Par Moon of Alabama - Le 29 novembre 2025
La politique de Trump en Amérique du Sud devient de plus en plus ridicule.
Hier, il a annoncé une grâce pour l'ancien président du Honduras, Juan Orlando Hernández, qui purge une peine de 45 ans pour s'être associé à des trafiquants de drogue qui auraient expédié 400 tonnes de cocaïne aux États-Unis. Il a également soutenu un candidat de droite, Nasry « Tito » Asfura, pour les élections de dimanche au Honduras. Asfura appartient au même parti que Hernández.
Il est peu probable ( archivé) que cela ait l'effet souhaité par Trump :
La réaction à la grâce de M. Trump au Honduras a été choquante, et beaucoup se sont demandé comment cela jouerait dans les élections de ce week-end."Cela suscitera évidemment le même puissant sentiment négatif observé lors des élections de 2021 qui a poussé Juan Orlando à quitter le pouvoir", selon Leonardo Pineda, un analyste hondurien, qui a déclaré qu'en liant le candidat conservateur, M. Asfura, à M. Hernández, M. Trump pourrait en fait nuire à ses chances de gagner.
Après avoir gracié un trafiquant de drogue condamné, Trump menace le Venezuela pour un trafic de drogue présumé pour lequel il n'y a aucune preuve.
Il y a une semaine, la Federal Aviation Administration (FAA) a émis un avis (NOTAM) pour le Venezuela :
L'alerte parle d'une « détérioration de la situation sécuritaire et d'une intensification de l'activité militaire au Venezuela ou dans les environs«.« Les menaces pourraient constituer un risque potentiel pour les aéronefs à toutes les altitudes, y compris pendant le survol, les phases d'arrivée et de départ du vol, et/ou les aéroports et les aéronefs au sol«, indique l'avis de la FAA.
L'avertissement concerne la région d'information de vol de Maiquetía, qui comprend l'espace aérien vénézuélien et certaines parties du sud des Caraïbes - telles que la Colombie, la Guyane, le Brésil et Trinidad.
Le Venezuela a réagi en révoquant les droits d'exploitation des compagnies aériennes qui suivaient cet avis.
Aujourd'hui, Trump a menacé explicitement tous les avions dans l'espace aérien vénézuélien :
Donald J. Trump @realDonaldTrump - 29 novembre 2025, 12: 43 UTCÀ toutes les Compagnies aériennes, Pilotes, Trafiquants de Drogue et Trafiquants d'Êtres humains, veuillez considérer QUE L'ESPACE AÉRIEN AU-DESSUS ET AUTOUR DU VENEZUELA EST ENTIÈREMENT FERMÉ. Merci de votre attention à ce sujet ! PRÉSIDENT DONALD J. TRUMP
Mais va-t-il le faire ? Ordonner à l'armée d'abattre des avions de passagers au hasard ?
Avant cela, Trump avait annoncé des opérations terrestres au Venezuela :
Le président Trump a suggéré jeudi que les États-Unis prendraient "très bientôt" des mesures contre les présumés trafiquants de drogue vénézuéliens à terre après des semaines de frappes répétées dans les eaux des Caraïbes."Ces dernières semaines, vous avez travaillé pour dissuader les trafiquants de drogue vénézuéliens, qui sont nombreux", a déclaré Trump au personnel militaire lors de ses remarques sur Thanksgiving. « Bien sûr, il n'y en a plus beaucoup qui arrivent par la mer."
"Vous avez probablement remarqué que les gens ne veulent pas livrer par voie maritime, et nous commencerons également à les arrêter par voie terrestre", a-t-il poursuivi.
"La terre est plus facile, mais cela va commencer très bientôt. Nous les avertissons : Arrêtez d'envoyer du poison dans notre pays", a ajouté Trump.
Cette menace est vide. Il n'y a pas vraiment d'option pour une opération militaire terrestre au Venezuela.
Toutes les affirmations de Trump sur le Venezuela, ses prétendus « gangs terroristes » et le trafic de drogue sont complètement fausses.
Il ne s'agit pas du tout de drogue mais de voler l'énorme réserve de pétrole de Venzuela :
"[Le pétrole] est au cœur du problème", a déclaré le président colombien Gustavo Petro à CNN dans une interview publiée mercredi."Donc, c'est une négociation sur le pétrole. Je crois que c'est la logique [du président] Trump. Il ne pense pas à la démocratisation du Venezuela, encore moins au narcotrafic", a ajouté le président sud-américain, sanctionné le mois dernier par l'administration Trump.
Il y a à peine une semaine, Trump a eu un appel téléphonique ( archivé) avec le président vénézuélien Nicolas Maduro au cours duquel il a vraisemblablement tenté de le pousser à démissionner :
Les États-Unis ont mis en place une présence militaire substantielle dans les Caraïbes visant le Venezuela. Les responsables de l'administration ont déclaré que leur objectif était de dissuader le trafic de drogue, mais ont également précisé qu'ils souhaitaient que M. Maduro soit démis du pouvoir, éventuellement par la force.Le New York Times a rapporté en octobre que M. Maduro avait offert aux États-Unis une participation importante dans les champs pétrolifères du pays, ainsi qu'une foule d'autres opportunités pour les entreprises américaines, dans le but de désamorcer les tensions. Mais M. Maduro a cherché à rester au pouvoir et les responsables américains ont interrompu ces discussions au début du mois dernier.
