et l'OTAN, affirmant : « Nous allons honorer tous nos engagements dans nos alliances internationales ».

Simion a également partagé sa vision pour une Europe unie, tout en critiquant l'ingérence perçue de certaines institutions européennes dans les affaires internes de la Roumanie. « Nous voulons une Union européenne composée de nations indépendantes et souveraines », a-t-il expliqué, prônant une réforme profonde des structures européennes actuelles.

Von der Leyen et Kovesi en ligne de mire

Lors de la conférence de presse donnée par George Simion, Xavier Azalbert, journaliste de France-Soir qui couvre l'évènement, a posé une question concernant  l'intégrité de l'Union européenne, notamment en relation avec l'ingérence présumée de certaines personnalités influentes. Xavier Azalbert a mentionné Laura Kövesi, qui fait l'objet d'une plainte pénale en Belgique pour ingérence dans les affaires européennes, et s'est interrogé sur les mesures que Simion envisageait pour restaurer cette intégrité au sein du projet européen.

Simion a répondu en précisant sa vision d'une Europe unie, qui diffère de celle de dirigeants comme Ursula von der Leyen et Emmanuel Macron. Il a souligné que l'UE devrait être composée de nations indépendantes et souveraines, et a exprimé le souhait de « remplacer la présidente actuelle de la Commission européenne ». Concernant Laura Kövesi, il a critiqué son non-respect des lois, tant en Roumanie qu'au niveau européen, et a affirmé la nécessité de nommer d'autres responsables pour les institutions européennes. Simion a ainsi mis en avant son engagement envers une Europe des nations, tout en critiquant les tendances fédéralistes actuelles.

La conférence de presse de George Simion a mis en lumière les défis complexes auxquels la Roumanie est confrontée à l'approche des élections anticipées. Entre les accusations de fraude électorale et la volonté de préserver la démocratie, le pays se trouve à un carrefour critique.

Simion a conclu en réaffirmant son engagement pour des élections libres et justes, tout en appelant à la vigilance internationale. « Notre seul souhait pour ce processus électoral est d'organiser des élections libres et équitables », a-t-il insisté, laissant entrevoir un espoir pour un avenir démocratique en Roumanie.

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