17/08/2011 humanite.fr  3min #56420

 16.000 policiers déployés à Londres pour réprimer la révolte des jeunes

Angleterre : Cameron dans la fuite en avant répressive et sécuritaire

Couverte de suie, une bâtisse éventrée attend son tour. Pelleteuses et bulldozer ont tourné à plein régime, ces derniers jours, à Tottenham, pour effacer toute trace des émeutes qui ont embrasé le quartier, puis tout le pays, après la mort de Mark Duggan, cet homme de 29 ans, père de quatre enfants, tué par la police le 6 août. Partout, des palissades masquent les dégâts. Au moins en apparence, le calme est revenu. Au prix d'un extravagant déploiement sécuritaire et répressif. Le premier ministre britannique, David Cameron, s'était engagé devant les communes, avec l'assentiment des travaillistes, à ne faire preuve d'aucune mansuétude avec les « criminels » à l'origine, selon lui, de ces émeutes. Il a tenu ses promesses. Caméras de vidéosurveillance, opérations de police et appels à la délation ont conduit à l'interpellation de 1700 personnes. Nuit et jour, les tribunaux ont vu défiler ces « criminels », à peine sortis de l'enfance pour la plupart. Les comparutions immédiates, la dureté des sentences, le ridicule de certaines charges, la brièveté des audiences ont dessiné le visage d'une justice expéditive. Pour exemple, à Manchester, une femme de 24 ans, mère de deux enfants, a été condamnée à cinq mois de prison pour avoir accepté des vêtements volés par quelqu'un d'autre durant les émeutes.

Dans un pays sous étroite surveillance policière depuis les attentats du 7 juillet 2005, cette explosion de violence dans les quartiers pauvres des grandes villes est l'occasion d'un nouveau tour de vis sécuritaire. Au point que David Cameron va s'attacher les services de Bill Bratton, ex-chef de la police de New York, Boston et Los Angeles. Avec l'objectif, selon le premier ministre, de mâter « les gangs » et de « mieux parler le langage de la tolérance zéro ». La décision n'est pas du goût de tous, même dans la hiérarchie policière, déjà passablement agacée par les critiques du gouvernement sur sa gestion de la crise.

Ces démonstrations sécuritaires s'accompagnent de promesses de double peine sociale, avec des menaces de suspension des aides sociales aux parents des fauteurs de trouble. Quand aux locataires de logements sociaux suspectés d'avoir pris part aux émeutes, David Cameron veut tout simplement les expulser. Autant de mesures populistes qui alimentent la polémique et les tensions jusque dans sa coalition. « Dans l'enceinte même de la chambre des Communes, plus d'un parlementaire a pillé, sans avoir jamais subi de sanction », s'indigne John Mc Donald, un député travailliste de gauche, dans une référence au scandale des notes de frais qui a durablement terni l'image des responsables politiques.

Même les libéraux démocrates, membres de la coalition au pouvoir, mettent en garde contre « des mesures hâtives ». « Nous voulons une société où chacun comprend et assume ses responsabilité. Cela signifie que nous devons cesser d'exonérer les riches de taxes tout en supprimant les aides à ceux qui en ont besoin », a affirmé, hier, Simon Hughes, un responsable des Lib dems's. Certains éditorialistes n'hésitent pas à dénoncer « l'hypocrisie » d'une élite politique démonétisée. Une élite refuse de voir la la profonde fracture sociale dont souffre le pays. « Ce que nous venons de vivre est l'aboutissement logique des politiques conduites, depuis Thatcher, par tous les gouvernements successifs, travaillistes compris, analyse John Mc Donald. Ces évènements sont le fruit de cette société profondément inégalitaire»

Rosa Moussaoui

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