Mardi 5 juillet, le Nouvel Observateur a mis en ligne sur son site une interview de Molham Aldrobi, représentant des Frères musulmans et membre du comité directeur de la conférence d'Antalya - ville turque où se sont réunis les représentants de l'opposition radicale à Bachar al-Assad - et invité es-qualités à la réunion de lancement du SOS Syrie de BHL à Paris ( voir notre article Infosyrie était au meeting « pro-syrien » de BHL ).
On notera tout d'abord, sans s'en étonner plus que ça, le cynisme de BHL qui ouvre ses micros et son carnet d'adresse à des intégristes musulmans qu'il déteste et méprise mais qui peuvent lui servir de chair à canon dans son projet de mise à mal de l'unité et de la stabilité syriennes. Une attitude à rapprocher de celle de ses amis et inspirateurs néo-conservateurs américains, qui pourfendent dans des essais et des conférences l'islam radical, mais ont toujours su l'utiliser, de monarques saoudiens en insurgés libyens, de chiites irakiens en Tchétchènes salafistes, quand il servait leurs intérêts géostratégiques impériaux, voire pro-israéliens.
Drame de l'ignorance ?
Ensuite on s'amusera de lire que M. Aldrobi, tout en appelant au renversement du régime en place, proclame fièrement ce qu'il appelle les « quatre piliers stratégiques » de la révolution qu'il entend promouvoir, à savoir :
1) le pacifisme
2) le nationalisme
3) l'unité « nécessaire » de la Syrie
4) le refus d'une intervention militaire étrangère
Il serait temps - et charitable - qu'un des amis de Molham Aldrobi, un peu plus au fait que lui de ce que sont vraiment Bernard Henri Lévy et ses amis, lui dise que BHL est...
a) fort désireux d'une guerre civile, à l'intérieur de la Syrie, et d'une intervention militaire étrangère, du genre de celle qu'il a déclenchée, presqu'à lui tout seul, en Libye, l'essentiel étant pour lui et d'autres que la Syrie connaisse le sort de son voisin irakien, naguère puissance régionale et aujourd'hui nation divisée religieusement, ensanglantée quotidiennement et à moitié détruite économiquement.
b) fort hostile à toute forme de nationalisme arabe, qu'il considère comme une menace contre l'Etat d'Israël, foyer du seul nationalisme qu'il tolère, au Proche-Orient et dans le monde.
c) et qu'en ce qui concerne l'unité « nécessaire » de la Syrie, l'agent israélo-atlantiste qu'est BHL n'y est vraisemblablement pas plus attaché qu'à celle de la Libye ou de l'Irak, pays qu'il rêve de voir éclatés en « Montenegro » (ou Kosovo, ou Koweit, ou Sud Soudan), Etats croupions et inoffensifs inféodés au big boss américain.
Parlant du happening parisien de BHL où il était donc invité, M. Aldrobi dit que ce meeting « est organisé par des personnes qui veulent exprimer leur soutien au peuple syrien » et, ajoute-t-il, « nous apprécions cela«. Soyons sûrs que BHL, de son côté, apprécie des nationalistes arabes de l'acabit de Molham Aldrobi !