Par Larry C Johnson - Le 29 septembre 2025 - Source Son of the New american revolution
Vous vous demanderez probablement pourquoi le titre parle du Venezuela mais que l'article commence en discutant du nouveau dirigeant syrien ? Une bonne question dont voici la réponse : Étant donné l'accumulation massive de forces américaines au large des côtes du Venezuela, la menace supposée par le groupe Tren de Aragua est-elle réelle ou s'agit-il d'une opération de renseignement conçue pour créer une justification pour effectuer un changement de régime au Venezuela ?
Nous savons par des preuves accessibles au public que la CIA a l'habitude de soutenir des groupes islamiques radicaux au contraire de la politique américaine déclarée publiquement de s'opposer à ces groupes. Hay'at Tahrir al-Sham, qui est dirigé par le président syrien nouvellement installé, Ahmed Hussein al-Sharaa, anciennement connu sous le nom d'Abu Mohammad al-Julani, en est le dernier exemple.
Al-Sharaa est né en 1982 à Riyad, en Arabie Saoudite, dans une famille musulmane sunnite syrienne, et il a grandi à Damas, en Syrie. Il a rejoint al-Qaïda en Irak (AQI) peu de temps avant l'invasion américaine de l'Irak en 2003 et a combattu dans l'insurrection irakienne pendant trois ans. Il a été capturé par les forces américaines en 2006 et emprisonné jusqu'en 2011.
Après sa libération, coïncidant avec le début de la Révolution syrienne, il a fondé le Front al-Nosra en 2012, une filiale d'al-Qaïda visant à renverser le régime de Bachar al-Assad pendant la guerre civile syrienne, ce qui coïncidait avec la politique américaine. Serait-ce juste une coïncidence?
En 2016, al-Sharaa a rompu ses liens avec al-Qaïda, rebaptisé son groupe et fusionné avec d'autres factions pour former Hay'at Tahrir al-Sham (HTS), qui contrôlait une grande partie du gouvernorat d'Idlib. HTS dirigeait une administration technocratique connue sous le nom de Gouvernement de salut syrien, fournissant certains services publics mais réprimant également la dissidence. Je crois que cette séparation d'avec al-Qaïda a coïncidé avec son affiliation à des organisations de renseignement occidentales.
Bien qu'il ait été porté au pouvoir avec l'aide d'organisations de renseignement occidentales, de nombreux rapports et enquêtes provenant de sources multiples confirment que les forces alignées avec Ahmed al-Sharaa et son gouvernement en Syrie ont continué à perpétrer des violences sectaires généralisées, des persécutions et des massacres ciblant les minorités religieuses, y compris les chrétiens, les Alaouites, les Druzes et les musulmans chiites. Les points clés comprennent :
- À partir de mars 2025, une série de massacres ciblant les communautés alaouites a eu lieu, impliquant des interrogatoires et des exécutions liées à des porte-à-porte basées uniquement sur l'identité sectaire. Ces massacres ont fait plus d'un millier de morts et ont impliqué les forces gouvernementales syriennes et les milices alliées. Al-Sharaa a nié toute responsabilité directe et a blâmé les restes du régime d'Assad, mais des groupes de défense des droits de l'homme ont impliqué les forces qui lui sont fidèles dans les violences. Des vidéos ont fait surface montrant du personnel du ministère de la Défense se livrant à des opérations de meurtre sectaire.
- La Commission américaine sur la liberté religieuse internationale a fait état de persécutions religieuses en cours de la part des forces fidèles à Hay'at Tahrir al-Sham(HTS), qu'al-Sharaa commandait autrefois. Les persécutions contre les Alaouites, les Druzes, les musulmans chiites et les chrétiens ont inclus des massacres, des enlèvements, des intimidations et des pillages par des milices islamistes affiliées au nouveau gouvernement syrien.
- Malgré les promesses du gouvernement d'al-Sharaa de protéger les minorités religieuses, les preuves indiquent que la violence et la discrimination se poursuivent. Les populations chrétiennes et druzes rapportent avoir peur et souffrir sous le nouveau régime, qui conserve des éléments militants associés à des désignations terroristes.
