20/06/2025 arretsurinfo.ch  17min #281736

 Les mensonges utilisés pour justifier la guerre contre l'Irak sont réutilisés pour faire la guerre à l'Iran

L'attaque d'Israël contre l'Iran: le nouveau monde violent qui est en train de naître va vous horrifier

Par  Jonathan Cook

Il y a vingt ans, les États-Unis ont prématurément mis en garde contre les « douleurs de la naissance » d'un nouveau Moyen-Orient. Aujourd'hui, elles sont arrivées en force - et elles ne s'arrêteront pas en Iran.

Les politiciens et les médias occidentaux se contorsionnent pour tenter de présenter l'impossible : faire passer la guerre d'agression manifeste d'Israël contre l'Iran pour une sorte de mesure « défensive ».

Cette fois-ci, il n'y avait pas de prétexte rationnel, contrairement à ce qui avait été le cas pour Israël lorsqu'il avait perpétré un génocide à Gaza à la suite de l'attaque d'une journée menée par le Hamas le 7 octobre 2023.

Il n'y a pas eu de tentative sérieuse au préalable pour concocter un scénario apocalyptique fallacieux, comme ce fut le cas dans les mois qui ont précédé l'invasion illégale de l'Irak par les États-Unis et le Royaume-Uni en 2003. À l'époque, on nous avait menti en affirmant que Bagdad disposait d'« armes de destruction massive » pouvant être lancées sur l'Europe en 45 minutes.

Au contraire, l'Iran était en pleine négociation avec les États-Unis sur son programme d'enrichissement nucléaire lorsque Israël a lancé son attaque non provoquée vendredi dernier.

L'Occident a joyeusement repris les affirmations du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu selon lesquelles Israël était contraint d'agir parce que l'Iran était sur le point de produire une bombe nucléaire - une affirmation sans aucun fondement qu'il répète depuis 1992.

Aucune de ses sombres prédictions ne s'est jamais réalisée.

En réalité, Israël a frappé l'Iran peu après que le président Donald Trump ait exprimé son espoir de parvenir à un accord nucléaire avec Téhéran, et deux jours avant que les négociateurs des deux pays ne se réunissent à nouveau.

Fin mars, le chef des services de renseignement nationaux de Trump, Tulsi Gabbard, avait expressément déclaré dans le cadre de l'évaluation annuelle des services de renseignement américains : «L'Iran ne construit pas d'arme nucléaire et le guide suprême (Ali) Khamenei n'a pas autorisé la reprise du programme d'armement nucléaire suspendu en 2003. »

Cette semaine, quatre sources proches de cette évaluation ont déclaré à CNN que l'Iran ne cherchait pas à fabriquer une bombe, mais que s'il changeait de cap, il lui faudrait « jusqu'à trois ans pour être en mesure de produire et de lancer une ogive nucléaire sur la cible de son choix ».

Néanmoins, mardi dernier, Trump semblait prêt à se joindre à l'attaque israélienne. Il a publiquement rejeté le verdict de son propre chef des services de renseignement, envoyé des avions de combat américains au Moyen-Orient via le Royaume-Uni et l'Espagne, exigé la « reddition inconditionnelle » de l'Iran et proféré des menaces à peine voilées de mort à l'encontre de Khamenei.

« L'option Samson »

Israël prépare depuis de nombreuses années un prétexte pour attaquer l'Iran, ce qui a été qualifié de « crime international suprême » par le tribunal de Nuremberg en 1945.

Les négociations actuelles entre les États-Unis et l'Iran n'étaient nécessaires que parce que, sous la pression intense d'Israël pendant son premier mandat présidentiel, Trump a déchiré un accord existant avec Téhéran.

Cet accord, négocié par son prédécesseur, Barack Obama, visait à apaiser les appels incessants d'Israël en faveur d'une frappe contre l'Iran. Il limitait strictement l'enrichissement d'uranium par Téhéran à un niveau bien inférieur à celui qui lui permettrait de « sortir » de son programme énergétique civil pour fabriquer une bombe.

