Il y a parfois des moments de grâce médiatique, où tout d'un coup, la vérité se fait entendre, au milieu d'un tsunami de mensonges et d'approximations. Eh bien, un tel miracle s'est produit sur l'antenne de RMC, lors de l'émission Bourdin & co. L'animateur, Jean-Jacques Bourdin, attendait une opposante syrienne, Lama Atassi (présente au happening parisien de BHL, voir notre article Infosyrie était au meeting « pro-syrien » de BHL ) laquelle devait intervenir par téléphone. Las, Lama, pour une raison ou une autre, est indisponible et J.-J. Bourdin prend en ligne un autre intervenant, Stéphane, Syrien établi en France. Et là changement - involontaire - de programme : Stéphane, qui s'exprime en très bon français, et qui en a gros sur le coeur de la désinformation relative à son pays d'origine, va pendant près de huit minutes dire beaucoup de choses, rétablir beaucoup de vérités, mettre beaucoup de points sur les i. Ca commence par les « 500 000 manifestants anti-Bachar » de Hama dont se gargarise l'animateur : Stéphane, qui connait son sujet sur le bout des doigts - sa famille est originaire de Hama - fait remarquer que la ville et sa banlieue regroupant au maximum 500 000 personnes, il est mathématiquement impossible qu'une manifestation y réunisse le même chiffre de manifestants. Et de là, il passe en revue toutes les questions : les policiers qui sont tués par des extrémistes islamistes, lesquels menacent aussi, dans certaines villes comme Hama, les civils suspectés de tiédeur oppositionnelle. A une remarque de Bourdin sur l'emploi de l'armée à la place de la police, Stéphane répond par bon smash : « En France, on en est à envisager d'envoyer l'armée à Sevran, en Seine-Saint-Denis, parce que la police ne peut plus faire face à certains groupes violents«. Et Stéphane d'ajouter que dans n'importe quel pays, sous n'importe quel régime, on ne peut s'en prendre impunément à un représentant de l'ordre. Stéphane parle aussi des manifs d'une centaine d'opposants captées sur un portable et présentées ensuite comme des démonstrations de masse, quand les millions de personnes mobilisées pour le régime ou contre l'ingérence et le chaos ont à peine droit à une mention méprisante et minorante dans nos médias. Il conclut sur l'harmonie qui règne globalement en Syrie, quoiqu'on en dise sur RMC ou ailleurs.
Enfin, quand Bourdin risque un parallèle entre la Syrie, l'Egypte et la Tunisie, Stéphane a beau jeu de faire remarquer que les autocrates de ces deux derniers pays étaient dans les meilleurs termes avec les dirigeants français et occidentaux qui se sont accommodés de leurs abus pendant des années ; même topo en ce qui concerne l'Arabie Saoudite et d'autres monarchies du Golfe, où n'existe aucune liberté politique ou religieuse, mais qui ne font l'objet d'aucune campagne de dénigrement ou de déstabilisation, vu qu'elles sont de fidèles alliés de Washington. Et Bourdin est bien forcé d'acquiescer à cette évidence.
Il faut reconnaître d'ailleurs que l'animateur, un des plus pluralistes de la bande FM, a laissé l'intervenant s'exprimer, quand bien même il s'attendait à un tout autre son de cloche. La vérité se fait jour, par à coup et par hasard le plus souvent, mais elle émerge, d'un puit de propagande...