Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni vendredi et est tombé d'accord pour s'efforcer d'adopter une résolution imposant des sanctions contre le régime de Mouammar Kadhafi, dont entre autres des poursuites pour crimes contre l'humanité.
Ce projet évoque également des sanctions telles qu'un embargo sur les armes, un embargo sur les voyages du colonel Kadhafi et un gel de ses avoirs, selon ces diplomates. Le projet de résolution indique aussi que la Cour pénale internationale (CPI) devrait enquêter sur les violences dans le pays.
LE CONSEIL DOIT PRENDRE DES MESURES DECISIVES
Pour le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, le Conseil doit prendre des mesures décisives concernant la Libye.
"Une perte de temps signifie une perte de vies humaines", a-t-il dit devant le Conseil de sécurité. "Il est temps pour le Conseil de sécurité de considérer des mesures concrètes".
"Les heures et les jours qui viennent seront décisifs pour les Libyens et leur pays, avec des implications aussi importantes pour la région", a-t-il souligné.
"La violence doit cesser", a jugé le chef de l'ONU. "Ceux qui versent avec tant de brutalité le sang d'innocents doivent être punis", a-t-il ajouté, citant le chiffre de plus de 1.000 morts.
"Il y a des affrontements quotidiens dans au moins trois villes près de Tripoli", selon M. Ban. "Les gens ne peuvent pas quitter leur maison de peur d'être abattus par les forces gouvernementales ou les milices".
"Les partisans du colonel Kadhafi se seraient livrés à des recherches maison par maison. Selon certaines informations, ils seraient allés dans les hôpitaux pour tuer les opposants blessés", a-t-il encore indiqué.
"Il y a d'autres informations sur le meurtre de soldats qui refusaient de tirer sur leurs concitoyens", a relevé Ban Ki-moon.
Il a encore énuméré "des informations sur des tueries indiscriminées, d'arrestations arbitraires, de tirs sur des manifestants pacifiques, de détention et de torture de membres de l'opposition et de l'utilisation de mercenaires étrangers".
Le Conseil a terminé ses consultations sur la Libye vendredi et les reprendra samedi à 11H00 (16H00 GMT), selon un responsable onusien.
L'AMBASSADEUR DE LIBYE A L'ONU FAIT DEFECTION
Parallèlement, l'ambassadeur de Libye à l'ONU, Mohammed Shalgham, a fait défection, comme l'avait fait lundi son adjoint Ibrahim Dabbashi, a indiqué un diplomate sous le couvert de l'anonymat.
L'ambassadeur, qui jusque-là était resté loyal au colonel Kadhafi, a dénoncé devant le Conseil de sécurité les "exactions" commises dans son pays.
"S'il vous plaît, Nations unies, sauvez la Libye. Qu'il n'y ait pas d'effusion de sang, pas de tueries", a-t-il imploré. "Il est important pour nous, peuple libyen, que le Conseil de sécurité prenne maintenant une vraie décision pour arrêter l'effusion de sang".
WASHINGTON GELE LES AVOIRS DE KADHAFI
A Washington, le président américain Barack Obama a signé un décret présidentiel gelant les avoirs et bloquant les propriétés aux Etats-Unis du colonel Kadhafi et de
ses quatre fils.
Les Etats-Unis ont en outre annoncé la fermeture provisoire de son ambassade à Tripoli, faute de pouvoir assurer la sécurité de ses diplomates.
DES PLANS EUROPEENS POUR CONTROLER L'ESPACE AERIEN LIBYEN
L'Otan et l'Union européenne se sont concertées vendredi en Hongrie. L'UE est tombée d'accord pour décréter un embargo sur les ventes d'armes et de matériel de répression ainsi que pour geler les avoirs et interdire de visa Kadhafi et ses proches, selon des sources diplomatiques.
Les Européens préparent des "plans d'urgence" pour contrôler l'espace aérien libyen mais ils ont "d'abord besoin d'une résolution du Conseil de sécurité" l'y autorisant, selon un diplomate présent à la réunion.
LE FACE A FACE PERDURE
Le face à face perdurait samedi en Libye où la détermination des opposants à chasser Kadhafi du pouvoir ne faiblissait pas, celui-ci tenant toujours la capitale Tripoli.
Alors que la région orientale pétrolifère est aux mains de l'opposition qui met en place une nouvelle administration, des tirs ont de nouveau été entendus dans certains quartiers de Tripoli durant la nuit.
"L'électricité a été coupée (hier soir) et n'est pas revenue depuis", a déclaré un habitant joint par téléphone. "Nous étions terrifiés. Nous pensions qu'ils préparaient une attaque. Nous avons pris tout ce qui pouvait servir d'armes et nous avons gardé la porte de la maison", a-t-il ajouté.
Vendredi, les forces loyales au régime ont tiré vendredi sur des manifestants dans la capitale, faisant au moins deux morts dans le quartier populaire de Fachloum, selon un témoin.
"Ils tirent sur des civils sans armes qui sortent de la prière", a déclaré un habitant du quartier résidentiel de Ben Achour.
Rappelons que Kadhafi a pris la parole vendredi soir pour la première fois en public depuis le début la révolte, devant une foule de plusieurs centaines de partisans dans le centre de Tripoli.
"Nous allons nous battre et nous les vaincrons", a-t-il lancé. "S'il le faut, nous ouvrirons tous les dépôts d'armes pour armer tout le peuple", a-t-il menacé.