22/08/2025 reseauinternational.net  6min #288035

Venezuela : Le véritable objectif du Commandement Sud sur les côtes vénézuéliennes

par Resumen Latinoamericano

Le 8 août, le New York Times a révélé que le président des États-Unis, Donald Trump, avait signé en secret un ordre exécutif destiné au Pentagone l'autorisant à utiliser la force militaire contre les cartels de la drogue latino-américains qualifiés d'organisations terroristes étrangères.

Ce document est la mesure la plus agressive de son gouvernement en cette matière, car il autorise des opérations militaires directes aussi bien en mer qu'en territoire étranger sous prétexte de «combattre» le trafic de drogue. Cette décision marque une escalade évidente dans la politique unilatérale et l'ingérence de Washington dans la région.

À ce sujet, la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, a répondu que son gouvernement avait été informé qu'un ordre serait émis contre les cartels et que «les États-Unis ne vont pas venir au Mexique, avec des militaires. Nous coopérons, nous collaboration, mais il n'y aura pas d'invasion. Il n'en est pas question, absolument pas question».

Dans sa déclaration, elle reconnaît l'importance d'affronter le trafic de drogue, mais établit une limite légitime et claire en indiquant que toute opération doit s'effectuer dans le cadre de la coopération bilatérale et des accords en vigueur, pas dans celui des dictats criminels de Washington.

Ensuite, ce 18 août, Reuters a informé qu'apparemment, trois destructeurs étasuniens équipés de missiles guidé Aegis arriveraient sur les côtes, du Venezuela dans les 36 heures suivants : l'USS Gravely, l'USS Jason Dunham et l'USS Sampson, des bateaux de guerre conçus pour des scénarios d'affrontement stratégique plus que pour des travaux de police.

L'agence rapporte que des sources anonymes ont indiqué que cela faisait partie d'une «opération contre les cartels de la drogue latino-américains».

D'autres agences en complété le cadre en signalant que plus de 4000 fusiliers marins étaient déployés dans les eaux des Caraïbes et d'Amérique latine dans le cadre d'un repositionnement du Commandement Sud. Cette opération comprend un sous-marin d'attaque nucléaire et des avions de reconnaissance P8 Poseidon.

CNN ajoute qu'à cette opération s'ajoute le porte-hélicoptères USS Iwo Jima, le groupe amphibie prêt avec l'USS Fort Lauderdale et l'USS San Antonio, ainsi qu'un croiseur de missiles guidés.

Dans cette note, de hauts fonctionnaires du Pentagone ont précisé que pour l'instant, l'augmentation des troupes est «principalement une démonstration de force dont l'objectif est plus d'envoyer un message que d'indiquer l'intention de réaliser des attaques de précision contre les cartels».

Ce déploiement militaire, présenter comme une soi-disant «lutte contre les cartels», constitué en réalité, et en principe une projection de pouvoir, afin, politique, plus large. Derrière la façade de la «sécurité de l'hémisphère», se dessine un ordre du jour poussé par certains centres de pouvoir à Washington, qui poussent à une politique ouverte d'affrontement dans la région.

Mais cette recrudescence ne s'est pas faite de manière abrupte, mais peu à peu. Le véritable point d'inflexion s'est produit en mai après l'éclatement dans un groupe de messagerie sur signal du scandale de l'ancien conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz, un évènement qui a déclenché une réorganisation dans la direction de la sécurité de Washington.

À partir de cet épisode, Marco Rubio a été désigné comme conseiller à la sécurité nationale intérieure tout en exerçant la charge de secrétaire d'État. Cette dualité de fonction, qui rappelle le pouvoir concentré par Henry Kissinger dans les années 70, a donné à Rubio une gamme d'actions sans précédent en matière de sécurité et de politique étrangère, ce qui renforce un virage plus agressif et centralisé dans l'ordre du jour des États-Unis envers l'Amérique latine.

Le conseiller à la sécurité nationale est la personne qui coordonne toutes les agences de sécurité et de défense des États-Unis, en plus de coordonner les recommandations stratégiques que reçoit le président, c'est-à-dire que Rubio influe non seulement sur la diplomatie à partir du département d'État, mais oriente maintenant les priorités de l'armée et du renseignement.

Dans schéma, le conseiller devient le véritable filtre stratégique, capable d'orienter le président vers des décisions plus agressives, surtout quand des facteurs comme les pressions des secteurs militaires, le récit de la «guerre contre le terrorisme et le trafic de drogue» confluent.

Il se situe à une place privilégiée dans le gouvernement pour utiliser l'appareil de sécurité nationale comme outil de son propre ordre du jour politique, car Rubio a fait du problème des drogues un vecteur de la sécurité régionale.

Il faut souligner que le déploiement naval des États-Unis dans les Caraïbes se produit également après un épisode qui a représenté un coup politique pour Washington, et surtout pour Marco Rubio : la libération de 252, citoyens vénézuéliens emprisonnés aux Salvador.

Le rapatriement, obtenu par la gestion directe du président Nicolas Maduro et de son gouvernement, a été une victoire diplomatique qui a totalement humilié Rubio. Alors, ce mouvement militaire sous l'égide de l'ancien sénateur peut avoir un fond stratégique qui suggère que ces opérations remplissent trois fonctions principales :

Des opérations psychologiques : la présence de bateaux de guerre dans les eaux proches cherche à miner le moral et à influencer la prise de décision de Caracas, et envoie un signal de menace latente. Ce sont des manœuvres conçues pour intimider sans tirer un seul missile.

Une provocation calculée : en plaçant du matériel, militaire, près du Venezuela, Washington, élève les tensions et force, les gouvernements de la région à se prononcer, ce qui crée un climat de harcèlement et même poussera à un casus belli.

Une capacité d'action militaire réelle : bien que les fonctionnaires étasuniens insistent sur le fait qu'il s'agit d'une «démonstration de force», l'ordre exécutif de Trump permet des opérations militaires directes.

En somme, le déploiement des États-Unis a de multiples facettes et est délibérément ambigu : il combine la dissuasion, les pressions psychologiques et la préparation de la guerre avec un fond politique évident d'attaque du gouvernement vénézuélien.

Au-delà de la rhétorique anti-drogues qui se présente comme justification, ce qui est en marche, c'est une nouvelle conception du tableau régional sous l'empreinte de Rubio et des secteurs de pouvoir qui le soutiennent.

source :  Resumen Latinoamericano via  Bolivar Infos

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