02/10/2011 info-palestine.net  4min #58011

 En punition, Abbas est privé de 200 millions d'aide par le Congrès Us

Un dirigeant du Fatah : les pays arabes compenseront le déficit si les Usa bloquent leur aide

Ma'an

Les pays arabes compenseront le déficit budgétaire si les États-Unis bloquent leur aide à l'Autorité palestinienne, a fait savoir un dirigeant du Fatah hier samedi.

Muhammad Shtayyeh a déclaré à Ma'an que les pays arabes et islamiques avaient promis de financer l'Autorité palestinienne si les États-Unis mettaient à exécution leurs menaces de réduire leur aide en raison de la candidature de la Palestine à une pleine adhésion aux Nations-Unies.

Le journal britannique The Independent a rapporté samedi que le  Congrès US avait gelé près de 200 millions de dollars d'aides à l'AP, en réponse à la demande du Président Mahmoud Abbas de rejoindre les Nations-Unies.

Shtayyeh rappelle que le Congrès US avait aussi décidé, il y a six semaines, de bloquer l'aide mais qu'il était « improbable » que Washington en reste à cette décision.

Mais, « si l'Administration américaine veut réduire les aides, alors c'est qu'à chaque session, le débat est différent », dit Shtayyeh, ajoutant qu'il était « incroyable » que les USA « puissent échanger des positions politiques contre de l'argent ».

« Il n'est pas croyable qu'un Parlement, quel qu'il soit, puisse imposer des sanctions à un peuple juste parce que ce peuple veut son autodétermination et son indépendance ».

Shtayyeh note que pendant que le Congrès US prenait cette décision de retirer son aide, Israël continuait de garder pour lui les recettes fiscales palestiniennes qui reviennent à l'AP.

« C'est très embarrassant pour les États-Unis » dit-il.

Un rapport du gouvernement israélien présenté au Comité de liaison Ad Hoc (bailleurs internationaux) en septembre exhortait la communauté internationale à poursuivre le financement de l'AP, avertissant qu'une crise financière en Cisjordanie serait amplifiée par une baisse de l'aide des donateurs.

Certains lobbyistes pro-israéliens ont eux aussi pressé Washington de ne pas couper les aides à l'AP, avertissant que ces sanctions pourraient miner la coopération sur la sécurité, financée par les USA, entre Israël et l'AP.

Shtayyeh souligne qu'une décision identique pour le boycott de l'AP avait été prise par le Congrès US en 2006 quand le Hamas avait gagné les élections, en dépit du consensus qui existait sur le caractère démocratique de l'élection.

Il indique que l'Administration US avait alors réussi à contourner le Congrès et continué d'envoyer l'argent à l'AP par le biais de canaux de financements de l'Irak dirigés vers le gouvernement de Cisjordanie.

En attendant, il s'attend à ce que l'Union européenne poursuive ses financements, car elle ne s'est pas « servie de l'argent pour faire chanter les Palestiniens ».

L'UE a annoncé samedi qu'elle transférerait 9,9 millions d'euros (environ 13,3 millions de dollars) à l'AP dès lundi, ce qui représente son troisième versement trimestriel au titre du programme de protection sociale du gouvernement (de Cisjordanie).

En annonçant cette contribution, et intervenant en tant que représentant de l'Union européenne, John Gatt-Rutter a dit que l'organisme européen « resterait un partenaire fiable surtout en cette période critique ».

Pour Shtayyeh, l'impact des sanctions US sur l'AP ne doit pas être surévalué, la plus grande partie des fonds étant allouée à des ONG et au secteur privé.

Mais le gouverneur de l'autorité monétaire palestinienne, Jihad al-Wazir, lui, déclarait à Reuters en septembre que le retrait de l'aide américaine aurait « un impact majeur sur la situation économique en Cisjordanie ».

« Vraiment, le risque d'un effondrement de l'Autorité palestinienne est très réel sous la contrainte financière, sans l'aide des donateurs en général », a-t-il déclaré lors d'un entretien en marge du Blouin Creative Leadership Summit (Sommet qui rassemble les leaders issus des domaines de la santé, de la politique et de l'art, New-York, fin septembre).

Si les États-Unis retiraient leur aide à l'AP, selon al-Wazir, il est peu probable que cette perte serait compensée par les autres pays donateurs.

« Je pense que ce serait très, très difficile à ce stade, parce que le soutien arabe n'a pas été aussi affable qu'il aurait dû l'être quand il s'agit de soutien financier » dit al-Wazir qui a charge de superviser les opérations tant pour la Cisjordanie que pour la bande de Gaza.

De hauts dirigeants de l'AP ont reproché le manque d'aide venant des États arabes face à la crise fiscale actuelle de l'AP. Au cours des trois derniers mois, à deux reprises, l'AP n'a pas pu payer à la date normale et intégralement les salaires de ses 150 000 employés.

Les responsables palestiniens et états-uniens sont actuellement entraînés dans une lutte diplomatique aux Nations-Unies avec la demande d'adhésion de la Palestine qui est en attente du vote du Conseil de Sécurité.

Washington a promis d'opposer son veto à la candidature, mais il se pourrait qu'il n'ait pas à l'utiliser si l'OLP ne parvient pas à s'assurer neuf voix sur les 15 membres du Conseil de Sécurité.

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