Israël, en revanche, a été autorisé à conserver un arsenal nucléaire d'au moins 100 ogives, tout en refusant - contrairement à l'Iran - de signer le Traité de non-prolifération nucléaire et - là encore contrairement à l'Iran - en refusant l'accès aux inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique.

La complicité de l'Occident dans la prétention que les armes nucléaires d'Israël sont secrètes - une politique officiellement connue en Israël sous le nom d'« ambiguïté » - n'a été nécessaire que parce que les États-Unis ne sont pas autorisés à fournir une aide militaire à un État doté d'armes nucléaires non déclarées.

Israël est de loin le plus grand bénéficiaire de cette aide.

Personne - à part les racistes incorrigibles - ne croit que l'Iran prendrait le risque suicidaire de tirer un missile nucléaire sur Israël, même s'il en avait un. Ce n'est pas là la véritable raison des inquiétudes israéliennes ou étatsuniennes.

Ce double standard est plutôt appliqué pour maintenir Israël comme seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, afin qu'il puisse projeter sa puissance militaire sans restriction dans une région riche en pétrole que l'Occident est déterminé à contrôler.

La bombe israélienne a rendu Israël intouchable et irresponsable, prêt à intimider ses voisins avec « l'option Samson », c'est-à-dire la menace d'utiliser son arsenal nucléaire plutôt que de risquer une menace existentielle.

Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a semblé évoquer un tel scénario contre l'Iran cette semaine dans une déclaration rapportée par la presse : « D'autres jours difficiles nous attendent, mais souvenez-vous toujours d'Hiroshima et de Nagasaki. »

Gardez à l'esprit que les gouvernements israéliens considèrent comme « existentielle » toute menace à leur statut actuel d'État colonialiste, occupant et déracinant de force le peuple palestinien de sa terre natale.

Les armes nucléaires d'Israël lui permettent d'agir à sa guise dans la région - y compris de commettre un génocide à Gaza - sans craindre de représailles significatives.

Propagande de guerre

L'affirmation selon laquelle Israël « se défend » en attaquant l'Iran - relayée par la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Union européenne, le G7 et les États-Unis - doit être comprise comme une nouvelle atteinte aux principes fondamentaux du droit international.

Cette affirmation repose sur l'idée que l'attaque d'Israël était « préventive », ce qui pourrait être justifié si Israël pouvait démontrer qu'il existait une menace imminente, crédible et grave d'attaque ou d'invasion de la part de l'Iran qui ne pouvait être évitée par d'autres moyens.

Et pourtant, même en supposant qu'il existe des preuves à l'appui de l'affirmation d'Israël selon laquelle il était en danger imminent - ce qui n'est pas le cas -, le fait même que l'Iran était en pleine négociation avec les États-Unis au sujet de son programme nucléaire invalide cette justification.

Au contraire, l'argument d'Israël selon lequel l'Iran représentait une menace à un moment donné dans le futur qui devait être neutralisée relève d'une guerre « préventive » - et est incontestablement illégale au regard du droit international.

Notez le contraste frappant avec la réaction de l'Occident à l'attaque dite « non provoquée » de la Russie contre l'Ukraine il y a tout juste trois ans.

Les capitales occidentales et leurs médias avaient alors clairement indiqué que les actions de Moscou étaient inadmissibles et que des sanctions économiques sévères contre la Russie et un soutien militaire à l'Ukraine étaient les seules réponses possibles.

À tel point que les premières tentatives de négociation d'un accord de cessez-le-feu entre Moscou et Kiev, fondé sur le retrait russe, ont été contrecarrées par le Premier ministre Boris Johnson, vraisemblablement sur ordre de Washington. L'Ukraine a reçu l'ordre de continuer à se battre.

L'attaque d'Israël contre l'Iran est une violation encore plus flagrante du droit international.

Netanyahu, qui est déjà recherché par la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité à Gaza, où il affame la population, est désormais coupable du « crime international suprême ».