- Des organisations de défense des droits humains telles qu'Amnesty International ont appelé à des enquêtes approfondies sur les meurtres de civils et les violations des droits humains sous le gouvernement d'al-Sharaa.
Ces preuves montrent que la situation des minorités religieuses sous le régime d'Ahmed al-Sharaa est précaire, avec d'importants rapports de violence sectaire et de persécution parallèlement aux dénégations officielles ou aux demandes reconventionnelles du gouvernement. Et pourtant, le gouvernement américain s'est aligné sur ce couperet.
Sur la base de ce précédent, ce n'est pas un grand saut que de poser la question : la CIA est-elle impliquée dans la création de la menace venant de Tren de Aragua afin de justifier un changement de régime au Venezuela ? Les preuves circonstancielles disent oui !
Première mention dans les médias d'information
La première mention documentée de Tren de Aragua dans les médias d'information américains apparaît dans un article de CNN du 9 juin 2024 intitulé « Tren de Aragua: Le gang vénézuélien infiltré aux États-Unis ». Ce rapport détaille les origines du gang dans une prison vénézuélienne, son expansion en Amérique du Sud et ses activités émergentes aux États-Unis, y compris plus de 70 affaires liées dans des documents d'application de la loi. Des mentions antérieures dans les médias internationaux (par exemple, au Pérou en 2018) existent, mais il s'agit de la première couverture importante axée sur les États-Unis, coïncidant avec les enquêtes fédérales sur ses opérations aux États-Unis. Faites attention à la date de 2018... Plus à ce sujet dans un instant.
Première mention dans une publication du gouvernement américain
L'Office of Foreign Assets Control (OFAC) du département américain du Trésor a mentionné pour la première fois officiellement Tren de Aragua le 10 juillet 2024, dans un communiqué de presse le sanctionnant comme une organisation criminelle transnationale. Le communiqué a mis en évidence son implication dans le trafic d'êtres humains, la traite, la violence sexiste, le blanchiment d'argent et le trafic de drogue dans l'hémisphère occidental, y compris aux États-Unis. Cela est antérieur aux actions ultérieures, telles que les références du DHS aux arrestations commençant en mai 2023 (notées rétrospectivement dans les rapports de 2025) et les désignations ultérieures en 2025.
Aucune opération de la CIA publiquement déclassifiée ou confirmée spécifiquement nommée dans le but de renverser le gouvernement de Nicolás Maduro n'existe dans les archives disponibles. Le gouvernement américain a toujours nié toute implication directe dans les tentatives de coup d'État ou les assassinats, qualifiant ces affirmations vénézuéliennes de catégoriquement fausses. Cependant, les reportages révèlent une initiative secrète de l'ère Trump, assistée par la CIA, visant à changer de régime par des perturbations non violentes, comme un piratage en 2019 du système de paie militaire du Venezuela pour semer le mécontentement parmi les troupes. Ce programme anonyme impliquait des débats internes de la CIA sur les ressources et l'alignement sur la politique américaine plus large, mais il n'a pas abouti à l'éviction de Maduro et reste partiellement classifié.
Celles-ci reflètent un schéma de tactiques de pression maximales américaines (sanctions, inculpations, cyber-opérations) depuis 2018, mais aucune opération de renversement de la CIA nommée n'a été reconnue ou déclassifiée. Maduro accuse fréquemment la CIA de complots pour justifier la répression, bien que les preuves manquent souvent. Avez-vous saisi la date dans la phrase précédente ? La pression maximale pour évincer Maduro a commencé en 2018, ce qui coïncide avec la première mention de Tren de Aragua dans la presse péruvienne en 2018. Hmmmm, juste une coïncidence ? Je sais d'après mon expérience antérieure qu'il est très probable que les actifs de la CIA aient été utilisés pour planter des histoires dans les médias, y compris les médias sociaux, pour construire un récit selon lequel Tren de Aragua est une menace pour les États-Unis qui justifie l'utilisation de la force militaire.
Est-il possible que Donald Trump ait signé une conclusion classifiée en 2018 qui autorisait un programme d'action secrète de la CIA pour écarter Nicholas Maduro du pouvoir et est-il probable que ce programme soit toujours en vigueur ? Je pense que oui. Qu'en pensez-vous ?
Larry C Johnson
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.