25/03/2011 info-palestine.net  5min #51166

 Syrie (vidéos)

Syrie : les manifestants imposent une série de réformes

Après de meurtrières manifestations, le gouvernement syrien envisager de mettre fin à l'état d'urgence et d'autoriser les partis politiques.

Al Jazeera

Daara, 23 mars2011 - Les manifestations ont tourné au drame après que les forces de répression aient assassiné plusieurs manifestants - Photo : Reuters

La Syrie « étudie » la possibilité de mettre fin à l'état ​​d'urgence en place depuis 1963 et d'autoriser les partis politiques, a déclaré un conseiller à la présidence après une semaine de manifestations meurtrières dans le sud du pays.

« Je suis heureuse de vous annoncer les décisions prises aujourd'hui par le parti Baas sous les auspices du président Bachar al-Assad... Ces mesures comprennent la possibilité de lever l'état d'urgence et d'autoriser les partis politiques, » a déclaré Buthaina Shaaban, conseillère en communication du président lors d'une conférence de presse jeudi.

La loi d'urgence en cours permet des arrestations sans mandat et des emprisonnements sans procès.

L'annonce est venue après une semaine de manifestations anti-gouvernementales dans la ville méridionale de Daraa, et qui ont fait de nombreux morts.

Peu de temps après que les promesses de réformes aient été faites, les prisonniers détenus dans la ville durant les manifestations ont été libérés. Il y avait également des informations faisant état d'ordres donnés par le président pour que l'armée se retire de Daraa.

Motee al-Batten, un habitant de Daraa, a déclaré à Al Jazeera que l'armée était toujours présente dans la ville jeudi soir mais que la situation était calme.

Il a dit également que la majorité a réagi positivement à l'annonce du bureau du président, mais que les gens de Daraa veulent avant tout savoir ce qu'il est advenu des personnes portées disparues et pourquoi ces gens ont été détenus ou ont été tués.

« Des mesures importantes »

Rula Amin, correspondant d'Al Jazeera dans la capitale syrienne de Damas, rapporte que beaucoup des mesures envisagées correspondent aux demandes des Syriens.

« Elle a annoncé une augmentation des salaires pour tous les travailleurs dans le secteur public ainsi que la mise en place d'une assurance maladie », dit-elle.

« Dire qu'il y aura une étude visant à lever la loi d'urgence est une étape importante, comme la promesse d'une nouvelle loi pour les médias pour accroître la transparence. »

« Mais cela suffira-t-il ? Je pense que pour certains, c'est un bon signe, tandis que d'autres voudront plus de mesures et à prendre immédiatement. »

Environ 20 000 Syriens manifestaient dans Daraa ce jeudi, exigeant la liberté. Défiant la répression des services de sécurité, les manifestants ont envahi les rues à l'occasion des funérailles de neuf manifestants tués la veille par la police.

Ces neuf personnes faisaient partie d'un total de 25 personnes abattues mercredi, selon des habitants.

Un témoin a déclaré à Al Jazeera que plus de 100 personnes auraient été tuées. Il a dit aussi que de nombreuses personnes sont portées disparues et que des corps ont été emportés des rues.

Le conseiller présidentiel a placé la responsabilité de l'agitation sur des éléments venus de l'extérieur. Shaaban a déclaré aux journalistes que 10 personnes ont été tuées mercredi dans ce qu'elle a qualifiée de tentative de s'attaquer à la Syrie parce que celle-ci soutient la résistance contre Israël.

« Ce qui est visé est la position de la Syrie, la sécurité de la Syrie et la capacité d'être un pilier de la résistance contre le sionisme et les États-Unis, » a-t-elle dit.

Elle a déclaré que le gouvernement syrien n'avait pas d'objection à des manifestations pacifiques, mais que des manifestants avaient attaqué les forces de sécurité dans Daraa.

« Les exigences de la population sont à l'étude jour et nuit et la Syrie sera le témoin de mesures importantes qui répondent aux ambitions de notre peuple », a-t-elle dit.

Militants arrêtés

Shaaban a encore déclaré que le président avait présidé une réunion du parti Baas [au pouvoir] au cours de laquelle les décisions ont été prises, notamment la garantie de la sécurité pour le peuple, et la création d'un comité supérieur pour analyser avec les habitants de Daraa ce qui s'était passé et sanctionner les responsables.

« S'il y a une demande légitime du peuple, les autorités la prendront alors au sérieux, mais si quelqu'un veut juste semer le trouble, alors c'est une autre histoire », a-t-elle averti.

Pendant ce temps, les États-Unis ont condamné ce qu'ils ont qualifié de répression brutale de manifestations par le gouvernement syrien, avec le meurtre de civils par les forces de sécurité [...]

Selon Amnesty International, au moins 93 personnes ont été arrêtées ce mois-ci, certaines pour leurs activités sur Internet, dans les villes de Damas, Alep, Banias, Daraa, Hama, Homs ainsi que dans d'autres villes.

Mazen Darwish, journaliste et militant, a été arrêté mercredi à Damas puis relâché jeudi soir.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme a également signalé l'arrestation du blogueur Ahmad Hadifa dans la capitale ce jeudi.

La répression du gouvernement a conduit à de sévères critiques venant des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France et de l'Organisation des Nations Unies.

Inspiré par la vague de manifestations pro-démocratie dans le monde arabe, les habitants ont organisé des manifestations à Daraa depuis la semaine dernière, d'autres sont prévues à travers le pays ce vendredi.

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