05/05/2025 3 articles francesoir.fr  4min #276936

 Élections en Roumanie : irrégularités électorales critiques, des morts voteraient. Conférence de presse de George Simion

Présidentielle en Roumanie : Simion s'impose au premier tour avec 40,5 % des voix

France-Soir avec AFP

George Simion (à Droite) vote en compagnie de Calin Georgescu l'ancien candidat interdit d'élection

Le candidat a changé, mais la droite souverainiste reste en tête : cinq mois après l'annulation choc du premier tour de la présidentielle, la Roumanie confirme dans un nouveau vote dimanche son virage nationaliste.

George Simion, a recueilli dimanche 40,5 % des suffrages, selon des résultats quasi finaux et affrontera au second tour prévu le 18 mai le maire centriste de Bucarest Nicusor Dan (20,9 %).

"Ensemble nous avons écrit une page d'histoire aujourd'hui", a réagi le vainqueur dans un message vidéo diffusé au siège de son parti devant des partisans chantant "Dehors les voleurs, vive les patriotes".

Pour Marine Le Pen, "La Roumanie vient d'offrir à Mme Von der Leyen un très joli boomerang", a estimé lundi la députée du RN sur X, accusant implicitement la présidente de la Commission européenne d'avoir influé pour l'annulation du premier tour de l'élection il y a cinq mois.

Onze prétendants au total briguaient un poste essentiellement protocolaire, mais influent en politique étrangère, dans ce pays membre de l'UE de 19 millions d'habitants devenu un pilier essentiel de l'Otan depuis l'invasion russe de l'Ukraine voisine.

La victoire surprise en novembre de Calin Georgescu, un ancien haut fonctionnaire accusé par ses détracteurs d'être favorable au Kremlin, avait inquiété dans l'ouest du continent et plongé la Roumanie dans la tourmente politique.

La Cour constitutionnelle a invalidé le vote et exclu le sexagénaire de cette nouvelle course, pour suspicions d'ingérence russe.

Il a été remplacé par M. Simion, 38 ans, en quatrième position aux élections de l'automne dernier. Les deux hommes se sont affichés ensemble dimanche dans un bureau de vote de Mogosoaia, près de Bucarest.

Nombreux espèrent, comme Robert Teodoroiu, conducteur de 37 ans, que leur bulletin, infructueux en novembre, aboutisse cette fois. "Je retente ma chance", explique-t-il à l'AFP dans les rues de la capitale.

Pendant la campagne, George Simion a brandi sa jeunesse, son côté souverainiste et sa maîtrise de la plateforme TikTok pour venger son allié Georgescu.

Il nie toute inclination pour la Russie, et partage la même aversion pour "les bureaucrates bruxellois", s'opposant à tout soutien militaire à Kiev.

Sur les marchés ou à l'étranger, pour convaincre l'importante diaspora, ce fan de Donald Trump se rêve en "président MAGA" (Make America Great Again), slogan parfois affiché sur ses casquettes.

Ce discours plaît à Stela Ivan, 67 ans, qui "espère de tout coeur" sa victoire finale. George Simion apporterait "du changement" et ferait revenir ses fils partis vivre en Espagne, estime-t-elle, lasse des partis politiques au pouvoir depuis la fin du communisme.

L'inflation, très élevée en Roumanie, est aussi sur toutes les lèvres, Silvia Tomescu, infirmière de 52 ans, disant par exemple, aspirer à "une vie meilleure et à des salaires plus élevés".

Qui sera l'adversaire de George Simion au second tour ?

Le suspense est entier tant l'écart est serré entre le candidat de la coalition gouvernementale pro-européenne, Crin Antonescu, et le maire de Bucarest, Nicusor Dan, qui a promis de lutter contre la "corruption".

Plus loin derrière (autour de 15 %), figure l'ancien Premier ministre social-démocrate Victor Ponta, qui avait misé sur un discours aux accents trumpistes teinté de références à Dieu.

Si George Simion accède au poste suprême, il a promis dimanche de "porter Calin Georgescu au pouvoir", évoquant trois options: "un référendum, des élections anticipées ou la formation d'une coalition au Parlement qui le nommerait Premier ministre".

Après l'annulation, décision rarissime au sein de l'UE, le scrutin était sous haute surveillance.

Des milliers de personnes ont manifesté ces derniers mois pour dénoncer "un coup d'État". Les États-Unis sont également intervenus, le vice-président JD Vance appelant à écouter la voix d'un peuple qu'on a fait taire "sur la base des faibles soupçons d'une agence de renseignement".

Les autorités, qui ont renforcé les mesures de prévention et la collaboration avec le réseau TikTok, assurent avoir "tiré les leçons" du fiasco.

Alors que l'extrême droite évoque "de multiples signes de fraude", le gouvernement a pointé des campagnes de désinformation, y voyant de "nouvelles tentatives de manipulation et d'ingérence menée par des acteurs étatiques".

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