L'administration Trump a faussement affirmé ( archivé) que deux organisations criminelles au Venezuela, Tren de Aragua et le Cartel de los Soles, sont impliquées dans le trafic de drogue tout en étant contrôlées par le président Maduro:
Henrique Capriles, figure de l'opposition, ancien gouverneur et candidat à la présidence qui a été marginalisé ces dernières années, a déclaré dans une interview que si Tren de Aragua est un gang dangereux, l'idée qu'il était contrôlé par M. Maduro relève de la "science-fiction"....
En ce qui concerne le Tren de Aragua, les experts du commerce de la drogue soulignent qu'il est originaire d'une prison de l'État vénézuélien d'Aragua et que les agences de renseignement américaines ont diffusé en février des conclusions selon lesquelles le gang n'était pas contrôlé par le gouvernement vénézuélien. Son chef serait Hector Rusthenford Guerrero Flores, qui s'est échappé de la prison.
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Aucune preuve n'a été trouvée que Tren de Aragua est engagé dans un trafic de drogue transfrontalier, selon Insight Crime, un groupe de recherche axé sur le crime organisé.
Lorsqu'un véritable trafic de drogue a eu lieu au Venezuela, il était dirigé et contrôlé par la CIA :
Les experts qui ont analysé le trafic de drogue vénézuélien pendant des décennies disent que le Cartel de los Soles n'est pas une organisation littérale, mais un raccourci pour le trafic de drogue dans les forces armées. Ce phénomène n'est pas unique au Venezuela, affligeant les pays démocratiques et autoritaires des Amériques....
Les origines de l'utilisation du terme Cartel de los Soles pour décrire les activités militaires illicites remontent à une époque bien antérieure à l'accession de M. Maduro à la présidence en 2013. Le terme a gagné du terrain après un scandale datant de 1993 lorsque la CIA a travaillé avec l'armée vénézuélienne pour envoyer une tonne de cocaïne aux États-Unis dans le but d'infiltrer les cartels colombiens.
Toute la politique de Trump en Amérique du Sud ne concerne pas la drogue ou le Venezuela, mais le contrôle des États-Unis sur tout le continent avec l'aide de dirigeants de droite locaux.
Pendant ce temps, l'armée américaine continue de frapper des pêcheurs au hasard près du Venezuela ( archivé) avec des drones et des missiles.
Le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, a donné l'ordre verbal de tuer quiconque survit à une première frappe ( archivé) :
Plus l'avion de surveillance américain suivait le bateau, plus les analystes du renseignement observant depuis les centres de commandement devenaient confiants que les 11 personnes à bord transportaient de la drogue.Le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a donné une directive orale, selon deux personnes ayant une connaissance directe de l'opération. « L'ordre était de tuer tout le monde«, a déclaré l'un d'eux.
...
Certains actuels et anciens responsables américains et experts du droit de la guerre ont déclaré que la campagne meurtrière du Pentagone - qui a tué plus de 80 personnes à ce jour - est illégale et pourrait exposer les personnes les plus directement impliquées à de futures poursuites.
Hegseth a révoqué l'avocat militaire le plus haut gradé du Commandement sud des États-Unis qui avait qualifié les frappes d'illégales :
Le JAG du Commandement Sud a spécifiquement exprimé sa préoccupation quant au fait que des frappes contre des personnes à bord de bateaux dans la mer des Caraïbes et dans l'est de l'océan Pacifique, que les responsables de l'administration appellent des "narco-terroristes", pourraient constituer des exécutions extrajudiciaires, ont indiqué les six sources, et donc exposer légalement les militaires impliqués dans les opérations....
Il y a eu d'autres signes de désaccord au sein de l'administration au sujet de ces frappes. Le chef du Commandement sud, l'amiral Alvin Holsey, prévoit de démissionner après moins d'un an à un poste qui dure généralement trois ans.
Holsey a annoncé en octobre qu'il partirait le mois prochain.
Onze personnes dans un bateau est d'ailleurs un signe certain qu'il ne s'agissait pas de trafiquants de drogue mais très probablement de migrants illégaux :
Des responsables actuels et anciens de l'armée américaine et de la DEA ont exprimé des doutes sur le fait que les 11 personnes à bord du premier navire étaient complices du trafic.Le bateau en question, un bateau rapide à quatre moteurs, est courant dans la région et serait généralement dirigé par un petit équipage ; peut-être un mécanicien, un chauffeur ou deux, et une autre personne axée sur la sécurité, a déclaré un responsable de la DEA.
Plus de personnes à bord signifie moins de place pour la drogue à vendre, a expliqué le responsable.
Je doute beaucoup que Trump ordonne des frappes militaires contre le Venezuela. Il y a de fortes chances qu'une telle opération se termine dans un bourbier. Cela réduirait les chances de succès de toute autre politique qu'il pourrait souhaiter avoir.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.