par Caitlin Johnstone
Le président Trump s'est entretenu cette semaine avec ses principaux conseillers au sujet d'éventuelles attaques américaines contre le Venezuela, dans le but d'instaurer un changement de régime dans ce pays pétrolier.
Alors que la classe politique et médiatique occidentale présente le président vénézuélien Maduro comme un «dictateur» qu'il faut destituer d'urgence, il convient de noter que toute opération militaire américaine visant à le renverser irait à l'encontre de la volonté de l'opinion publique américaine. Un récent sondage de CBS News a révélé que 70% des Américains s'opposeraient à une intervention militaire américaine contre le Venezuela.
Nous avons donc ici le président d'une nation qui se prétend démocratique, qui organise des réunions pour planifier des opérations militaires totalement et sans ambiguïté contraires aux souhaits de l'électorat, au nom de la destitution d'un dictateur et de la diffusion de la liberté et de la démocratie.
Intéressant.
Trump Holds Talks With Top Advisers on Venezuela Amid Push Toward Regime Change War
The president reportedly told Maduro he must relinquish power during a recent phone call #Venezuela #Trump #Maduro t.co- Antiwar.com (@Antiwarcom) December 2, 2025
Chaque fois que je vois l'empire américain affirmer vouloir destituer le dernier «méchant officiel» du pouvoir afin de libérer une nation de la tyrannie, je me demande : qu'est-ce que la tyrannie ?
Est-ce de la tyrannie que de renverser systématiquement par la force des gouvernements étrangers dont les dirigeants désobéissent ?
Est-ce de la tyrannie que de quadriller la planète de centaines de bases militaires pour dominer l'humanité entière ?
Est-ce de la tyrannie que de perpétrer sans cesse des massacres militaires de masse, de soutenir des génocides, d'orchestrer des coups d'État à l'étranger, d'attiser les troubles et les soulèvements dans les pays étrangers, de s'ingérer dans les élections étrangères, de financer des conflits par procuration, d'imposer des blocus et des sanctions affamées aux populations civiles, et de jouer avec les nerfs de la guerre nucléaire pour dominer le monde ?
Est-ce de la tyrannie que de traiter tout le Sud global comme une source de revenus illimitée, d'où l'on peut extraire une main-d'œuvre et des ressources sans limites, et d'assassiner quiconque tente de s'opposer à ces pratiques par une quelconque revendication de souveraineté nationale ?
Car si c'est le cas, il est un peu absurde que les États-Unis prétendent libérer une nation de la tyrannie.
Un peu comme si un homme obèse morbide vous abordait en vous proposant de vous entraîner à perdre du poids.
C'est comme si Nick Fuentes donnait des ateliers de sensibilisation culturelle.
C'est comme si le tueur de Green River publiait un livre sur l'importance de combattre la masculinité toxique.
L'empire américain est la structure de pouvoir la plus tyrannique au monde, et de loin. Il n'y a pas de concurrent sérieux. Personne d'autre ne brutalise et ne terrorise la planète entière pour la soumettre à ses diktats. Aucune autre puissance n'attaque constamment un gouvernement ou une population, où que ce soit sur Terre, qui ne se plie pas à ses exigences. Seul l'empire américain peut être tenu pour coupable de cela.
Même si Maduro était réellement le pire dictateur au monde (ce qui est faux), même si cette volonté de changement de régime visait réellement à libérer le peuple vénézuélien (ce qui est faux), et même si l'on pouvait avancer des arguments convaincants selon lesquels un interventionnisme politique améliorerait probablement la situation des Vénézuéliens (ce qui est impossible), les États-Unis seraient le dernier gouvernement au monde à avoir le droit de s'y engager. La structure de pouvoir la plus tyrannique au monde n'a aucune légitimité pour tenter de libérer qui que ce soit de la tyrannie.
Si l'empire américain souhaite rendre le monde moins tyrannique, sa première et unique action devrait être de se démanteler.
source : Caitlin Johnstone