16/08/2011 alterinfo.net  3min #56390

 Soulèvement populaire au Royaume-uni

Quand les diplomaties occidentales choisissent la stratégie de la tension

Quand on veut déclencher une guerre, rien de tel que de faire croire qu'elle est inévitable et imminente. Les Etats-Unis et leurs amis européens avaient déjà utilisé cette mise en condition psychologique de leurs opinions pour préparer leurs interventions contre la Serbie et l'Irak. Et aujourd'hui on a un peu l'impression de vivre un « remake » de ces situations avec la Syrie. Ainsi on apprend que le gouvernement turc aurait, « avec l'aval des Etats-Unis », en fait de Barack Obama lui-même, donné jusqu'au 27 août à Bachar al-Assad pour en finir avec la répression et instaurer des réformes significatives. Selon le site Debkafile citant le quotidien turc Hurriyet, le n°1 syrien aurait reçu ces jours-ci, et suite aux six heures d'entretien de celui-ci avec le ministre turc des Affaires étrangères, le 9 août (voir notre article «  Syrie/Turquie ; six heures de mise à plat... », mis en ligne le 10 août) une lettre signée du président turc Abdullah Gul, lettre dans laquelle celui-ci expliquerait en substance que les Turcs avaient jusque-là été patients et même « amicaux » mais que si « le régime syrien n'écoute pas nos conseils, en tant qu'ami et voisin, et continue à tirer sur son peuple, nous ne pourrons plus être amis ».

Ankara a par ailleurs mobilisé, vendredi 12 août, des réservistes pour les envoyer sur la frontière syrienne, en principe pour « faire face à l'afflux de réfugiés » syriens - un afflux pourtant bien tari depuis juillet.

Le petit air français dans le grand orchestre américain

Il faut rester prudent, et noter que l'information sur l'ultimatum turc vient d'un site - Debka - israélien, relayé chez nous par le site néoconservateur Slate.fr. Mais enfin, cette lettre doit exister. Alors à quoi riment ces effets de manche verbaux et militaires ? Il semble qu'après la rencontre Assad-Davutoglu - qui a vu Bachar réaffirmer sa détermination et à poursuivre les réformes, et à lutter contre la subversion armée -, la Turquie n'ait pas renoncé à jouer les agents américains dans la région, en échange de quelles contreparties ? La question principale demeurant de savoir jusqu'à quel point elle est prête à jouer ce rôle. Quel intérêt pourrait justifier aux yeux d'Ankara un conflit aux conséquences incalculables mais certainement catastrophiques pour l'ensemble de la région ?

En tous cas, le régime turc joue objectivement sa petite partition au sein du grand orchestre euro-américain. Outre les menaces même plus voilées de Hillary Clinton sur l'urgence d'un changement de régime à Damas, la déclaration du ministre allemand des Affaires étrangères sur l'avenir compromis de Bachar al-Assad, on vient de voir le Premier ministre espagnol Zapatero proposer d'accueillir en Espagne Bachar et sa famille comme un vulgaire Ben Ali. Naturellement, la diplomatie des « néo-gaullistes » Sarkozy/Juppé n'est pas en reste : le Quai d'Orsay a bruyamment recommandé (une nouvelle fois), samedi 13 août, aux Français se trouvant en Syrie de quitter le pays. On connaît ce genre de recommandations et à quoi elles servent : trop de gens en place à Paris, Londres, Ankara ou Washington (on s'arrêtera là) jouent les pompiers pour mieux déclencher le grand incendie de leurs rêves, les sinistres en cours en Irak, Afghanistan et Libye ne leur suffisant manifestement pas. Ils ne ménagent pas leurs efforts, mais ils n'ont pas encore gagné.

Au fait, voici le bilan d'une journée - celle du lundi 15 août - dans l'Irak démocratisé par le Pentagone : 75 morts et plus de 300 blessés. C'est vraiment ce que veulent les Européens pour la Syrie ?

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