Mais cela, on ne l'apprend pas en écoutant les politiciens occidentaux ou les médias appartenant à des milliardaires.

Là-bas, le discours est une fois de plus celui d'un Israël courageux, contraint d'agir unilatéralement, confronté à une menace existentielle, menacé par des terroristes barbares, dont la population souffre de manière unique et dont l'humanité est mise en avant, et celui d'un Netanyahou présenté comme un leader fort plutôt que comme un criminel de guerre pur et dur.

C'est le même scénario éculé, ressassé à chaque occasion, quels que soient les faits ou les circonstances. Cela suffit à prouver que le public occidental n'est pas informé, mais soumis à une propagande de guerre encore plus intense.

Changement de régime

Mais les prétextes invoqués par Israël pour justifier sa guerre d'agression sont mouvants, difficiles à saisir car ils changent constamment.

Si Netanyahou a commencé par avancer l'argument peu plausible selon lequel le programme nucléaire iranien constituait une menace imminente, il a rapidement changé de discours pour affirmer que la guerre d'agression menée par Israël était également justifiée pour éliminer une menace supposée provenant du programme de missiles balistiques iraniens.

Dans un ultime exemple de « chutzpah », d'effronterie, Israël a cité comme preuve le fait qu'il était frappé par des missiles iraniens - des missiles tirés par Téhéran en réponse directe à la pluie de missiles israéliens sur l'Iran.

Les protestations d'Israël face au nombre croissant de victimes civiles israéliennes ont occulté deux faits gênants qui auraient dû mettre en évidence l'hypocrisie d'Israël, si les médias occidentaux ne s'étaient pas efforcés de les dissimuler.

Premièrement, Israël a transformé sa propre population civile en bouclier humain en installant des installations militaires clés - telles que son agence d'espionnage et son ministère de la Défense - au cœur de Tel-Aviv, une ville densément peuplée, et en tirant ses missiles intercepteurs depuis l'intérieur de la ville.

Rappelons qu'Israël a accusé le Hamas d'être responsable de la mort de dizaines de milliers de Palestiniens à Gaza au cours des 20 derniers mois, en se basant sur l'affirmation largement non prouvée que ses combattants se cachaient parmi la population. Aujourd'hui, ce même argument peut et doit être retourné contre Israël.

Deuxièmement, Israël frappe de manière évidente des zones résidentielles en Iran, comme il l'a fait auparavant en détruisant la quasi-totalité des bâtiments de Gaza, y compris des maisons, des hôpitaux, des écoles, des universités et des boulangeries.

Netanyahu et Trump ont tous deux appelé les Iraniens à « évacuer immédiatement » la ville de Téhéran, ce qui est impossible pour la plupart de ses 10 millions d'habitants dans le temps imparti.

Mais leur demande soulève également la question suivante : si Israël tente d'empêcher le développement d'une ogive nucléaire iranienne, pourquoi concentre-t-il autant ses attaques sur les zones résidentielles de la capitale iranienne ?

Plus généralement, l'argument d'Israël selon lequel l'Iran doit être dépouillé de ses missiles balistiques suppose que seul Israël - et ses alliés - est autorisé à disposer d'une quelconque capacité de dissuasion militaire.

Il semble non seulement que l'Iran ne soit pas autorisé à disposer d'un arsenal nucléaire pour contrebalancer les armes nucléaires d'Israël, mais qu'il ne soit même pas autorisé à riposter lorsque Israël décide de lancer ses missiles fournis par les États-Unis sur Téhéran.

Ce qu'Israël exige en réalité, c'est que l'Iran soit transformé en une version élargie de l'Autorité palestinienne, un régime docile, faiblement armé et totalement sous la coupe d'Israël.

Ce qui nous amène au cœur de l'objectif réel de l'attaque actuelle d'Israël contre l'Iran.

Il s'agit d'instaurer un changement de régime à Téhéran.

