06/09/2011 2 articles elcorreo.eu.org  7min #57083

 L'après-kadhafi : des appétits à satisfaire, une transition compliquée et des orages annoncés avec Alger

C'est une guerre Total, monsieur ! Pepe Escobar - El Correo

Appelez-la la guerre FOL ; la guerre R2P (pour « responsabilité de protéger », le pillage de l'Occcident) ; la guerre Air France ; la guerre Total ; de toutes façons, les FOL l'ont incroyablement bien vécu fanfaronnant pour leur victoire.

Le Grand Libérateur arabe, le Président néo-napoléonien Nicolas Sarkozy, jubilait, « Nous avons rejoint le peuple arabe dans son aspiration de liberté. » Bahreïnis, Saoudiens, Yéménites, sans parler des Tunisiens et des Egyptiens, ont chacun le droit de sentir déconcertés.

Sarko a ajouté, « Des douzaines des milliers de vies qu'ont été épargnées grâce a l' intervention. » Même les « rebelles » disent qu'il y a eu au moins 50 000 morts, et l'OTAN continue avec un bombardement sauvage.

L'émir du Qatar a reconnu au moins que Muammar Gaddafi en fuite n'aurait pas pu être renversé sans l'OTAN. Mais il a ajouté que la Ligue Arabe pourrait avoir fait plus ; en fait elle l'a fait - en fournissant un vote faux qui a ouvert la voie à la Résolution 1973 de l'ONU rédigée par les Etats-Unis, les anglais et les français.

Le Premier ministre provisoire du Conseil national transitionnel (CNT) Mahmoud Jibril affirmé, « Le monde a parié sur les Libyens et les Libyens ont montré leur courage et ont fait leur rêve réalié. » « Le Monde » signifie maintenant l'OTAN et un bouquet de Monarchies rétrogrades du Golfe persique. Quant au reste, fermez là.

Pourtant, le plus sinistre, clairement, doit avoir été le secrétaire général de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen ; « Nous n'avons aucun pour intervenir dans les conflits dans la région. » C'est alors est qu'est arrivé l'inévitable, « mais ». Rasmussen a ajouté, « Mais en général, je crois que cela devrait s'asseoir comme modèle. Nous avons démontré une capacité d'agir avec le soutien des Nations Unies et nous avons démontré une capacité d'inclure des partenaires à l'extérieur de l'OTAN dans de telles opérations  ».

L'Afrique et le Moyen-Orient, sans parler de la plupart du Sud du monde, vous avez été prévenus ; l'impérialisme humanitaire, sous la couverture de R2P, est la nouvelle loi sur la terre.

Sécurisation du butin

Des heures avant la boum de Paris, Libération quotidien française publiait sur son site Internet une lettre écrite seulement 17 jours après la Résolution 1973 de l'ONU. Dans cette lettre, le CNT ratifie un accord cédant pas moins de 35 % de la producation de pétrole brut total de la Libye à la France en échange du soutien « humanitaire » de Sarko.

La lettre est adressée au bureau de l'émir du Qatar (l'intermédiaire entre le CNT et la France depuis le début) - avec une copie à l' alors Secrétaire général de la Ligue Arabe, Amr Moussa. L'en-tête de la lettre est du Front populaire pour la Libération de la Libye.

La promesse correspond complètement à celle qu'un fonctionnaire d'une compagnie pétrolière de la Cyrenaica avait dite la semaine dernière - que les « vainqueurs » dans le filon de pétrole seraient les nations qui ont soutenu le CNT depuis le début.

Comme attendu, les démentis se sont accumulées. Le Quai d'Orsay - le Ministère des Affaires étrangères français- dit qu'il n'avait jamais entendu parler d'un tel document. Même chose pour Mansur al-Nasr, envoyé spécial de la CNT à la conférence de Paris. L'homme du CNT en Grande-Bretagne, Guma Al-Gamaty, a ajouté que tous les futurs contrats de pétrole seraient décernés « sur la base du mérite ». Et même le géant de l'énergie le Total devait s'en mêler ; son président directeur général, Christophe de Margerie, a juré qu'il n'avait jamais discuté contrats de pétrole avec le CNT.

Comme si Sarko et Total étaient des altruistes, des humanistes style Rousseau à qui n' a jamais effloré une petite idée sur 44 milliards de barils de pétrole. Total était été déjà à Benghazi pour discuter affaires avec le CNT déjà en juin dernier. Une amère intra-européenne « guerre du pétrole » entre Total et l'italienne ENI était déjà en cours.

ENI - est présente en Libye depuis 1959 - elle a déjà signé un accord avec le CNT pour revenir aux affaires et immédiatement fournir du combustible en Libye - en échange d'un futur paiement en pétrole. La charge de Total vise à protéger un beaucoup plus grand morceau du gâteau de l'énergie de la Libye qu'elle avait déjà - ainsi que dans les futurs contrats.

Se traîner vers l'Arabie 

C'est quasi-officiel. La Libye n'est plus en Afrique. Elle a été transférée (améliorée ?) en Arabie. Peut-être le Roi saoudien Abdullah l'a ordonné par décret et personne ne l'a remarqué. Les FOL n'incluent pas des Africains. L'Union Africaine (UA) a refusé de reconnaître le CNT ; il fera seulement quand un gouvernement légitime sera sur place.

Pendant que l'OTAN a pris la voie d'Air France - la libération depuis le haut, en classe d'affaires - l'UA a réclamé dès le début un cessez-le-feu et des négociations. Le FOL l'a ignore avec dédain.

Peut-être les Africains ont remarqué que la mission de l'OTAN « protéger les civils » maintenant inclut le bombardement de Syrte - où les projectiles intelligents visent soigneusement seulement les « mauvais » partisans de Khadhafi déguisé en civils, pendant que les bons s'enfuient indemnes.

Peut-être les Africains ont été les seuls à écouter la menace de l'ère du Viêt-Nam par Le membre du CNT Ali Tarhouni - très proche avec le Qatar - qui a dit, à propos du peu de villes et régions toujours fidèles à Gaddafi, « Quelque fois pour éviter un carnage vous devez verser du sang, et plus vite nous le faisons moins de sang sera répandu.  »

Peut-être les Africains étaient les seuls à remarquer l'ininterrompu et de plus en plus annoncé (pas par les médias commerciaux) nettoyage ethnique commis par les « rebelles » ; comme si personne ne savait que les gens de la Cyrénaïque ont historiquement un fort contentieux contre les Africains sous-sahariens.

Ou peut-être les Africains se rendent-ils compte de l'ordre du jour du FOL ; le nouveau statut libyen comme une colonie de L'Ouest à peine déguisée ; et la fable néo-Orwellienne de impérialisme humanitaire.

*  Pepe Escobar  auteur «  Globalistan : How the Globalized World is Dissolving into Liquid War » (Nimble Books, 2007) y «  Red Zone Blues : a snapshot of Baghdad during the surge ». Su último libro es «  Obama does Globalistan  » (Nimble Books, 2009).

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 Asia Times . China, 3 de septiembre de 2011.

Traduit de l'anglais pour  El Correo  par : Estelle et Carlos Debiasi

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