10/11/2025 9 articles journal-neo.su  7min #295868

Kaja Kallas et l'érosion de la diplomatie européenne : pourquoi l'Ue a besoin d'un nouveau départ

 Ricardo Martins,

Autrefois saluée comme un symbole de renouveau, Kaja Kallas incarne désormais la fragilité diplomatique de l'Union européenne. Son leadership hésitant, son moralisme sélectif et son manque de stratégie risquent de réduire la politique étrangère européenne à de simples discours dans un monde régi par la puissance.

Dès sa nomination au poste de Haute Représentante et Vice-présidente, Kallas a été présentée comme un choix audacieux et symbolique. Le site de la  Commission européenne souligne ses missions : « renforcer la sécurité et la défense de l'Europe... développer une approche plus stratégique de notre voisinage, en travaillant étroitement sur les relations avec les pays candidats et le voisinage oriental. »

Mais sur le plan de la diplomatie et de la cohérence de son argumentation, son bilan montre déjà de nettes faiblesses. Kallas paraît mal préparée pour ce rôle exigeant, celui de façonner une politique étrangère européenne crédible sur la scène mondiale.

Faiblesses d'argumentation et incohérences

Lors de son audition de confirmation et dans ses déclarations suivantes, Kallas a répété que l'UE devait «  faire payer un prix plus élevé » à la Chine pour son soutien à la Russie, affirmant que « sans la Chine, la Russie ne pourrait pas poursuivre sa guerre avec la même intensité ».

Ce discours peut séduire certains publics, mais  il simplifie à l'extrême des réalités complexes sans proposer de stratégie claire ou détaillée. Par exemple, lorsqu'elle parle de la « concurrence déloyale » de la Chine, elle reste vague et ne cite ni mécanismes géoéconomiques précis ni outils institutionnels concrets.

 Kallas décrit souvent des alliances complexes - Russie, Chine, Iran, Corée du Nord - avec un ton alarmiste, utilisant des expressions comme « l'arme des interdépendances » ou « rival systémique ». Pourtant, elle n'explique jamais clairement comment l'UE entend agir collectivement. En diplomatie, la clarté est essentielle : de grandes déclarations peuvent attirer l'attention, mais sans plan concret ni soutien interne, elles donnent une image de faiblesse plutôt que de force.

Manque de poids diplomatique et d'influence réelle

Le rôle du Haut Représentant est de projeter la puissance et l'influence européennes, de s'asseoir aux grandes tables et de représenter l'UE comme un acteur mondial à part entière. En pratique, Kallas n'y parvient pas.

Lorsqu'elle a coprésidé  le dialogue stratégique UE-Chine le 2 juillet 2025, aux côtés du ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, l'agenda est resté flou : appels à la réciprocité, critiques du soutien chinois à la Russie et questions de droits humains.

 La Mission chinoise auprès de l'UE a aussitôt accusé Bruxelles - donc Kallas - de « biais idéologique et d'ignorance historique ». Autrement dit, au lieu d'influencer Pékin, l'UE laisse la Chine imposer son récit. Il semble que la diplomatie européenne se limite désormais à faire la leçon, fait qui n'est plus accepté au Sud global.

On rapporte aussi plusieurs humiliations diplomatiques, comme l'annulation d'une rencontre avec le secrétaire d'État américain Marco Rubio à son arrivée aux États-Unis. Ce genre d'incident montre que la principale diplomate de l'UE n'est pas traitée comme une égale par les grandes puissances, ce qui interroge sur la crédibilité internationale de l'Union.

Inexpérience, échelle et légitimité

Ancienne Première ministre de l'Estonie, un pays d'à peine 1,3 million d'habitants, comparable à une ville moyenne en Chine, Kallas ne possède pas l'envergure habituelle pour diriger la diplomatie européenne.

Son expérience nationale est réelle, mais passer d'un petit État à la scène mondiale demande d'autres compétences et réseaux.  Des diplomates européens notent qu'elle « agit comme une première ministre ».

À la fin de son mandat à Tallinn,  66 % des Estoniens souhaitaient sa démission. Ce rejet intérieur, sans être décisif, pèse sur sa légitimité internationale.

Style diplomatique et image publique

La diplomatie repose aussi sur le style : équilibre, maîtrise, message clair et sang-froid. Or, ses interventions publiques la montrent souvent hésitante, voire émotive, ce qui fragilise son autorité.

Dans une interview télévisée américaine (Face the Nation ), elle est apparue déstabilisée, exprimant une posture de victime plutôt que de leader affirmée. Son expression floue, ses arguments imprécis et son absence de message fort affaiblissent son image de dirigeante mondiale.

Diplomatie sélective et doubles standards

Kallas concentre presque toute son énergie sur l'Ukraine, tout en restant discrète sur d'autres crises, notamment le génocide à Gaza. Elle n'a pris aucune mesure concrète contre Israël malgré les accusations de crimes de guerre.

Cette approche peut s'expliquer politiquement, mais elle expose l'UE à l'accusation d'hypocrisie et de myopie stratégique : elle mine la crédibilité morale et l'influence douce de l'Europe.

Dans un monde multipolaire - du Moyen-Orient à l'Afrique -, une diplomate européenne doit avoir une vision globale, pas une obsession unique.

Le reflet d'un malaise plus large de l'UE

Au-delà du cas Kallas, c'est toute la diplomatie européenne qui s'essouffle. L'Union peine à parler d'une seule voix. Ses divisions internes rendent ses prises de position creuses. Sans actions concrètes, l'UE risque d'apparaître comme un géant bavard, mais sans force réelle.

Le problème dépasse donc Kallas : il traduit une faiblesse structurelle. L'Europe veut peser sur la scène mondiale, mais elle manque de réseaux solides, d'unité militaire, de capacité de renseignement et de poids diplomatique. Kallas a hérité d'un rôle difficile, mais elle n'a pas encore montré les qualités nécessaires pour le relever.

Pourquoi il faut envisager un remplacement

Si l'UE veut vraiment renforcer sa place dans le monde et rivaliser diplomatiquement avec la Chine, la Russie, l'Inde, les Émirats ou la Turquie, elle a besoin d'un responsable doté de trois atouts essentiels : des réseaux diplomatiques éprouvés, du poids aux grandes négociations et une capacité à créer des alliances solides et durables.

Après plus d'un an de mandat, Kallas ne montre aucun de ces trois éléments. Ses discours se veulent audacieux mais manquent d'une expression adéquate, tant dans la voix que dans le langage corporel, d'arguments solides et de stratégie. Ses apparitions révèlent l'incertitude plutôt que la confiance.

Les dirigeants européens devraient se demander si la continuité avec Kallas peut vraiment permettre à l'Union d'exister dans un monde de rapports de force, ou s'il faut une figure plus expérimentée, issue d'un grand État, pour redonner du souffle à la diplomatie européenne.

En résumé, Kallas n'est pas à la hauteur du poste. L'UE paie déjà le prix de cette faiblesse, entre slogans creux, incohérences et absence de résultats. L'échec à réagir face au génocide de Gaza, les revers diplomatiques et le manque d'influence dans les principales tables de négociation entament encore la crédibilité de l'Europe.

Pour une Union qui prétend « penser grand » dans un monde multipolaire, il est temps de repenser sa diplomatie et de trouver une direction plus forte et plus claire. Mais, connaissant un peu Bruxelles, il est probable que rien ne change : Kallas restera, et la politique étrangère européenne deviendra encore moins audacieuse et plus insignifiante.

Ricardo Martins - Docteur en sociologie, spécialiste des politiques européennes et internationales ainsi que de la géopolitique

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