Formés à la torture

Une fois de plus, les médias occidentaux contribuent à cette nouvelle narration.

Fait extraordinaire, des émissions politiques télévisées telles que Sunday with Laura Kuenssberg, sur la BBC, ont invité Reza Pahlavi, le fils du shah iranien renversé par les ayatollahs en 1979 pour créer une république islamique. Il a profité de cette tribune pour appeler les Iraniens à « se soulever » contre leurs dirigeants.

Le cadre présenté - entièrement fabriqué par Israël - est que la société iranienne est désespérée de se libérer du joug de la dictature islamique et de revenir à l'âge d'or de la monarchie sous les Pahlavi.

C'est une analyse plus qu'absurde de l'Iran moderne.

Demander à Pahlavi de discuter de la manière dont l'Iran pourrait se libérer du régime clérical revient à inviter le petit-fils de Joseph Staline dans un studio pour discuter de la manière dont il compte mener un mouvement pro-démocratique en Russie. (exemple particulièrement mal choisi... Il aurait pu penser de manière plus exacte à un descendant du Tzar, mais soit)

En réalité, les Pahlavi, tant redoutés, n'étaient au pouvoir en 1979 - et en position d'être renversés - que parce qu'Israël, la Grande-Bretagne et les États-Unis s'étaient profondément ingérés en Iran pour les maintenir en place pendant si longtemps.

Lorsque les Iraniens ont élu le réformateur laïc Mohammed Mossadegh, avocat et intellectuel, au poste de Premier ministre en 1951, la Grande-Bretagne et les États-Unis ont travaillé sans relâche pour le renverser. Son principal crime était d'avoir repris le contrôle de l'industrie pétrolière iranienne - et de ses profits - au Royaume-Uni.

En l'espace de deux ans, Mossadegh a été renversé lors de l'opération Ajax menée par les États-Unis, et le Shah a été réinstallé comme dictateur. Israël a été chargé de former la police secrète iranienne, la Savak, aux techniques de torture à utiliser contre les dissidents iraniens, techniques apprises en torturant les Palestiniens.

Comme on pouvait s'y attendre, l'écrasement par l'Occident de tous les efforts visant à réformer démocratiquement l'Iran a ouvert un espace de résistance au Shah, qui a été rapidement occupé par les partis islamistes.

En 1979, ces forces révolutionnaires renversèrent le dictateur Mohammad Reza Pahlavi, soutenu par l'Occident. L'ayatollah Ruhollah Khomeini revint d'exil à Paris pour fonder la République islamique d'Iran.

Le croissant de la résistance

Il convient de noter que le successeur de Khomeini à la tête du régime, Ali Khamenei, a publié en 2003 un décret religieux interdisant à l'Iran de développer l'arme nucléaire. Il considérait cela comme une violation de la loi islamique.

C'est pourquoi l'Iran a toujours été si réticent à développer une bombe, malgré les provocations incessantes d'Israël et ses affirmations contraires.

L'Iran a plutôt pris deux mesures qui sont les véritables déclencheurs de la guerre d'agression menée par Israël.

Premièrement, il a élaboré la meilleure stratégie militaire alternative possible pour se protéger de l'agressivité d'Israël et de l'Occident, une agressivité liée au refus de l'Iran de servir de vassal à l'Occident, comme l'avait fait le Shah, plutôt qu'à la question des droits de l'homme sous le régime clérical.

Les dirigeants iraniens ont compris qu'ils étaient une cible. L'Iran dispose d'énormes réserves de pétrole et de gaz, mais contrairement aux régimes voisins du Golfe, il n'est pas une marionnette de l'Occident. Il peut également fermer le détroit d'Ormuz, principale voie d'accès pour le pétrole et le gaz vers l'Occident et l'Asie.

En tant qu'État chiite (contrairement à l'islam sunnite qui domine la majeure partie du reste du Moyen-Orient), l'Iran compte une série de communautés coreligionnaires dans toute la région - au Liban, en Syrie, en Irak, au Yémen et ailleurs - avec lesquelles il a développé des liens étroits.

