22/06/2011 ism-france.org  6min #54383

 « l'ouverture » de la frontière à Gaza : juste des mots ?

Les 10 raisons principales pour lesquelles l'ouverture de Rafah ne résout rien au siège de Gaza

Par Gaza Gateway
Gaza Gateway a été créé par  Gisha (Centre juridique israélien pour la liberté de circulation) pour fournir les dernières informations et des commentaires sur la situation aux passages frontaliers de la Bande de Gaza.

Sans ordre particulier d'importance, nous avons pensé que nous devions faire la liste des raisons pour lesquelles l'ouverture de Rafah, bien qu'importante et utile (1), ne répondent pas à tous les besoins de Gaza en terme d'accès et pourquoi, comme certaines voix (2) en Israël l'ont suggéré récemment, ce passage ne peut servir de seul point d'accès à Gaza. Malgré quatre jours de fermeture imprévue cette semaine, le passage a opéré pour le passage des voyageurs de manière plus régulière mais toujours semi-limitée.

Passage de Rafah, juin 2011 (Photo: Mohammed Azaiza, Gisha)

1. Le passage par Rafah reste limité. L'Egypte a indiqué qu'elle ouvrirait le passage six jours par semaine pendant les heures de travail, mais il semble que ce ne soit pas suffisant : entre 400 et 500 individus arrivent à passer le terminal par jour, depuis Gaza vers l'Egypte. De novembre 2005 à juin 2006, environ 660 (3) personnes par jour sortaient de la Bande de Gaza par Rafah et, selon l'Autorité palestinienne des passages, 10.000 personnes attendent actuellement de voyager.

2. La situation est instable. Comme l'indiquent les fermetures du passage la semaine dernière, la situation des deux côtés de Rafah reste instable, de telle sorte qu'on ne sait pas clairement si le passage restera ou non ouvert, ni exactement à quel point.

3. Rafah ne permet pas d'aller en Cisjordanie. La circulation des marchandises entre Gaza et la Cisjordanie reste très limitée, un problème que Rafah ne peut résoudre, puisque les produits et les détenteurs de papiers d'identité de Gaza ne sont pas autorisés à entrer en Cisjordanie, même par la route Egypte-Jordanie. La Cisjordanie et la Bande de Gaza font partie de la même enveloppe de douane et sont reconnues, y compris par Israël, comme une seule unité territoriale qui, en dépit de 4 années de fermeture hermétique, continue de partager une seule économie, un seul système éducatif, un seul système de santé et des liens familiaux et sociaux innombrables.

4. Les exportations ne passent pas par Rafah. Les exportations restent strictement limitées (environ 2 camions par jour, dont le dernier a quitté Gaza le 1er mai 2011, comparé à l'objectif de 400 camions par jour selon l'Accord sur la circulation et l'accès) et il n'y a actuellement aucune exportation par Rafah. Cela a un impact catastrophique sur les industries de la Bande de Gaza, qui vendaient ou exportaient leurs productions en Israël, en Cisjordanie et à l'étranger. Avant la fermeture, la grande majorité des exportations (5) de Gaza était vendue en Israël et en Cisjordanie.

5. Les matériaux de construction n'entrent pas par Rafah, mais seulement par Kerem Shalom (entre Israël et Gaza) pour des projets ayant obtenu une autorisation et menés par des organisations internationales, et suivant des procédures bureaucratiques extrêmement longues. Tous les mois depuis janvier 2011, environ 10% de ce qui entrait tous les mois avant juin 2007 est entré, pour ces projets spécifiques. Pour l'heure, les autorités égyptiennes n'ont pas indiqué si et quand elles autoriseraient l'entrée des matériaux de construction par Rafah.

 newsnet_54383_rafahcrossingjun2011.jpg Passage de Rafah, juin 2011 (Photo: Mohammed Azaiza, Gisha)

6. Il n'y a pas d'importation de marchandises par Rafah. Les importations achetaient par le secteur privé entre à Gaza par le passage israélien Kerem Shalom. Même si les autorités égyptiennes autorisent l'entrée des marchandises par Rafah (et il n'y a aucune indication qu'elles en aient l'intention, ni quand), le terminal et les routes d'accès ne sont pas équipés pour gérer le transfert de grandes quantités de marchandises, à l'échelle des besoins d'accès de la Bande.

7. L'aide humanitaire n'entre pas régulièrement par Rafah. L'aide entre à Gaza par le passage Kerem Shalom, entre Gaza et Israël. Actuellement, les autorités égyptiennes n'ont pas indiqué si et quand elles autoriseraient les convois d'aide humanitaire à passer par Rafah.

8. Les malades ayant besoin de traitement médical non disponible à Gaza ne peuvent pas toujours faire le long voyage vers les hôpitaux égyptiens. En tout cas, les hôpitaux palestiniens à Jérusalem Est et en Cisjordanie, qui font partie d'un système de soins de santé palestiniens commun, sont faits pour recevoir tous les habitants du territoire palestinien, y compris les résidents de Gaza.

9. Des rapports le prouvent : les restrictions d'accès aux passages entre Israël et Gaza (Kerem Shalom pour les marchandises, et Erez pour les gens) continuent d'avoir un impact grave sur le bien-être des résidents de la Bande. Hier, l'UNRWA a publié une étude (7) montrant des taux élevés de non-emploi, et l'Association des Agences de développement international a également constaté (8) combien les limites à l'entrée des matériaux de construction nuisaient au travail des organisations humanitaires et aux résidents de Gaza.

 newsnet_54383_rafahcrossing.jpg Passage de Rafah, juin 2011 (Photo: Mohammed Azaiza, Gisha)

10. Rafah ne conduit pas à la Cisjordanie et c'est un des points les plus importants.

[1]  gazagateway.org
[2]  haaretz.com
[3]  nytimes.com
[4] [5]  gisha.org
[6] [7] unrwa.org
[8] aidajerusalem.org
[9] Source :  Gaza Gateway

Traduction : MR pour ISM

 ism-france.org