Par exemple, avec l'aide de l'Iran, le Hezbollah au Liban a constitué un important stock de roquettes et de missiles près de la frontière israélienne. Cela était censé dissuader Israël de tenter d'attaquer et d'occuper à nouveau le Liban, comme il l'avait fait pendant deux décennies, du début des années 1980 jusqu'en 2000.

Mais cela signifiait également que toute attaque à plus longue portée d'Israël contre l'Iran serait risquée, l'exposant à un barrage de missiles sur sa frontière nord.

Les idéologues de Washington, connus sous le nom de néoconservateurs, qui soutiennent fermement l'hégémonie israélienne au Moyen-Orient, se sont fermement opposés à ce qui a été considéré comme « l'axe de la résistance ».

Les néoconservateurs, cherchant un moyen d'écraser l'Iran, ont rapidement exploité les attentats du 11 septembre 2001 contre les tours jumelles de New York comme une occasion d'éroder le pouvoir iranien.

Le général Wesley Clark a été informé au Pentagone, dans les jours qui ont suivi l'attaque, que les États-Unis avaient élaboré un plan visant à « éliminer sept pays en cinq ans ».

Il est à noter que même si la plupart des pirates de l'air qui ont précipité les avions sur les tours jumelles étaient originaires d'Arabie saoudite, la liste des cibles du Pentagone comprenait principalement des membres du « croissant chiite ».

Tous ont été attaqués depuis. Comme l'a fait remarquer Clark, le septième et dernier État de cette liste - le plus difficile à conquérir - est l'Iran.

Démonstration de force

L'autre préoccupation d'Israël était que l'Iran et ses alliés, contrairement aux régimes arabes, avaient prouvé leur soutien indéfectible au peuple palestinien contre des décennies d'occupation et d'oppression israéliennes.

Le défi que pose l'Iran face à la cause palestinienne a été soulignée pendant le premier mandat de Trump, lorsque les États arabes ont commencé à normaliser activement leurs relations avec Israël grâce aux accords d'Abraham négociés par les États-Unis, alors même que la situation des Palestiniens empirait sous le joug israélien.

Au grand dam d'Israël, l'Iran et le défunt chef du Hezbollah, Hassan Nasarallah, sont devenus les principaux porte-drapeaux du soutien populaire aux Palestiniens, parmi les musulmans en général.

Avec l'Autorité palestinienne largement inactive au milieu des années 2000, l'Iran a canalisé son aide vers le Hamas dans la bande de Gaza assiégée, le principal groupe palestinien toujours prêt à lutter contre le régime d'apartheid et le nettoyage ethnique israéliens.

Il en résulta une sorte de stabilité tendue, chaque camp se retenant dans une version moyen-orientale de la « destruction mutuelle assurée ». Aucune des deux parties n'avait intérêt à risquer une attaque totale, par crainte des graves conséquences.

Ce modèle prit fin brutalement le 7 octobre 2023, lorsque le Hamas décida que ses calculs précédents devaient être réévalués.

Les Palestiniens se sentant de plus en plus isolés, étouffés par le siège israélien et abandonnés par les régimes arabes, le Hamas a organisé une démonstration de force, s'échappant pendant une journée du camp de concentration de Gaza.

Israël a saisi cette occasion pour accomplir deux tâches connexes : détruire une fois pour toutes le peuple palestinien et, avec lui, ses ambitions d'un État sur sa terre natale ; et faire reculer le croissant chiite, comme l'avait prévu le Pentagone plus de 20 ans auparavant.

Israël a commencé par raser Gaza, massacrant et affamant sa population. Il s'est ensuite attaqué au cœur du Hezbollah au Liban. Et avec l'effondrement du régime syrien de Bachar al-Assad, Israël a pu occuper certaines parties de la Syrie, détruire ce qui restait de son infrastructure militaire et ouvrir une voie vers l'Iran.

Telles étaient les conditions préalables au lancement de la guerre d'agression actuelle contre l'Iran.

« Les douleurs de l'enfantement »

En 2006, alors qu'Israël bombardait des pans entiers du Liban dans une première tentative de réaliser le plan du Pentagone, Condoleezza Rice, alors secrétaire d'État américaine, avait prématurément qualifié la violence israélienne de « douleurs de l'enfantement d'un nouveau Moyen-Orient ».

Ce à quoi nous assistons depuis 20 mois, avec la lente escalade d'Israël vers l'Iran, n'est autre que la résurgence de ces douleurs de l'enfantement. Israël et les États-Unis sont en train de remodeler le Moyen-Orient par une violence extrême et l'éradication du droit international.

Israël peut remporter la victoire de deux manières.

Soit il installe à Téhéran un nouveau dirigeant autoritaire, comme le fils du Shah, qui se pliera aux volontés d'Israël et des États-Unis. Soit Israël laisse le pays dans un tel état de ruine qu'il sombre dans un violent factionnalisme, trop occupé par la guerre civile pour consacrer ses énergies limitées au développement d'une bombe nucléaire ou à l'organisation d'un « croissant chiite » de résistance.

Mais en fin de compte, il ne s'agit pas seulement de redessiner la carte du Moyen-Orient. Il ne s'agit pas seulement de renverser les dirigeants de Téhéran.

Tout comme Israël devait éliminer le Hamas, le Hezbollah et la Syrie avant de pouvoir envisager de se frayer un chemin vers la destruction de l'Iran, les États-Unis et leurs alliés occidentaux doivent éradiquer l'axe de la résistance et empêtrer la Russie dans une guerre interminable en Ukraine avant de pouvoir envisager de s'attaquer à la Chine.

Ou, comme l'a fait remarquer cette semaine le chancelier allemand Friedrich Merz, dans un moment de franchise : « C'est le sale boulot qu'Israël fait pour nous tous. »

Il s'agit d'un moment clé dans le plan quinquennal du Pentagone visant à établir une « domination mondiale totale » : un monde unipolaire dans lequel les États-Unis ne sont soumis à aucune contrainte militaire ni à aucune obligation internationale. Un monde dans lequel une élite minuscule et irresponsable, enrichie par les guerres, dicte ses conditions au reste de l'humanité.

Si tout cela ressemble à l'approche d'un sociopathe en matière de relations internationales, c'est parce que c'est le cas. Des années d'impunité pour Israël et les États-Unis nous ont amenés à ce point. Tous deux se sentent en droit de détruire ce qui reste d'un ordre international qui ne leur permet pas d'obtenir exactement ce qu'ils veulent.

Les douleurs de l'accouchement vont s'intensifier. Si vous croyez aux droits de l'homme, à la limitation du pouvoir des gouvernements, au recours à la diplomatie avant l'agression militaire, aux libertés avec lesquelles vous avez grandi, le nouveau monde qui est en train de naître va vous horrifier.

 Jonathan Cook, 19 juin 2025

Source:  Middle East Eye

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Notez le contraste frappant avec la réaction de l'Occident à l'attaque dite « non provoquée » de la Russie contre l'Ukraine il y a tout juste trois ans.
Netanyahu, qui est déjà recherché par la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité à Gaza, où il affame la population, est désormais coupable du « crime international suprême ».
Il convient de noter que le successeur de Khomeini à la tête du régime, Ali Khamenei, a publié en 2003 un décret religieux interdisant à l'Iran de développer l'arme nucléaire. Il considérait cela comme une violation de la loi islamique.
Il s'agit d'un moment clé dans le plan quinquennal du Pentagone visant à établir une « domination mondiale totale » : un monde unipolaire dans lequel les États-Unis ne sont soumis à aucune contrainte militaire ni à aucune obligation internationale. Un monde dans lequel une élite minuscule et irresponsable, enrichie par les guerres, dicte ses conditions au reste de l'humanité.
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